La Galerie Chouette expose le travail de la plasticienne Andrée Hudelle Préhu jusqu’au 30 juillet.

Née en 1948, originaire de Rieux, apparentée au capitaine Hudelle, son métier d’enseignante l’amène à voyager dans le cadre de la coopération. Son premier poste au Maroc en 1978, sera un tournant décisif dans sa prise de connaissance du tissage. « Au Maroc d’abord, j’ai travaillé la laine en métier traditionnel haute lice, utilisant à l’occasion le point noué ». L’approche du tissage est traité de façon contemporaine, avec une vision de femme libre de tout code graphique. Il est vrai qu’au Maroc, le tissage est une affaire de femmes. Mais par la suite « mon itinéraire me conduisant au sud du Sahara, j’ai continué à tisser en m’adaptant aux techniques d’Afrique de l’Ouest ; les possibilités du métier traditionnel dans cette région ont donné l’occasion de recherches modulaires, et l’absence de laine m’a poussée à utiliser la toile de jute comme matériau ». Le textile, notamment la toile de jute, matière pauvre par définition, est une de ses spécificités. Savamment découpé, déchiré, perforé et effiloché, teinté ou peint, il est ensuite collé pour donner un ensemble cohérent et construit, fluctuant entre une recherche monochrome ou polychrome. « La toile de jute n’est pas un matériau attirant, c’est un défi pour la plier à des projets plastiques ».
Andrée laisse aussi apparaître dans certaines de ses compositions, des éléments de trame plutôt lâches, qui évoquent la gravure. Ses compositions graphiques sont travaillées sur des formats essentiellement carrés. Les codes esthétiques sont respectés, la technique maîtrisée, dans des assemblages abstraits mais pas que. Certaines ont une inspiration ethnique, d’autres sont géométrisées, centrées sur la toile de fond comme un puzzle décoratif. Progressivement, les dernières créations, ont une composition plastique qui occupe tout le support, sorte d’éclatement du textile, naviguant entre des couleurs bleues, couleurs caressantes et des ocres qui nous invitent à survoler les régions arides du Sahara.
Et si cette abstraction apparente n’était que le reflet de 40 ans d’exploration, comme une carte vue du ciel, restituée par Andrée Hudelle Préhu, héritière de techniques ancestrales réinterprétées par une pensée de femme libre ?
Virginie Pospisil Puente
Galerie Chouette, 3, bis rue de la Charité. Ouvert du mercredi au dimanche de 15h à 20h. Lundi, mardi sur RDV au 07.78.47.32.45 – 06.13.51.66.46.