Le nucléaire devient le meilleur ami des IA : quand l’énergie propre redéfinit la carte mondiale de la technologie
La France, qu’on disait dépassée sur le plan technologique, est en train de devenir un véritable aimant pour les géants de l’intelligence artificielle. La raison ? Son électricité nucléaire. Longtemps critiqué, ce choix énergétique est désormais un atout de taille. Abondante, décarbonée, bon marché : cette électricité séduit les entreprises les plus gourmandes en puissance de calcul.
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L’annonce récente d’un partenariat entre le gouvernement français et la société britannique Fluidstack le prouve. Ensemble, ils vont construire l’un des superordinateurs les plus puissants et les plus propres au monde, directement sur le sol français. Ce revirement stratégique transforme la France en eldorado technologique à grande vitesse, avec un impact économique massif à la clé.
10 milliards pour 500 000 puces IA : quand la France joue dans la cour des géants avec un superordinateur hors norme
Le projet est ambitieux, presque démesuré. Avec un investissement initial de 10 milliards d’euros, la première phase vise à installer 500 000 puces d’intelligence artificielle de nouvelle génération. L’objectif : être opérationnel dès 2026. À terme, ce centre pourra atteindre une puissance de 1 gigawatt, un niveau comparable à celui des plus grandes installations mondiales. Ce n’est plus simplement une question d’hébergement de données, mais bien de souveraineté numérique. Le site sera extensible, modulaire et conçu pour grandir au rythme des besoins colossaux de l’IA. Ce projet est une réponse directe à la domination américaine et chinoise sur les infrastructures d’IA, et un signal fort que la France compte bien jouer un rôle central dans cette nouvelle ère technologique.
Quand la géopolitique énergétique devient un levier numérique : la stratégie audacieuse du gouvernement français.
Derrière ce projet, il y a une stratégie claire. La France veut utiliser son mix énergétique – dominé par le nucléaire – comme une arme d’attraction massive. Grâce à ce choix, elle dispose d’une électricité fiable, prévisible et peu émettrice de CO₂. C’est précisément ce que recherchent les entreprises technologiques, qui doivent faire tourner des milliers de serveurs 24h/24. Le protocole d’accord signé entre les ministres Éric Lombard, Marc Feracci et le président de Fluidstack, César Maklary, scelle une alliance entre l’État et l’industrie privée. Et cette coopération va bien au-delà d’un seul site : elle préfigure une série d’initiatives pour faire de la France un acteur incontournable de l’infrastructure IA en Europe.
EDF sort les muscles : des gigawatts à disposition pour accueillir une armée de data centers IA
Pendant que l’attention se porte sur Fluidstack, EDF avance ses pions. L’entreprise publique prépare le terrain pour accueillir d’autres géants du numérique. Elle lance un appel à manifestation d’intérêt pour attribuer des terrains prêts à l’emploi, avec une capacité électrique totale estimée à 2 GW. Quatre sites industriels sont déjà identifiés. C’est un message fort : la France ne veut pas seulement héberger un projet vitrine, elle veut devenir une plateforme d’accueil pour des dizaines de centres de données. Comme l’explique Stéphane Raison, directeur chez EDF, le pays dispose d’un mix énergétique unique en Europe – principalement nucléaire et renouvelable – qui en fait un partenaire de choix pour les acteurs du numérique les plus exigeants.
109 milliards d’euros sur la table : le plan colossal pour faire de la France un géant mondial de l’intelligence artificielle
Ce projet n’est que la partie émergée d’un iceberg économique : Emmanuel Macron a récemment dévoilé 109 milliards d’euros d’investissements privés dans l’IA sur le territoire français. Pas moins de 35 sites de data centers sont déjà planifiés. Les Émirats arabes unis vont financer le plus grand data center d’Europe pour un montant estimé entre 30 et 50 milliards. Le fonds canadien Brookfield investira 20 milliards dans un site à Cambrai. Même les champions nationaux comme Mistral AI montent en puissance, avec plusieurs milliards d’euros pour un futur cluster en Essonne. Ces chiffres donnent le tournis, mais traduisent une volonté ferme : rattraper et dépasser les États-Unis et la Chine dans la course mondiale à l’IA.
Le nucléaire devient le meilleur ami des IA : quand l’énergie propre redéfinit la carte mondiale de la technologie
Qui aurait parié il y a dix ans que le nucléaire, si décrié, deviendrait le moteur d’une révolution technologique ? Et pourtant, c’est ce qui est en train de se produire. Les infrastructures IA, qu’elles concernent l’entraînement de modèles, le traitement de données ou l’inférence, nécessitent une énergie constante, massive et propre.
C’est exactement ce que la filière nucléaire française peut offrir. Le résultat : des data centers performants, moins polluants et capables de supporter les besoins des IA les plus avancées. C’est une opportunité unique de redéfinir les rapports de force mondiaux, en plaçant la France comme un hub stratégique pour l’IA propre, dans un monde qui cherche désespérément à réduire ses émissions sans freiner sa croissance technologique.