L'affaire Weinstein fait éclater médiatiquement les violences infligées aux femmes. L'histoire, au-delà du monde du show-biz, n'épargne aucun milieu et vient interroger chacun sur son rapport à l'autre. Le cinéma est touché, le monde politique est touché, mais les histoires sont nombreuses dans le milieu professionnel également, sans parler de la sphère familiale. L'on peut mettre en place des lois sur l'équité, mais tant que ce problème perdurera, l'égalité entre les sexes ne sera pas réelle. L'affaire risque de créer du trouble dans les rapports entre hommes et femmes, mais il n'en demeure pas moins primordial d'attaquer le taureau par les cornes. Le grand déballage a commencé et c'est heureux, avec l'espoir de voir les comportements changer profondément. C'est la question de la sexualité, du rapport de force, de la domination qui est au centre du scandale. Quelle éducation donnons nous à nos enfants, filles et garçons ? Quel modèle masculin donnons nous en tant que père ? Chacun (et en premier lieu les hommes) va devoir s'interroger sur son comportement, sa représentation du sexe opposé. Nous sommes tous responsables et le malaise est palpable. Aujourd'hui, de nombreuses pensées archaïques persistent, comme le fait que l'homme aurait des pulsions qu'il pourrait moins contrôler. En partant d'un tel principe, on peut accepter bien des choses. Si une femme se fait violer, on va lui demander la façon dont elle était habillée, si au fond, elle ne l'avait pas cherché ! En plus des violences subies, les victimes seraient donc responsables de ce qui leur est arrivé ? Imaginons un instant un homme qui se ferait rouer de coups parce qu'il n'aurait pas voulu donner sa voiture. Lui demandera-t-on si sa voiture était trop belle et lui suggérera-t-on de rouler en C15 ? Non est un mot simple et essentiel, il est protecteur et est censé donner les limites de chacun. Encore faut-il pouvoir l'entendre. Pour que les choses changent il ne suffira probablement pas de quelques lois, même si elles sont nécessaires. Des siècles de société patriarcale ont malheureusement ancré au plus profond de nous, femmes y comprises, une représentation désuète des rôles féminin et masculin, de la sexualité. L'espoir réside dans une prise de conscience collective avec un débat sincère autour de nos comportements qui pourrait modifier les mœurs, notamment en passant par l'éducation des enfants. Le combat des femmes doit être celui des hommes également, car c'est un combat pour la justice social, un combat pour toute forme de discrimination. Les hommes pourraient ainsi montrer qu'ils ne sont pas tous "des porcs". Aujourd'hui les femmes prennent la parole. Demain les hommes vont-ils sortir de leur silence ? Nicolas Faure