Partager la publication "Déconfinement : une rentrée redoutée, l’académie et les syndicats en détaillent les conditions"
Le gouvernement délègue la responsabilité de l'organisation de la réouverture des écoles aux maires et aux enseignants.
Après la déclaration du Premier ministre, mardi 28 avril devant l'Assemblée nationale, beaucoup de questions restent encore sans réponses concernant l'organisation de la rentrée et la sécurité de tous. Edouard Philippe a confirmé la pré-rentrée pour les enseignants le lundi 11 mai. Les enfants seront accueillis dès le 12 mai, sur la base du volontariat. Ce choix s'oppose au conseil scientifique qui préconise la fermeture des écoles jusqu'en septembre (l'Association française de pédiatrie ambulatoire y est favorable, ndlr). Le gouvernement donne le choix aux parents, mais ceux qui seront dans l'obligation de retourner travailler ne l'auront pas (aux dernières informations, une activité partielle sera possible pour les parents ne pouvant faire garder leurs enfants, ndlr).
L'inspection académique de Montpellier a adressé un document destiné aux personnels accueillant des élèves dans le contexte d'épidémie due au Covid-19.
Il recommande l'utilisation d'un masque pour les enseignants et personnels non enseignants. Le nombre d’enfants par salle d’accueil devra être réduit à cinq maximum pour les enfants de 3 à 5 ans, et de huit à dix maximum pour les enfants de 6 à 16 ans. Chaque enfant aura sa place attitrée avec son nom sur la table. Le matériel personnel devra être apporté par l’élève (trousse équipée, cahiers etc.) et conservé ensuite dans son sac. Il ne devra pas être partagé. Durant les récréations, les distances de sécurité dans les jeux extérieurs devront être respectées, les jeux de contact seront interdits, ainsi que les jeux de ballon à main et tous ceux qui impliquent de se passer des objets. Chaque élève apportera son repas avec ses couverts et mangera à sa table dans la salle de classe.
Maires, enseignants et parents inquiets et démunis.
Selon des chefs d'établissement et enseignants du territoire qui souhaitent conserver l'anonymat, ils n'ont, depuis le début de la crise sanitaire, reçu aucune information officielle et ne savent pas encore comment ils pourront mettre en pratique les recommandations dans leur école, collège ou lycée. Comme à l'échelon national, les parents de l'école d'Olonzac se sont prononcés contre la réouverture. Certains enseignants, ne voyant pas comment assurer, ni la sécurité des enfants, ni la leur, ne souhaiteraient pas reprendre le chemin de l'école, mais se sentent contraints. Pour la CGT Educ'Action, académie de Montpellier, "rien n'est prêt pour éviter une seconde vague potentielle de l'épidémie"; pour leur part, la SNUDI FO 34 (Syndicat national unités des directeurs, instituteurs et professeurs des écoles Force Ouvrière de l’Hérault) et la SNUipp FSU 34, dans un communiqué diffusé mardi 28 avril, refusent la réouverture. Et dans un communiqué du 26 avril, Sud Education Hérault émet des doutes quant à la faisabilité de ces mesures : "Nous pensons que la réouverture des écoles, dans ces conditions, avec autant de précautions, ne permettra pas une reprise de l’enseignement et des apprentissages. Il ne s’agira que d’une garderie. Reprendre, en suivant toutes ces précautions, signifierait au mieux donner un jour de classe par semaine à nos élèves, donc huit jours de classe pour finir l’année scolaire. A défaut des garanties indispensables, Sud Education appellera les personnels à ne pas se rendre dans leur école ou établissement le 11 mai, dans le cadre de leur droit de retrait ou de leur droit de grève et les accompagnera dans leurs démarches."
Comment assurer une mission éducative ?
En effet, de nombreuses questions restent en suspens. Comment les enseignants pourront à la fois gérer les enfants présents et ceux en enseignement à distance ? Que feront les parents contraints de reprendre le travail de leurs enfants, lorsque ceux-là ne seront pas accueillis à l'école, a fortiori pour les fratries ? Qu'est-il prévu pour les enseignants faisant partie des personnes à risque, et pour leurs enfants ? Les maires deviennent responsables de la santé des enfants, de leur famille, des personnels, quels moyens leur donne-t-on pour l'assumer ? Lors d'une interview le 27 avril, Jean-François Saïsset, maire de Trausse et retraité de l'Education nationale, redoutait "une reprise avec des enfants pour qui la distanciation sera impossible à observer". Il précisait que "pour le moment, aucun avis officiel n'[était] parvenu à la mairie. Il vaudrait mieux manquer deux mois d'école et s' appuyer sur le travail à distance. Par ailleurs le centre du problème réside dans la garde des enfants pour libérer professionnellement les parents, mais en cas de reprise, qui risque l'infection ? Les parents ? Les nounous ? Les Atsem ? Les enseignants ? Les grands-parents ? Notre municipalité se tient prête à épauler l'équipe pédagogique mais préfèrerait laisser l'école fermée." Comment, dans ces conditions, les écoles pourront assumer leur mission éducative en toute sérénité, en toute sécurité ?
Lydie Rech
Plus d'informations : Solidaires (l'Union Syndicale dont fait partie Sud Education) a mis en place un numéro vert d'appui syndical pour tous les salariés, du public comme du privé, les chômeurs, les étudiants, les précaires, pour les accompagner et répondre aux questions portant sur "coronavirus et travail". 7j/7, de 9 heures à 19 heures, au 08.05.37.21.34 (appel gratuit).