Partager la publication "Chronique cinéma : Un fils du Sud, une vision plus qu’historique"
Réalisation : Barry Alexander Brown
Durée : 1h46
Avec : Lucas Till, Julia Ormond, Lex Scott Davis, Sharonne Lanier
C’est la vie de Bob Zellner. Au début des années 60, alors qu’il étudiait dans une université ouverte seulement aux étudiants blancs, il doit rendre un devoir sur les relations interraciales, ce qui le pousse à rencontrer Rosa Parks. à la suite de cette rencontre, il est exclu de l’université. Il s’engage alors dans le mouvement pour les droits civiques. Tout le long de sa vie, il va perpétuer son activisme aux côtés de plusieurs grandes figures comme John Lewis ou Ella Baker. Il va introduire un élément important : la solidarité multiraciale. En 2014, il fait partie de la liste des 17 légendes vivantes du mouvement des Noirs-Américains dressé par le TIME Magazine. Tout cela se situe dans le contexte des Freedom Rides, de manifestations non-violentes pour la défense des droits civiques des Afro-Américains qui se succédèrent aux États-Unis dans les années 60. Les manifestants dénonçaient les lois illégales de certains États qui appliquaient toujours la ségrégation, notamment dans les transports publics et les gares routières contrôlées par l’État, en dépit de son abolition par les lois fédérales. La loi finit par leur donner raison et les dernières actions ségrégationnistes dans les transports publics furent abolies. Ce succès marquera un tournant décisif dans l'opinion publique, qui aboutira finalement à la loi américaine sur le droit de vote en 1965, sous l'égide de Martin Luther King et du sénateur John Lewis. Le film trace une ligne de démarcation, celle de la liberté de choisir entre l’acceptation des normes sociales et sociétales et le combat pour ses propres convictions : celui de s'ériger quel qu’en soit le prix, contre la ségrégation. Le réalisateur prend le parti d’interpeller le spectateur en l’invitant à préférer l’action face à ce qu’il y a de plus violent dans nos sociétés pour ne pas laisser la main aux oppresseurs. Il fait passer son message par le récit d’un jeune activiste, petit-fils d’un membre du Ku Klux Klan, qui aurait pu faire le choix de ne pas s’opposer à sa famille. Ce faisant, il met en valeur une facette peu connue, celle de la force des figures féminines dans le mouvement de lutte pour les droits civiques des Noirs-Américains. Il est servi par des interprètes talentueux. Sharonne Lanier, dans le rôle de Rosa Parks, crève l’écran.
Jean Segonne