Le collectif “Les 111” est né à l’occasion du projet d’élargissement de la RD 610 entre Puichéric et La Redorte et de ses conséquences sur la destruction d’un alignement de 111 platanes. Il crée aujourd'hui un groupe local GNSA (Groupe national de surveillance des arbres).

Le GNSA est une association dont l’objectif est de surveiller la manière dont les arbres sont traités sur le territoire français. Et il y a fort à faire malgré le Code de l'environnement (voir encadré). Cette prise de conscience de l’intérêt de la conservation des arbres fait suite à une destruction systématique des allées d’arbres pendant une cinquantaine d’années. Cette loi est bafouée en permanence par intérêt, pour faire une route rapide qui “pardonne”, pour simplifier la mise en place d’infrastructures “modernes”, ou encore par une négligence coupable. Les 111 ont pu constater, lors de la réunion à laquelle ils étaient invités le 17 septembre dernier à l’Hôtel du Département, que la seule personne qui défendait réellement les platanes était la 2e vice-présidente Tamara Rivel ; c’est elle qui a proposé une ouverture permettant de leur laisser une chance pendant deux ans de plus…
Leur laisse-t-on une chance ?
Le chancre, cette maladie incurable, se propage à la vitesse de l’éclair… Et on a l’impression qu’on facilite la vie de ce champignon. Les blessures infligées à chaque arbre sont répétées lors de chaque entretien des bords de la route. Et rien ne permet de penser que ce traitement de faveur ne touche que la RD 610. Pourtant, lorsqu’on interroge les services du département, la réponse est : “Les personnes en charge de l’entretien sont sensibilisées, mais nous allons les re-sensibiliser”. Certains osent se demander ce qu’il se passerait s’ils n’avaient pas été sensibilisés ! On a déjà coupé plus d’une vingtaine d’arbres sur cet alignement, et on en coupera encore pour éviter la propagation du chancre coloré. Pourtant, ces arbres abattus n’ont pas fait l’objet d’une replantation (comme prévu dans la loi). Peut-être, des sujets jeunes sont-ils déjà prêts à être replantés dans les jours qui viennent ? Les 111 ne sont pas au courant.
Anticiper les replantations
Pourquoi ne pas anticiper des plantations d’arbres, pourquoi ne pas profiter de ce délai pour préparer les nouveaux arbres qui seront replantés ? Pourquoi ne pas compenser immédiatement sur le tronçon Puichéric-Marseillette, là où on a déjà laissé mourir des centaines de petits arbres ? Difficile de croire des promesses qui n’ont pas été tenues. Difficile d’imaginer que les futures replantations feront de grandes et majestueuses allées d’arbres, dans cinquante ou cent ans, si l’on attend la dernière minute pour les planter et si on n’assure pas leur pérennité.
Philippe Gouze pour le collectif Les 111
Pour en savoir plus...
Article L. 350-3 de 2016 du Code de l’environnement
“Les allées d'arbres et alignements d'arbres qui bordent les voies de communication constituent un patrimoine culturel [...] et, à ce titre, [...] sont protégés [...]. Le fait d'abattre ou de porter atteinte à un arbre [...] ou de plusieurs arbres d'un alignement d'arbres donne lieu [...] à des mesures compensatoires locales, comprenant un volet en nature (plantations) et un volet financier destiné à assurer l'entretien ultérieur.” Le projet de loi, présenté au sénat en juillet 2021, a réduit les contraintes et obligations de l’article L.350-3, mais ne devrait pas tarder à être promulgué en ce début d’année. Malheureusement, les mesures compensatoires, si elles sont concrétisées, sont infimes par rapport aux abattages. Au mieux un ou deux arbres rachitiques par arbre abattu ! Mais trop souvent un entretien symbolique qui se traduit par la mort prématurée des arbres.