La Semaine du Minervois

Hebdomadaire du territoire Minervois

  • Accueil
  • Nos sections
    • Tous les articles
    • Toutes les brèves
    • Toutes les humeurs d’Alfred
    • Tous les éditos
    • Toutes les unes
    • Toutes les pages Jeunesse
  • Nos points de vente
  • Nos annonces
    • Annonces légales
    • Petites annonces
    • Publicité
  • S’abonner
  • Soutenez le journal !
  • Qui sommes-nous ?
    • L’équipe
    • Correspondants
    • Écrivez !

Des mots et des actes : rencontre avec Jean-Pierre Pastre, poète et ancien maire de Félines

15 octobre 2021 By Redaction

Partager la publication "Des mots et des actes : rencontre avec Jean-Pierre Pastre, poète et ancien maire de Félines"

  • Facebook
  • Twitter

Un violon tsigane / Dans ma garrigue souvenir » écrivait-il. La nature du Minervois comme source d’inspiration en poésie… et en politique ? Peut-être bien…

Jean-Pierre Pastre évoque la poésie de la garrigue… Crédits : Meichelus

Le 25 janvier 2020, Jean-Pierre Pastre exprimait avec émotion ses derniers vœux après douze années de mandat. « Mon discours a été salué par une ovation debout. J’en suis fier… », confie-t-il. Il nous reçoit chez lui, dans la pièce qui était la cave de la maison familiale : à l’époque s’y trouvaient des fûts « puisqu’on faisait notre propre vin... ». L’endroit est empli d’un imaginaire essentiel, sans nostalgie aucune. En effet, né dans « la maison d’en face », rue Sardière à Félines, l’ancien maire du village s’était toujours promis de revenir « terminer là », sur le lieu de son enfance. Il en est très heureux. L’histoire l’intéresse, nourrit ses actions et, parfois, « quand je fais des bêtises, nous dit-il avec un sourire, l’histoire me rappelle que je suis issu d’une famille de petites gens »…

La poésie comme fil conducteur

Avant d’être homme politique, Jean-Pierre Pastre est poète. Dans son recueil intitulé Les loups mangeront les poètes (S.M.L. Béziers, collection Scriptura, 1992), il écrit ainsi : « Au-delà de mon idée / Du monde / Là où ma raison / S’égare / Il y a un parking / Pour les méchants / Des champs de tulipes / Noires / Pour les bien-pensants… » Ou encore : « Les yeux de mon chien / Mangent mon âme »… « Maintenant je peux m’acoquiner avec ma pensée complexe, révèle-t-il. Accepter mes moments de soleil, avec les mots qui les accompagnent, mais aussi les moments passés de l’autre côté du mur, un peu à l’ombre, où ne je suis pas tout à fait celui que je crois être, ou qu’on pense que je suis. Je crois que maintenant, je peux gérer cette dialectique. Ça ne veut pas dire que je sois apaisé, mais je sais qu’elle existe et j’essaie de trouver les formes qui ne produisent pas des excès. J’ai souvent été dans l’excès… ».

L’enchantement de la garrigue

L’imagination de l’auteur des Loups mangeront les poètes a sans nul doute été nourrie par la nature aux alentours de Félines : « Petit, j’allais avec mon grand-père ou mon grand-oncle garder les moutons, dans la montagne, et on m’a appris à parler patois… et siffler ! Car les chiens obéissaient quand on les sifflait ! Ah les odeurs de la garrigue quand le troupeau est passé sur les herbes, le thym, la frigoule, les pierres, gratte les genêts… Un enchantement ! C’était déjà une aventure poétique ! » Autodidacte, issu d’une famille modeste, Jean-Pierre Pastre a très tôt quitté l’école : « Je n’étais pas vraiment bon élève, et en rébellion… Il fallait que je travaille. Mon père devait assurer trois activités pour nourrir sa famille – il était ouvrier à l’usine, s’occupait de trois ou quatre petites vignes le soir, et vendait du gaz. Moi, j’étais l’aîné. Au sortir de l’école primaire de Félines, après le certificat d’études, je suis allé à Saint-Pons, où il y avait un lycée technique. J’ai eu une bourse pour faire 5ème, 4ème, 3ème. Mais ça m’a vite ennuyé. On m’a fait apprendre l’anglais… J’étais désemparé ! J’ai commencé à écrire de la poésie à ce moment-là. Le français était la seule matière où je me débrouillais... J’ai alors écrit des textes qui, peut-être, me permettaient d’obtenir une certaine reconnaissance dans cet établissement scolaire très dur… »

Félines-Paris… Et tout commence

« Après avoir passé un concours pour entrer en stage dans une école d’EDF, j’ai pu travailler comme technicien à EDF, et j’ai été engagé… à Paris. J’ai pris ma petite valise, le train à Carcassonne… J’avais alors 18 ans. Quel choc quand je suis arrivé là-bas ! Lorsque je suis descendu du train, gare de Lyon, j’ai vu les gens sortir du métro, ce monstre aux milliers de pattes, et je n’ai pas pu y aller. J’ai pris le bus et il m’a fallu la matinée pour me rendre de la gare à Clichy où je louais une petite chambre… Je suis resté à Paris jusqu’en 68, j’ai fait 68 là-haut. » Tout en s’engageant comme militant communiste, Jean-Pierre Pastre lit René Char, Aragon, Guillevic, qu’il affectionne toujours, et découvre Léo Ferré, qu’il a rencontré plusieurs fois. Le lien entre poésie et politique se forge peu à peu dans une vision : « Le monde est beau, et les humains, eux, ne sont pas toujours beaux… Mais essayons de leur donner les moyens de s’embellir ! Et quand même, la garrigue, les moutons, les odeurs, c’est un remède contre la barbarie ! Je me suis construit avec ça, et j’ai construit mes engagements politiques avec ça… Et aussi, bien sûr, avec les luttes sociales, ma connaissance du monde du travail, les outils, les moyens intellectuels que le parti communiste m’a donnés. Le parti communiste m’a formé… » Un parti dont il claque la porte en 1986, « dans la douleur » précise-t-il.

