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Dimanche des Rameaux : le séminariste cesserassois, Ludovic Hernandez, appelle à un élan spirituel

5 avril 2020 By Redaction

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Ludovic Hernandez, Cesseras
Ludovic Hernandez, en cinquième année au séminaire Saint Cyprien de Toulouse et confiné en Minervois, dans la maison familiale de Cesseras.

INTERVIEW

Ludovic Hernandez a dû quitter son séminaire de Toulouse pour venir se confiner en famille à Cesseras, en Minervois. Ce jeune « apprenti curé » est nourri de philosophie et de théologie. Il  partage sa lecture de cette pandémie sur fond de crise sociale, économique et spirituelle et ses aspirations pour la vivre au mieux. Un temps offert pour poser des actes et des pensées.

Quelle première lecture fais-tu de cette crise sanitaire ?

Au sein du séminaire nous sommes formés au discernement, à l’écoute des personnes et à l’observation du monde. Il arrive que nous analysions et tentions d’expliquer le monde qui nous entoure pour mieux le comprendre et répondre à ses besoins, mais dans le cas de cette pandémie il serait un peu téméraire de se lancer dans une analyse à chaud. Ce qui est sûr c’est qu’une fois passée, cette pandémie nous aura révélé bien des choses sur notre humanité, notre vie sociale, économique, politique, et peut être même spirituelle. Cette crise nous emmènera, je l’espère, vers un autre regard de l’homme sur lui-même et sur le monde. Les crises, par définition, sont toujours alternées d’équilibres temporaires. Nous passons d’une crise à l’autre. En prenant un peu de distance, j’observe dans notre société deux réactions dissociées et paradoxales. L’état de stupéfaction ou d’insouciance. Les gens ne croient et ne perçoivent pas la réalité qui les entoure, c’est un scénario de film pour eux. Il aura fallu 4-5 jours pour que cela devienne réel. L’autre réaction est celle de la peur, voir même de la panique. Les gens font des stocks de bouffe et se battent dans les supermarchés.

Qu’est-ce que cela dit de notre société ?

Au-delà de l’effet de masse et du retour des instincts un peu primitifs de l’homme, je crois qu’il y a plusieurs raisons majeures à ces réactions et à la crise que nous traversons. Notre société prône de plus en plus un individualisme quasi « totalitaire », la consommation de masse, faisant de l’homme un consommateur avant d’être une personne, anesthésie nos consciences et produit une société infantile, voire adolescente. Internet et le virtuel désincarne l’homme et notre société, annihilant notre corporéité qui nous permet l’accès au réel. Tous ses choses nous ont fait rentrer dans une société du divertissement où toute contrainte doit être abolie. C’est la société du bien-être et de l’invulnérabilité de l’humain. Alors nous évacuons toute réflexion sur l’origine de la vie, sur la mort et la souffrance, tout en voulant avoir un pouvoir dessus (PMA, GPA, euthanasie). Quand nous pensons écologie, nous excluons l’humain. Nous sommes devenus les nouveaux dieux à qui tout est accessible. On va jusqu’à imaginer l’homme augmenté, rechercher l’éternité. Alors lorsqu’un virus mortel, une cellule microscopique et invisible à nos yeux, s’installe au sein de notre société, c’est un électrochoc et le retour au réel est dur et vient remettre en cause toutes les certitudes et sentiments de puissance. Que Dieu nous en garde, mais lors de la famine de 1317 et la peste noire de 1348, un tiers de la population européenne a été décimé, ce qui a suscité un changement de regard de l’homme sur sa mort et donc sur sa vie, comme en témoignent les motifs artistiques des danses macabres. Concernant cette période, l’historien Philippe Ariès parle de la mort apprivoisée. Aujourd’hui, je crois qu’il est urgent de reprendre à nos frais les questions existentielles et de retrouver le sens de notre humanité.

Comment retrouver le sens de notre humanité ?

Je partirais d’une réalité paradoxale. Depuis quelques jours, les Français se retrouvent à leurs fenêtres à 20h pour remercier les soignants et par cet acte font société, alors qu’en même temps nous nous appliquons la règle de la distanciation sociale. C’est étonnant de voir comment cette mise à distance des uns et des autres nous révèle en même temps notre besoin de former un corps social. La nature profonde de l’homme comme être relationnel et de don ressort dans l’adversité malgré notre société hyper individualiste. Ce réveil peut être un magnifique point de départ pour retrouver le sens de notre humanité. Il est important que nous prenions conscience de notre interdépendance au sein du corps social car, comme le dit Saint Paul : « Nous formons tous un seul corps, si un membre souffre, tous souffrent ». Cela fait alors bouger le curseur de nos priorités du bien-être individuel vers le bien commun et le bien de l’autre, cet autre que moi, qu’il me faut accueillir comme une partie de moi.

