Réalisation : Gabriel Le Bonin
Durée : 1 H 49
Avec : Lambert Wilson, Isabelle Carré, Olivier Gourmet, Catherine Mouchet.
Victime du coronavirus, comme cette chronique dans laquelle j’ai le plaisir de retrouver mes lecteurs, ce film a vu sa carrière interrompue après deux semaines d’exploitation. Repris le 22 juin le voilà, à quatre jours près, arrivé sur nos écrans 80 ans après le fameux appel du 18 du même mois. C'est sur une période très courte, mai- juin 1940, que ce situe l'action. La guerre s’intensifie, l’armée française s’effondre, les Allemands seront bientôt à Paris. La panique gagne le gouvernement qui envisage d’accepter la défaite. Un homme, Charles de Gaulle, fraîchement promu général, voit que la France est en train de s’effondrer et qu’il ne peut rien y faire et surtout qu’une partie de la classe politique est disponible pour accepter la défaite. «Plutôt Hitler que le Front populaire» n’hésitent pas à dire une partie du patronat, de la droite et l’extrême droite.
Le réalisateur montre de manière assez frappante combien une fraction des responsables politiques de cette France du printemps 1940 est prête à basculer vers l’Allemagne, à accepter l’Occupation et donc ce qui deviendra la collaboration avec sur le fond un antisémitisme au plus haut niveau de l’État. L’antisémitisme de Pétain est affirmé dès la deuxième scène. De Gaulle veut infléchir le cours de l’Histoire. Sa femme, Yvonne de Gaulle, est son premier soutien, mais très vite les événements les séparent. Yvonne et ses enfants se lancent sur les routes de l’exode. Charles rejoint Londres. Il veut faire entendre une autre voix : celle de la Résistance. Il y a plusieurs films en un dans «De Gaulle» : un sur la débâcle, un sur le début d’un destin, un sur une histoire d’amour. C’est une aventure extrêmement dynamique qui nous est ainsi contée n’omettant pas un aspect thriller haletant car au moment où il décide de partir à Londres, « le Général » devient un traître, un fugitif aux yeux des autorités françaises et il risque sa vie à tout moment.
Le spectateur est amené à se poser une question qui reste encore sans réponse : qu’est-ce qui peut pousser un homme, avec ses limites et ses forces, à faire un choix politique et personnel aussi incroyable ? Sans trouver la réponse, il se laisse emporter par le jeu magistral des acteurs dans la peinture de ce qui constitue une grande tragédie de notre Histoire.
Jean Segonne