Paris-Félines en passant par Béziers

1989-1995, Béziers : Jean-Pierre Pastre est élu maire adjoint à la culture. Il impulse beaucoup notamment dans le cadre de la féria, mais après son mandat, fait face à un passage à vide. « Une déserrance, résume-t-il. J’ai vécu de très mauvais moments pendant quelques mois. On n’est que peu de choses… Tant qu’on est actifs, ça va, mais le jour où ça s’arrête, ne reste qu’une petite poignée d’amis ! Puis un jour, je vais à Félines chez mon frère Christian, qui avait déjà écrit deux ou trois livres. On se dit que ce serait bien qu’on fasse quelque chose dans le Minervois. Ce pays, on le lui devait… ». Ce sera le festival « Paroles d’amour », en 1998. Les habitants du Minervois se souviennent sûrement de cet événement culturel où la poétique tenait une bonne place. « Ce qui fait poésie pour moi, c’est l’émotion, les odeurs… Tout ce qui touche au ‘sentir’. Et la musique… En fait, ce qui m’intéresse dans la poésie, c’est la musique…». Puis en 2008, Jean-Pierre Pastre est élu maire de Félines. Un nouvel engagement pour honorer une promesse faite à sa mère : « À l’époque de ‘Paroles d’amour’, je venais voir mes parents à Félines, et les vieilles personnes qui étaient autour de ma mère qui, un jour, m’a dit : petit, ce village perd pied, maintenant que tu ne fais plus rien, tu pourrais essayer d’être maire ? Je le lui ai promis… » . Deux mandats plus tard, le village s’était redynamisé avec, entre autres, un axe permettant rencontres et découvertes : « J’ai commencé par proposer un projet de déambulation : la Voie douce. On part de la mairie pour aller au bout du village, en empruntant une voie alternative à la voiture, en passant par des endroits qui donnent du sens : l’épicerie, le foyer municipal, la caserne des pompiers, la bibliothèque… Puis on continue jusqu’aux logements sociaux, on les longe et on peut ensuite se rendre jusqu’au cimetière. Cette déambulation est peut-être un écho de mes souvenirs d’enfance des déambulations dans le village pendant la Fête-Dieu… Les sols étaient pavés de fleurs, on sortait, on se rencontrait après l’hiver… C’était plein de poésie ! »

Le retour aux sources

De Félines, Jean-Pierre Pastre dit que c’est un « village complexe parce qu’il était en même temps un village de viticulteurs et un village avec une classe ouvrière. Le sentiment d’appartenance à la classe ouvrière y était fort. Pendant des années, il y avait l’atelier Rouquier, avec des ouvriers de la métallurgie... Une classe ouvrière qui s’est reformée avec les meubles Mathieu. Aujourd’hui, ça a changé, mais l’imaginaire reste suspendu… ». L’imaginaire si présent dans ses poèmes : « La terre / est toujours aussi ronde / Mais ne tourne plus /… Dans le bon sens » écrivait-il en 1992. « À cet instant, on parle du côté ‘soleil’, souligne-t-il. Mais je ne suis pas dupe. Je sais que je n’ai pas fait que de bonnes choses, dans ma vie publique comme dans ma vie privée… Je le regrette… ».

L’entretien s’achève avec l’évocation de l’Afghanistan, « ça me désespère », et le projet éventuel d’un nouveau recueil de poésie ou d’écrits. « Mais je n’ai pas envie de dire ce que je pense aujourd’hui dans un texte qui serait publié, découvert… » Toutefois, quand on lui demande s’il imagine qu’un jour, « les loups mangeront les poètes », Jean-Pierre Pastre secoue la tête : «Jamais».

Anouk Journo

Jean-Pierre Pastre évoque la poésie de la garrigue… Crédits : Meichelus

Classé sous :Actualités Balisé avec :Félines, Jean-Pierre Pastre, maire, mairie, poésie, portrait

Coordonnées

La Semaine du Minervois
7 Bis, avenue de Homps
34210 – Olonzac
Tel: 04 68 27 86 86
Fax: 04 68 27 86 85
semaineduminervois@wanadoo.fr
Directrice de publication Lydie Rech
N° de Siret : 533 509 634 00010
Hébergeur: Ionos
7 Place de la Gare
57200 Sarreguemines
Tel : 09 70 80 89 11

Soutenez le journal !

Catégories d’articles

  • Actualités (1 135)
  • Brèves (914)
  • Chroniques d'Alfred (17)
  • Correspondants (1)
  • Edito (140)
  • Image à la une (44)
  • Jeunesse (39)
  • La Une de cette semaine (202)
  • Petites Annonces (18)

Archives du site par mois

  • tous en bio en occitanie
  • la une alternatif
  • la une de la Semaine du 15 mars
  • Femmes du Minervois

Copyright © 2022 La Semaine du Minervois