Une enquête du journaliste Pierre Rimbert (Monde diplomatique, mai 2017) met en avant comment (pour une partie) ce n'est plus les électeurs qui choisissent leurs candidats mais le contraire.
Son enquête met en évidence les méthodes pour aller draguer les électeurs. Base de données fines, recensement, recoupement, croisement... Certains partis politiques élaborent des programmes destinés à multiplier les voix. Pour ce faire, ils croisent les données sociales de la population. Les citoyens sont répertoriés en fonction de leurs comportements, de leur façon de vivre, de leur profession, etc.
A partir de ces groupes sociaux à plusieurs entrées, les partis créent leur petite cuisine en appliquant leur recette (obscure) : tel sujet pour les cadres, un autre pour les ouvriers, ou pour les chômeurs, etc. Madame Le Pen est la candidate qui a "couvert" le plus les agriculteurs, les ouvriers et les personnes âgées. Monsieur Macron est celui qui s'adresse principalement aux jeunes cadres (c'est tout ?).
En fin de parcours, la campagne électorale transpire de ces mélanges indigestes.
La confusion règne et la mayonnaise tombe.
En ce mardi, le discours de la veille de Marine Le Pen s'est dévoilé être un pur plagiat de celui de M. Fillon. Reprenant mot à mot l'ex-candidat, plus rien ne cache la mascarade. En sus, pour cette dernière semaine, quasiment toutes ses cartes sont rebattues. Sa volonté de recruter les dernières voix glisse dans l'incohérence.
Triste vision de cette élection présidentielle qui voit dans le duo ultime, un candidat donné gagnant avec des électeurs qui rejètent clairement sa politique, et un autre dans le déguisement total pour draguer large.
Catherine Jauffred

Et comment va le citoyen qui sommeille en vous ? Chaud patate ? Moux de raisin ? Est-il bouchonné ? L'avez-vous saoulé pour qu'il se réveille avec une si belle gueule de (langue) de bois ? Les élections qui galopent dans la mouise commencent à en débecter bien plus d'un, non ? Entre la promotion d'idées crasses soldées comme un remède (à quoi d'ailleurs on ne sait plus), les apparatchiks "rigolos" gonflés d'idées faussement alternatives ou progressistes vidées de leur contenu (il faut quand même pas exagérer), ou cet homme qui se dit représenter le "peuple" (c'est qui le peuple aujourd'hui ?) arqué sur de vieux combats reformatés 3.0 pour compatibilité (mais on sait très bien qu'on n'arrive plus jamais à faire fonctionner les vieux logiciels) et puis le reste, ces sérénissimes qui restent fermes dans leur volonté du non partage du gâteau (que même plus on en a envie tellement il est rance).... Voilà entre tout, ça faites vos choix ? Un des problèmes est qu'aucun homme ou aucun parti ne semble pouvoir renouveler ce système démocratique pantelant et qu'aucune de ces marionnettes n'est encline à tendre leurs mains pour agir réellement au service d'un pays. A quoi croient-ils en dehors de leur quête du pouvoir, centré sur leur propre personne ? Qui parmi eux serait prêt à mettre ses convictions au service d'un gouvernement qu'il ne dirigerait pas et à les confronter à la complexe réalité des forces agissantes, impossible à éradiquer en deux tours de magie ? Ailleurs le pouvoir s'imagine déjà autrement.
Loin de ces tribunes, des acteurs montrent d'autres exemples d'actions politiques.
De nombreux maires ruraux se disent travailler au sein de leur communauté, pour leur communauté, en dehors de toute foi politique. Entourés d'un conseil animé de différentes opinions, la seule garantie pour qu'un bon travail soit mené réside dans le partage d'objectifs, la conciliation, et le débat. Bien que s'affichant hors politique, ne sont-ils pas, en réalité, l'incarnation d'une plus "pure" politique et un exemple de démocratie ? Difficile de les imaginer sans conviction, sans vision alors que la majorité de leurs actions se situent principalement au service de la collectivité, qu'elles plaisent ou pas. Ces projets, au mieux, sont votés sur la base d'un pacte tacite où seule le désir de conviction sert à convaincre et à argumenter. Ne peut-on pas pactiser uniquement qu'avec son ennemi ?
Catherine Jauffred