L’histoire cathare filmée à Minerve
Bogres, une variante de bougres, signifiant hérétiques, est le titre du film documentaire de Frédo Valla dont une partie vient d’être tournée à Minerve.

Mardi premier mai, une équipe cinématographique italienne effectuait le tournage à Minerve d'un documentaire de 90 minutes pour la télévision italienne sur le catharisme : un film de Frédo Valla, fervent occitaniste en Italie et dont l'objet est une étude sur le phénomène cathare à travers toute l’Europe, de la dissidence à la structure de l’église cathare, de sa disparition due à la persécution jusqu’à la croisade, et l’inquisition. Jean-Louis Gasc accompagnait l’équipe de tournage en tant que conseiller historique. Minerve est un haut lieu du catharisme et un site emblématique. Refuge cathare au XIIIe siècle, c'est le site d'un premier grand bûcher de l’histoire cathare en 1210. Une partie du tournage s’est déroulée dans le village et une autre au musée Hurepel, le musée de figurines qui retrace l’épopée cathare. Une autre séquence était filmée dans l’atelier de l’artiste Jean-Luc Séverac. Le travail de ce dernier ayant toujours eu un rapport étroit avec le catharisme non pas en tant que religieux mais comme gardien de la mémoire philosophique. “Jean-Luc, par son engagement artistique, est le lien entre le monde d’aujourd’hui et celui du passé” explique Jean-Louis Gasc. Le film portera entre autres sur les lieux dans lesquels vivaient les cathares (Rhénanie, Occitanie, Italie…) et sur leur identité, chrétiens dissidents ou église alternative à l’église de Rome. Le scénario portera aussi sur leur ressemblance avec les Bogomiles, les temps de la paix, des controverses publiques entre cathares et catholiques, les femmes cathares, Saint Dominique, la croisade, etc. Le tournage se poursuit à Mirepoix puis à Montaillou, avec des thèmes différents. Il sortira en 2019 en Italie et sera diffusé dans un second temps sur une chaîne télévisée française.
Les orchidées sauvages du Minervois

PAS D’HISTOIRE SANS TÉMOIN
Le 8 mai 1945 célèbre la capitulation de l'Allemagne nazie et par conséquent la fin des combats à l'Ouest lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans le Pacifique, il faudra attendre le 2 septembre de la même année pour voir les Japonais capituler à leur tour, suite aux bombardements atomiques de Nagazaki et d'Hiroshima et de la déclaration de guerre de l'Union soviétique. Le temps passe inexorablement, et si tous les poilus ont définitivement quitté notre monde, il reste encore quelques témoins vivants de la Seconde Guerre mondiale. Cette semaine, Henri Miquel de Tourouzelle livre ses souvenirs de résistant, lui qui s'est engagé dans le bataillon Minervois sous le commandement du lieutenant colonel Bousquet. Si l'Histoire ne retient généralement que les grands événements, les dates emblématiques, les témoignages des hommes et des femmes qui l'ont vécu apportent une toute autre vision des conflits. Le manichéisme souvent de mise disparaît pour laisser entrevoir la réalité du quotidien, bien plus complexe et emmêlée qu'il n'y paraît. Ainsi, je me souviens de cet officier allemand qui a passé toute la guerre dans un village en Bretagne et qui a lié nombre d'amitiés avec les habitants. Au point que lorsque la guerre a été finie, cet homme et sa famille sont venus passer toutes leurs vacances dans ce même village. Ou encore l'histoire de ce soldat français caché pendant toute la guerre dans une ferme par des agriculteurs allemands. Ces histoires là, il y en a des milliers. Les manuels d'histoire ne racontent généralement pas cette guerre là. De la même manière, il faut se souvenir qu'il n'y avait pas beaucoup de résistants en France, que ceux qui allaient faire sauter les trains allemands étaient bien plus souvent des jeunes hommes avides de sensations fortes. La guerre a cela d'irréel que les gens ne savent plus vraiment pourquoi ils se battent au bout d'un certain temps. Cela devient une histoire de camp, une histoire où le camp d'en face représente le mal et le notre le bien. Les Français ont dynamité des convois allemands ? Ce sont des résistants, des héros. En Algérie, des hommes font de même avec les convois français à la fin des années 1950, ce sont des terroristes. Tout est question de point de vue. C'est pourquoi le recueil de témoignages a tellement d'importance, car il raconte une histoire dans l'Histoire et assume la subjectivité.
Comme le disait l'écrivain Jim Harrison, "il n'y a pas de vérité, il n'y a que des histoires".
Nicolas Faure