Depuis 8 ans l’association Camins nous fait découvrir le camin romieu, cette grande voie de communication empruntée par tous les voyageurs (gaulois, grecs, romains…) puis par les pèlerins qui allaient à Rome (les romieux) à partir du Vème siècle.
Ils lui ont donné son nom occitan parvenu jusqu’à nous à travers les noms d’anciens chemins dénommés ainsi sur plusieurs communes minervoises comme Pouzols. Cette dénomination de « romieux » a été attribuée ensuite aux pèlerins de Compostelle qui ont emprunté cet itinéraire vers l’ouest et Compostelle au tournant de l’an 1000. Aujourd’hui, cet itinéraire est rendu possible par un cheminement pédestre : le chemin du Piémont pyrénéen. C’est un sentier de grande randonnée (GR 78) qui, depuis Capestang passe par Pouzols-Minervois, traverse le département de l’Aude par Rieux, Carcassonne et Fanjeaux et rejoint Saint-Jean Pied de Port au Pays Basque avant de franchir les Pyrénées.
L’association Camins nous a présenté, le dimanche 14 Novembre, les monuments du village qui pourraient avoir des liens avec une des plus anciennes voies de pèlerinage : église, hôpital, fort et chapelle.
Cette journée était bâtie autour de la conférence d’Adeline Rucquoi : « Les chemins de Compostelle dans le Sud de la France ». Par-delà les rapprochements qui pourraient exister entre l’église Saint-Sernin du XIème siècle (premier art roman) avec celle de Toulouse située, elle aussi, sur l’itinéraire du camin romieu ou la présence forte utile d’un hôpital du XIVème siècle (construction rare) avec la proximité d’un grand chemin : rien n’atteste du passage de pèlerins.
Mais Pouzols a, avec le temps, étiré son faubourg vers ce qui très certainement lui amène des revenus. Aujourd’hui encore, subsiste le quartier des Auberges dont les plans terriers de Pouzols (AdA*) témoignent seuls de cette présence depuis le XVIéme siècle. Sur ces plans figurent les cinq auberges de Pouzols (avec parfois leur nom ou celui de leurs propriétaires) et leur situation en bordure d’une voie dénommée chemin romieu.
Ce document est exceptionnel puisqu’il est un des rares, en France, à attester de cette dénomination. Il nous aide à mieux comprendre la relation du village avec le chemin : par sa position au bord du camin l’auberge du Coq d’Or recevaient les droits de péage sur les marchandises. Les Consuls de Pouzols y tenaient leurs réunions (1528)*. Après une présentation de cette archive à la Salle des Fêtes (reproduite pour l’occasion) la Municipalité de Pouzols nous a offert le verre de l’amitié. Camins nous a convié ensuite à un agréable repas au Café du Midi à Bize.
Pour illustrer plus avant sa proposition sur la relation de Pouzols avec le camin romieu, l’association a invité Adeline Rucquoi pour une après-midi studieuse afin d’attester encore des liens éventuels de Pouzols avec le passage des pèlerins. Adeline Rucquoi est docteur en Histoire de l’université Paris IV-Sorbonne, directrice de recherches au CNRS, spécialiste de l’histoire médiévale de la péninsule ibérique et membre du Comité international des Experts du Chemin de Saint-Jacques.
Sa conférence « Les chemins de Compostelle dans le sud de la France » témoigne du passage des pèlerins à travers les récits que certains* avaient réalisés. Adeline Rucquoi évoquera les différentes routes utilisées dans l’histoire et qui sont parfois bien différentes de celles d’aujourd’hui. Adeline Rucquoi évoquera ces itinéraires anciens décrits dans les récits de nombreux pèlerins. Justement, comme nos recherches nous l’avaient laissé pressentir, de nombreux pèlerins italiens entre le 14ème et les 16ème siècles emprunteront le Languedoc et les lieux de Cabezac et Homps seront cités à maintes reprises. Pouzols, lui, n’est pas cité mais situé en plein sur cet axe. De fait, si les pèlerins ne sont pas passés à Pouzols c’est tout simplement qu’ils sont passés aux Auberges, le village sur son rocher étant en retrait du camin romieu ! Cabezac est aussi un lieu plus significatif que les Auberges de Pouzols : il possède un hôpital administré par la congrégation de Saint-Ruff de Valence (1322), un pont ou un passage important car situé sur une rivière plus difficile à traverser, une chapelle Saint-Antoine et des auberges qui subsistent encore.
Les participants nombreux (50 environ) ont apprécié les apports documentés de cette démonstration et la qualité de sa restitution par Adeline Rucquoi qui en était à sa quatrième conférence en Minervois. Les nombreux enseignements glanés ce jour étofferont la riche documentation historique de notre village qui ce 14 Novembre a encore gagné une belle place sur les chemins vers Compostelle. Cette journée a été réalisée grâce à la participation toujours constante du public, de pèlerins ou pèlerine d’un jours ou plus, lors des nombreuses balades-découvertes et autres manifestations. Cette journée a été possible grâce au travail effectué par les associations de nos villages qui ont accumulé des connaissances bien utiles avec les personnes ressources indispensables Philippe Bonnafous de Mémoire et Synergie, Charles de Fournas, La Bibliothèque de Pouzols, Histoire et Généalogie en Minervois, Capestang 1000 ans d’histoire et de plus en plus le soutien des collectivités, ici la Mairie de Pouzols mais aussi l’agglo de Narbonne, le Département et la Région.
Nous remercions aussi vivement les chercheurs et chercheuses et amis qui poursuivent activement des recherches sur le patrimoine du chemin en Minervois (fouille sur la voie historique et étude sur l’Hôpital de Pouzols) et nous aident à les valoriser : Sylvain Durand de la société Géoptère, Pierre Miquel des films Environ et Véronique Canut de l’Inrap.
Enfin notre démarche et cette journée ont été rendues possibles grâce au soutien et à la coopération entretenue depuis 2013 avec l’Agence de Coopération Interrégionale des chemins de Compostelle et Réseaux. Merci à Adeline Rucquoi et sa conférence les chemins de Compostelle dans le sud de la France qui nous permet de mieux comprendre la place majeure de notre camin romieu dans le faisceau des voies vers Compostelle.
L'Assemblée Générale se tiendra le 20 Décembre à la Mairie de Sainte-Valière à 18h.
Texte et photos Bernard Cauquil