Partager la publication "Intermittent en confinement et sans événement : entretien avec David Honté, Ingénieur du son"

Quel a été l'impact du confinement sur votre activité professionnelle?
Vu qu'il est interdit de présenter un spectacle (théâtre, cirque, danse, musique, etc.), ceci engendre des annulations de toutes mes dates prévues depuis le 16 mars. Notre statut nous impose un nombre minimum d'heures de spectacles par an. D'habitude ma période la plus importante inclue les mois mai, juin et juillet. Avec l'annulation de toutes les représentations, je perds donc ma période la plus importante de l'année.
Y aurait-il un moyen selon vous de palier à ce manque d'activité dédiée au secteur culturel, par une autre s'en rapprochant ?
Pour palier à ce manque d'activité du secteur, je pense que les musiciens auraient besoin d'un public pour les motiver, avoir des retours sur leur travail. N'ayant pas le choix, ils peuvent toujours faire de la musique chez eux et la distribuer par le biais des réseaux sociaux. Mais pour les compagnies employant beaucoup de personnes (plus de 10 personnes sur le plateau), nous (techniciens ,régisseurs, costumières, habilleuses, machinos, cintriers, électriciens, etc..) avons besoin de « live », d'événements pour travailler, donc mise à part des enregistrements, nous sommes bloqués.
Quel support avez-vous reçu du gouvernement durant cette période?
Le gouvernement nous a promis de nous payer une année blanche ce qui consiste à nous retarder d'une année notre « date d’anniversaire », soit la date de fin et de notre renouvellement des droits. Mais actuellement, nous sommes dans l'attente de « traces écrites » pour continuer l'année blanche. En attendant, je n'ai rien reçu de plus que d'habitude de l'Etat. De certains employeurs, j'ai reçu des déclarations préalables à l'emploi (DPAE), ce qui m'a permis de déclarer quelques dates pendant le confinement.
En tant qu'intermittent, cette période difficile est-elle la même pour toutes les professions impactées ou certaines s'en sortent mieux que d'autres?
Cette période est très difficile pour toutes les activités liées au spectacle. Ceci concerne tout particulièrement les compagnies de théâtre qui ont investi (temps et argent) pour la création d'un spectacle et qui n'ont aucune promesse de date, ce qui leur permetrait de se faire rembourser les frais impayés liés aux répétitions comme pour le Festival d'Avignon par exemple.
Avec le déconfinement progressif et avec l'annulation de nombreux événements cuturels, comment voyez-vous les mois à venir?
Avec le déconfinement progressif et pour l'instant toutes les annulations des festivals, nous ne voyons pas vraiment d'horizon car toutes les créations sont arrêtées et beaucoup de compagnies vont perdre trop d'argent pour « se relever ». On ne sait pas du tout combien de temps cela va durer avant de retrouver une période dite « normale ». Ce que nous propose le gouvernement est incohérent, car faire la Fête de la musique en même temps qu'interdir les concerts et autoriser les cohues dans les magasins... Bref, on ne voit pas « le bout du tunnel ».
Est-il selon vous plus facile de vivre cette “pause" dans des régions comme la nôtre que dans de grandes agglomérations?
J'habite Lespinassière, dans un hameau entouré de montagnes verdoyantes. Avec le printemps, cela nous a rappelé la chance que nous avions d’être confinés en pleine nature comparativement aux personnes qui sont enfermées dans un petit appartement. Je pensais surtout à ceux pour qui cela devait être beaucoup plus dur et pour qui malheureusement cela a terni l'ambiance familiale au risque d'augmenter les risques de violence.