Beaucoup aspirent à changer, pouvons-nous espérer créer un autre avenir ?

Je porte un regard bienveillant, je vois aussi qu’il se passe plein de belles et bonnes choses. On a de belles ressources humaines et des personnes avec des talents et du charisme pour construire ce monde. Le pape François nous invite à rendre notre monde domestique, c’est-à-dire de le transformer en une maison commune, une famille, donc construisons-le chacun à son échelle sans attendre tout des politiques. Commençons peut-être ce travail dans nos familles.

Et si tu avais des bonnes paroles à partager ?

Je pense à cette parole de Jésus, « rendre à César ce qui est à César ». Malgré nos désaccords avec nos dirigeants et leur gestion de la crise, apprenons à leur faire confiance et respectons les règles qui nous sont demandées. Le temps n’est pas à la critique mais à la docilité, cela pour le bien de tous. Je pense aussi au passage de la Genèse, quand Cain tue son frère Abel et que Dieu dit : « Cain qu’as-tu fait de ton frère ? ». Dans les gestes, les attitudes que nous posons, sommes-nous vraiment les gardiens de nos frères ? Est-ce que mon frère est un trésor ? Et, au-delà de cette crise, est ce que je regarde l’autre comme mon frère ? Comment vivre cette période Comment transformer ce moment difficile et en sortir quelque chose de positif pour chacun ?

Le vivre spirituellement et profondément. Au-delà de la tragédie sanitaire de cette pandémie, ce confinement pourrait être vécu comme un temps de grâce qui nous est offert. Pour beaucoup d’entre nous, le travail, les activités et l’économie se sont arrêtés ou réduits. Le sentiment d’urgence et de course contre la montre qui nous habite normalement a disparu. L’urgent ne l’est plus, faisant de ce temps qui nous est offert une occasion pour redéfinir les véritables urgences. Par exemple, comment vivre la famille autrement ? La famille est la cellule originelle de la vie sociale. Et si ça se passe bien dans nos familles, il y a plus de chance que ça se passe bien dans la société. C’est aussi le moment de repenser peut-être l’éducation des enfants, en redonnant une place à la gestion de leurs émotions, en renforçant les liens de fraternité, mais aussi les liens intergénérationnels en prenant soin de nos grands-parents. Nous nous posons souvent la question de l’origine du mal, mais la vraie réponse au mal c’est de poser des gestes bons et beaux. Retrouvons la joie de poser des actes volontairement bons. On peut aussi faire des choses que l’on ne prend jamais le temps de faire, comme écrire une lettre à quelqu’un qu’on ne voit pas beaucoup. J’invite à se connecter autrement au monde et à réduire sa consommation des informations en continu qui ne font qu’augmenter l’angoisse. Prendre la mesure de la valeur du temps, le recevoir comme un don. Réapprendre à grandir en prenant le temps de faire les choses. On peut innover, apprendre une langue… Il n’est pas interdit de se plonger ou replonger dans la lecture de la bible.

Inquiet ?

Plutôt soucieux des personnes qui sont dans l’épreuve mais j’accepte le réel. Pas d’inquiétude pour celui qui vit dans l’espérance de l’Evangile !

Propos recueillis par Catherine Jauffred pour le numéro de la Semaine du Minervois 1059. Article offert.

 Les rendez-vous religieux

Pour les chrétiens cela sera certainement la première fois de leur vie qu’ils seront privés de célébration dominicale et de la semaine sainte. La dernière fois que s’est arrivé, c’était durant la Révolution française. Mais même si les fidèles ne peuvent se rendre aux célébrations, la messe continue à être célébrée par des prêtres qui font preuves de créativité : Youtube, mail ou sites internet. Pessah, (pâque juive, du 8 avril au 16 avril) ainsi que le ramadan (du 23 avril au 23 mai) devront aussi s’organiser autrement.

Classé sous :Actualités Balisé avec :Covid-Minervois

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