Partager la publication "Chronique toponymie, toponimia d’aquí : Villeneuve-Minervois, Vilanòva"
Mentions anciennes : Vila nova in Minerbesio 1259; Villanova 1351, 1377; Vilanova dels Canorgues XIVe s.; Vyla nova des Canonges 1536; Villeneuve Minervois 1390; Villeneuve-les-Chanoines 1814; Villeneuve-Minervois. (Sabarthès).
Au fil des siècles, le village a porté plusieurs noms: une charte de l'an 1102 et un acte de 1214 citent l'église de Saint Etienne de Clamos et «le vilaige de Clamos dict maintenant Villenove. Clamoux étant le nom de la rivière qui le traverse (Vilatges al País, canton de Peyriac-Minervois).
Le village au XIIIe siècle n'est cité que sous le nom de Villeneuve (Vilanova). Pendant la révolution, il portera le nom de Villeneuve cy-devant «les Chanoines» (abolition des privilèges), puis Villeneuve-les-Minervois pendant la Révolution et l'Empire. Le roi revenant, il devient officiellement Villeneuve-des-Chanoines. Au retour de l'Empereur: Villeneuve-les-Minervois, qui redevient après Waterloo, Villeneuve-les-Chanoines. En 1889, après l'établissement d'une municipalité républicaine, le village retrouve son nom actuel de Villeneuve-Minervois (Vilatges al País).
Au niveau toponymie, on s'accorde généralement pour dire que le terme «Bastide, Labastide» s'applique plutôt à une ville créée sur un terrain octroyé par un seigneur avec un acte fondateur (il existe des exceptions, bastides édifiées à partir d'un hameau existant ou extensions urbaines) ), alors que le terme de Villeneuve serait plutôt donné à une ville créée par un acte fondateur à partir d'un habitat pré-existant. Cela semble être le cas de Villeneuve-Minervois.
Sobiquets: Los Pòrta-gòrbs (porte hottes). Plus récemment los Trufaires (à la fois ramasseurs de truffes et moqueurs). En effet, Villeneuve est devenue haut lieu de la culture de la truffe (tuber melanosporum). Le ramassage de la truffe en truffières naturelles a connu un grand essor après la crise du phyloloxéra, puis un déclin fort avec les fermetures des terrains sur les friches. Dans les années 70, un syndicat se crée qui incite à la plantation de chênes ensemencés et des marchés mensuels très courus se tiennent à la saison.
En occitan, trufa negra o rabassa. Mais attention, dans le Massif central, si l'on vous convie a manger de trufas, pas d'illusion, aquò seràn de patanas (pommes de terre).
Proverbe:
Qun bona trufa planta, bona trufa aranca. Qui bonne patate plante, bonne patate arrache.
Mais aussi: Non i a pira trufa que las vertadièras (il n'y a pire moquerie que les vraies). Là, «trufa» désigne le badinage, la moquerie, du verbe se trufar, se moquer.
Cal pas que l'ola se trufa del topin. Il ne faut pas que la marmite se moque du pot.
Texte et photo Yves Séguier