- Direction Fanjeaux
Il est temps de quitter le canal pour prendre la direction de Fanjeaux et du Razès. Je ne croiserais personne sur ce chemin. Je suis sur le GR 78 appelé chemin du piémont pyrénéen. C’est une route goudronnée coupant en deux d’énormes parcelles plantées de tournesols ayant perdu leur belle parure jaune après l’avoir troquée contre une dégaine sombre et dépressive, accablés, la tête tournée vers le sol, ils semblent regarder leurs godasses. Cette route me mène d’abord à Villasavary.
Ensuite les chemins deviennent de vrais chemins : ils sont tantôt faits de terres si ils sont très empruntés, ils sont parfois herbeux et confortables à fouler, ou bien pierreux et mouvant, ils peuvent être gras et boueux, parsemés de flaques, ce sont ces chemins que le randonneur aime parcourir. La côte menant à Fanjeaux est très inclinée, inclinaison d’autant plus forte que la température est élevée en ce milieu après-midi : 33°
J’irais dormir dans un lieu atypique : l’accueil des pèlerin du monastère de Sainte-Marie-de-Prouilhe.
- L’étape de Fanjeaux à Arzens
Un agréable trajet me mène à Montréal qui se repère de très loin grâce à sa collégiale qui domine le village. Après Montréal, la petite route menant à Arzens offre un point de vue immense sur les collines environnantes, sur toute la plaine et sur la Montagne Noire, il paraît difficile de dire où se termine le panorama, on voit loin, une vision qui déclenche des sensations de libertés.
Je dépasse Arzens pour aller bivouaquer dans les vignes et passer une douce nuit de sommeil. Le sac ne me pèse plus du tout, je l’ai oublié, il fait partie de moi, il est mon allier, il est mon indépendance, ma liberté.
- Carcassonne
Il me faudra faire 19 km pour rejoindre Carcassonne depuis Arzens. Le soleil levant peint en rouge le ciel lorsque je me lève, le ciel est incertain mais c’est une belle journée qui s’annonce. Cette étape passe par le village d’Alairac où j’ai la bonne surprise de tomber sur une épicerie indépendante : il m’aura fallu parcourir pas moins de 120 km à pieds pour trouver ce genre d’établissement. Je traverse ensuite le village de Lavalette, j’arrive sur les bords de l’étang de Villalbe où cormorans, canards et aigrettes géantes semblent passer du bon temps.
Carcassonne est maintenant en vue offrant comme premier aperçu une immense zone commerciale, aux couleurs de mauvais goût, les enseignes habituelles que l’on retrouve aux abords de toutes les villes, symbole magnifique de notre consommation compulsive. Arrivée au centre de la ville, je n’ai pas encore eu le plaisir d’observer le clou de la ville : la cité médiévale. Après une pause de quelques jours j’aurais le plaisir de repartir sur les chemins en direction du Minervois et du département de l’Hérault.
Texte et photos Michel Aznar