Partager la publication "Chronique cinéma : Les choses humaines, scénario complexe sur un sujet délicat"
Réalisation : Yvan Attal
Durée : 2 h 18
Avec : Ben Attal, Suzanne Jouannet, Charlotte Gainsbourg, Matthieu Kassovitz
Un jeune homme est accusé d’avoir violé une jeune femme au lendemain d’une fête. Est-il coupable ou est-il innocent ? Le réalisateur a déclaré « Le roman venait de sortir. Le récit m’a bouleversé. J’étais ému par l’accusé – en qui je pouvais voir mon fils –, ému par la victime – en qui je pouvais voir ma fille -, je me suis totalement identifié aux parents des deux jeunes impliqués dans ce fait- divers ».Viol, agression sexuelle ? C’est la question telle que posée avec ses multiples ressorts. Pour amener le spectateur non pas à y répondre de manière très tangible mais à se forger une intime conviction, la même scène nous est présentée vue sous deux angles différents et opposés : l’accusé peut être coupable, peut-être pas et la victime, réelle, supposée, affabulatrice, exagératrice ou pas ? Le film sera divisé en trois parties Lui, elle et le procès. Nous allons donc savoir comment chacun avait perçu la soirée qui précède le drame, pourquoi elle estimait qu’il y avait eu viol et lui considérait qu’elle avait donné son consentement. Le sujet est contemporain, les personnages à multiples facettes. Alexandre est donc étudiant dans une grande université américaine. Lors d’un week-end à Paris, il rencontre Mila, la fille du nouveau compagnon de sa mère, qui l’accompagne à une soirée d’anciens étudiants. Le lendemain, la police débarque chez lui : Mila a déposé une plainte pour viol. Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé ? Leurs proches vont voir leur vie, leurs convictions et leurs certitudes voler en éclat mais… N’y a-t-il qu’une seule vérité ? si dans un premier temps, on prend instinctivement parti pour Mila, au fur et à mesure des doutes nous assaillent et on est assez perturbé quand arrive le procès qui sera le plus grand moment de ce film qui devient alors passionnant. Cela est du à la mise en scène où chaque personnage est filmé en se focalisant sur ce qu’il a à dire sans tenir compte de son environnement. Notre spectateur se sent alors membre du jury pour se faire sa propre opinion. Il ne va pas avoir la partie facile. Ajoutons que l’émotion n’est pas provoquée par les deux protagonistes mais par leurs parents, brisés, « qui s’aiment moi non plus » interprétés par Charlotte Gainsbourg et Matthieu Kassovitz.
Jean Segonne