Cette chronique a pour but de faire découvrir aux lecteurs la signification des toponymes ou microtoponymes du Minervois, et le lien fort qu'ont la plupart avec la langue occitane. Sans prétention scientifique, elle s'appuiera toutefois sur des ouvrages de référence. Nous espérons qu'elle donnera envie de découvrir comment nos paysages, à travers les noms de lieu, parlent aux habitants et aux promeneurs.
Cesseras / Cesseras

Mentions anciennes Saisseras 1100 Pontius de Cesseratis 1130 luoc de Cesseras , 1361 Cesseras, 1518 (Toponymie de l'Hérault Frank R. Hamlin et carte de Cassini en 1770).
Origine probable : du nom de la rivière Cesse.
Comme Cesseras est situé à 2 km du cours et de l'autre côté d'une ligne de partage des eaux, certains supposent que le village d'origine était plus haut sur le Causse.
Au XIème siècle, la famille De Cesseras possède le château ( l'abbaye de St-Pons en possède un quart)
A l'issue de la croisade contre les Albigeois, le seigneur Pierre-Raymond de Cesseras accusé d'hérésie est dépossédé de ses biens et emprisonné à Carcassonne. Le château passera par mariage à la famille de Seigneuret jusqu'à sa vente comme bien national à la révolution.
Les habitants de Cesseras avaient pour sobriquet « Cabàs » (cabas, panier), d'après Frédéric Mistral (Lou tresor dou Felibrige).
Et le proverbe nous dit : « A Cesseras, pichòta puèja grand fangàs » (petite pluie, gros bourbier)
La Devèse / La Devesa

Devesa (n.f.) pâturage interdit ; réserve, terrain réservé ; jachère friche. (Alibert dictionnaire occitan français)
Devèze, mot issu de l'occitan devesa, voisin du mot vieux français défends ou défens et de l'espagnol dehesa, et désignant, au fil du temps, différents types de paysage rural, notamment le « pacage à vaches ». Une devèze, dans le Massif central, désigne une pâture non fauchée par opposition au pré (lou prat) qui, lui, est fauché au moins une fois par an. (wikipedia)
Les defens, au Moyen-Age, sont soit des bois giboyeux interdits à la chasse du menu peuple et donc réservés aux seigneurs, ou des pâturages communaux protégés par des défenses à l'égard des troupeaux. Au cours des siècles, la connotation prohibitive finit par disparaître pour ne laisser subsister qu'un sens agricole, celui de friche, jachère (pâturage pour Deves) (Jacques Astor, dictionnaire des noms de famille et noms de lieux du Midi de la France).
La berceuse traditionnelle « Parla-mi » nous dit : Per la devesa i a un tropèl que paissa, a l'ombra d'un fraisse lo pastre es assietat. Sur le pâturage, il y a un troupeau qui paît, à l'ombre d'un frêne le berger est assis. Visionner sur www.youtube.com/watch?v=nIU5Sci7y9U
Yves Séguier