Piégé : un thriller claustro qui voulait marquer les esprits… mais finit par tourner à vide
Entre huis clos étouffant et vengeance psychologique, _Piégé_ partait avec de sérieux atouts : un concept éprouvé, un casting de luxe avec Bill Skarsgård et Anthony Hopkins, et Sam Raimi à la production. Pourtant, malgré ce pedigree impressionnant, le film peine à convaincre, victime d’un scénario aussi confiné que sa mise en scène.
Un remake de plus pour le film culte argentin 4×4
Sorti en 2019, le film argentin _4×4_ a déjà connu plusieurs vies à l’international. Le principe : un voleur de voiture se retrouve enfermé dans l’habitacle du véhicule qu’il voulait dérober, à la merci d’un propriétaire sadique qui observe et contrôle tout à distance. Simple, efficace, dérangeant.
Avec _Piégé_, Hollywood s’empare à nouveau du concept, en l’américanisant et en boostant son casting. Aux commandes, le réalisateur David Yarovesky (vu sur _Brightburn_), et une production menée par Sam Raimi. Autant dire qu’on pouvait s’attendre à un choc psychologique à mi-chemin entre _Saw_, _Phone Game_ et _Buried_.
Bill Skarsgård en mode proie, Hopkins en voix glaçante
Le choix de confier le rôle principal à Bill Skarsgård (qu’on a déjà vu effrayant dans _Ça_) est plutôt pertinent : son physique étrange, son jeu entre peur contenue et rage explosive collent bien au rôle de victime piégée. En face, Anthony Hopkins prête sa voix au tortionnaire invisible, omniprésent sans jamais apparaître physiquement. Un duo conceptuel qui fonctionne… sur le papier.
Mais voilà : la tension promise ne tient pas la distance. Le script s’essouffle, et les révélations arrivent trop tard ou manquent de nerf. On attend un crescendo haletant, on obtient des redites et des monologues convenus.
Un concept fort, mais une exécution sans souffle
Le vrai problème de _Piégé_, c’est qu’il ne dépasse jamais l’effet d’annonce de son concept. Oui, l’idée d’un homme prisonnier dans une voiture devient rapidement étouffante. Mais passée la première demi-heure, l’intrigue patine. Les dialogues tournent en rond, les enjeux ne montent jamais réellement, et le personnage principal peine à évoluer.
Là où un film comme _Buried_ réussissait à maintenir une intensité dramatique dans un espace encore plus restreint (un cercueil), _Piégé_ échoue à surprendre. Même les passages censés choquer manquent de nerf, comme si la mise en scène n’osait jamais vraiment aller au bout de sa cruauté.
Sam Raimi à la production : un label qui n’immunise pas contre la mollesse
Quand on voit le nom de Sam Raimi sur un projet, on attend forcément une touche de folie, un goût du tordu, du viscéral. Mais ici, sa présence semble purement marketing. La mise en scène de Yarovesky reste très sage, les choix visuels sont convenus, et l’ambiance n’a rien du malaise psychologique profond que ce genre d’histoire mérite.
Même la musique et le sound design n’apportent que peu de tension réelle, là où tout aurait dû être construit autour de l’inconfort et de la peur sourde.
Une fable morale un peu trop appuyée
_ Piégé_ tente aussi de délivrer un message de fond sur la justice personnelle, la rédemption, la société du jugement… Mais là encore, le propos reste flou, parfois maladroit, souvent appuyé. La symbolique devient lourde, et l’on finit par décrocher d’un film qui semblait vouloir beaucoup dire, mais ne parvient qu’à effleurer ses idées.
Piégé avait le moteur, mais pas l’essence
Avec un casting solide, un concept efficace et un nom comme Sam Raimi derrière la caméra, _Piégé_ avait tout pour offrir un thriller psychologique nerveux et claustro. Mais en cours de route, le film s’enlise dans sa propre mécanique. Le rythme s’effondre, les dialogues fatiguent, et la promesse de tension se dilue dans une mise en scène trop sage.
Ce n’est pas un accident complet… mais c’est loin d’être un trajet inoubliable.