Si l'on prend la théorie du chaos, un raisin tombé trop tôt entraîne un ouragan sur les Antilles. En août, l'histoire recommence toujours par les mêmes chapitres, le test de maturité des raisins, les premiers prélèvements sur les blancs. Cette année dans l'Est Hérault, du côté de Montpellier, les premiers coups de sécateurs sont arrivés dès le 10 août et, sur le piémont du Minervois, vers le 15. Ensuite les rouges. En août, si les blancs sont arrivés très tôt, les rouges ont été encore plus précoces. Certains vignerons ont été pris de cours. La chaleur et le soleil arrivant si tôt au printemps, la montée en degrés est accélérée. Ces années de grand soleil sont généralement suivies de saisons très sèches. Donnant lieu à des bons crus tels que nous l'entendons dans les bilans actuels (voir page 3). “Mais les tanins ne suivent pas, il leur faut du temps pour faire leur boulot” se plaignait un vigneron fin août.
Le réchauffement climatique est un sujet d'étude concernant l'avenir de la production de vin français et international. Une étude effectuée au sein de l'université de Columbia (Benjamin I.Cook et Elisabeth M.Wolkovitvh - USA) a montré que longtemps les étés chauds étaient accompagnés de sécheresse, un duo propice à une bonne qualité de vin. Depuis les années 80 les changements climatiques ont donné des décennies encore plus chaudes. Une météo qui provoque des vendanges encore plus précoces, mais pour autant, n'est plus toujours suivie de sécheresse. De plus en plus les étés deviennent chauds et humides. Selon l'étude, il sera de plus en plus difficile de prédire les bons crus. A la précocité des vendanges existe un seuil de qualité des millésimes. Le monde viticole s'interroge donc sur l'avenir de leur production. Quelle garantie aura-t-elle de répondre à la qualité attendue actuellement ?
Catherine Jauffred