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Chronique au fil de l’eau : radouber vaut mieux que pétasser

7 avril 2021 By Redaction

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Quand le « fil de l’eau » vogue au fil de mots, chevalier, bouffon et arlequin croisent la Marie-Thérèse sur le trajet de son prochain périple d’authentique dernière barque de patron en partance pour la cale sèche de Castelnaudary.

C’est ce 3 avril dernier que la Marie-Thérèse a délaissé sa « Folie viticole », la cave du château de Ventenac, pour aller s’abandonner quelques temps dans les bras des charpentiers de marine au chantier naval de Castelnaudary. Cet événement pour notre vieille dame fatiguée, mémoire vivante de l’histoire de la vie fluviale sur le canal du Midi, nous donne ainsi l’occasion de nous pencher sur ces fameuses cales de radoub nécessaires à l’entretien et à la réparation des bateaux.

Un voyage de barques en barques

Comme nous l’avions décrit dans la première de nos chroniques, alors que le gigantesque chantier du canal de jonction des deux mers est loin d’être terminé, Pierre Paul Riquet s’attache déjà à faire construire des barques spécifiques pour naviguer sur « son » canal. Ces barques, de poste pour les passagers et de voiture pour les marchandises, prennent leur service complet, de Toulouse à Agde, dès l’inauguration du canal en 1681. Elles sont tirées par des attelages d’animaux de trait (chevaux, mulets) tractant depuis le chemin de halage. Mais à l’époque, par trajet il faut changer très régulièrement de barques car personne n’ose s’aventurer à leur faire franchir les doubles et triples écluses. Une quarantaine de bateaux sont donc nécessaires pour effectuer tout le parcours. Et pour réaliser une telle flottille il faut de disposer de lieux de construction, d’entretien et de réparations. Un contrat signé par Riquet en 1673 avec Pierre Roux, maître charpentier de marine, montre que plusieurs chantiers navals sont alors installés, notamment à Agde, Sallèles, Trèbes et Castelnaudary.

Bassin de radoub… pas qu’à Toulouse !

La cale de Radoub de Toulouse au chantier des Demoiselles où est née la barque la Marie-Thérèse © V. HERMAN 

Prévoyant des retenues d'eau en différents lieux stratégiques, Riquet aménage des bassins, dont celui très vaste de Castelnaudary avec ses 7 ha (et son île « brise lame » édifiée, elle, en 1754), où sur certains sites il est possible de concevoir des ports et des chantiers pour les barques, les construire mais aussi les « radouber ». Ce terme est utilisé depuis le XVIe siècle pour désigner une cale où l'on répare les navires et plus spécifiquement sa coque. Il est alors question de port de radoub, de travaux et de bassin de radoub ou encore de mettre son bateau au radoub. Pour les amateurs de joyeuses pagnoleries, sachez qu’à Marseille, Escartefigue passe son bateau au radoub pour rafraîchir sa peinture sous-marine. Ce sont les Anglais qui, au XVIIe siècle, élaborèrent la forme de radoub et son principe de bassin à refermer de façon mobile, pour en effectuer la vidange et mettre le navire à sec en posant sa quille ou son fond plat sur des blocs de bois. Le système à l’avantage de laisser travailler simultanément sur les deux flancs. L’arsenal de Rochefort sera le premier port français, en 1671, à posséder un tel agencement et Colbert parlera toujours de cette « forme à l’anglaise », qui en réalité ne se développera qu’à la fin du XVIIIe et au XIXe siècle. Ainsi donc il bien question de cale de radoub dans ces lieux où se répare les coques, que ce soit à Gailhousty (Sallèles-d’Aude) ou à Toulouse, au chantier des barques du Pont des Demoiselles, là où est née la Marie-Thérèse en 1855.

Bien réparer, parer ou juste pétasser

Pétassou le grand frère d'Arlequin qui inspira son costume, son masque et son bâton : gravure de Evariste Gherardi artiste du XVIIe siècle arrivé en France vers 1670 .

La signification de base de radouber est donc de réparer, cela peut être des vêtements, une toile de calèche ou encore la coque d’un navire et le radoubage quel qu’il soit est fait par un radoubeur. Ces termes ont la même origine étymologique : adouber qui signife garnir, armer, équiper, ce qui n’est pas sans rappeler le preux chevalier qui, au centre de la fameuse cérémonie d'adoubement, se voit consacré, signé par son seigneur qui, le reconnaissant dignement, le frappe du plat de l'épée sur la tête ou/et sur l’épaule. Mais radouber est aussi rapiécer, réparer avec des bouts de tissu, des pétasses, celles-là même qui constituent un bien étrange personnage du monde carnavalesque occitan : un bonhomme fait de lambeaux de hardes colorées, qui surgit des Cévennes à Albi et qui chaque printemps est jugé puis, responsable de tous les maux de l’hiver, passe sur le bûcher en fin de festivités de carnaval. Nous parlons ici de Pétassou, ce diable multicolore cachant son visage derrière un masque noir se servant d’un bâton pour prolonger ses mains et inquiéter les âmes des passants. Bouffon, Hellequin et Arlequin sont paraît-il ses frères ou ses enfants. Même habits bariolés, mêmes mimiques et grimaces. Bon rassurez-vous à Castelnaudary, notre Marie-Thérèse ne va pas être "adoubée" ni pourvue d’armes comme un chevalier pas plus qu’ornée de canons... Et il ne s’agira pas simplement de la rapiécer comme se pétasse un vieux pantalon troué. Non, elle va enlever son costume de Pierrot, ce fameux cocon blanc qui la protégeait, pour bénéficier de ce chantier important destiné à, dans un premier temps, réparer entièrement sa coque grâce au savoir-faire de professionnels.

Véronique Herman

Classé sous :Actualités Balisé avec :barque, cale sèche, Marie-Thérèse, Pétassou, radoub

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