L’autre après-midi, je rentrais de la vigne sur mon vélo quand j’ai perçu un bruit de tracteur devant moi. Respirant à pleins poumons, j’ai tout de suite craint le traitement. “Voyons voir ; déjà il ne vente pas trop, ce n’est qu’un mauvais moment à passer...” (Oui, je me parle tout seul…) Arrivé au niveau de la parcelle où ça bossait encore, ne vois-je pas un couple de vitis en train de désherber : lui sur le tracteur (évidemment), elle qui suit avec la lance à désherber. Tous deux en habits de tous les jours, sans équipement, sans masque. Contraste saisissant quand on croise surtout des gens masqués dans la rue par les temps qui courent ! Si on attrapait le cancer ou la maladie de Parkinson aussi vite que le Covid-19, ça ferait longtemps qu’on ne toucherait plus à ces produits de synthèse... Mais on n’en est plus à une contradiction près, nous animaux humains. On parle beaucoup de solidarité, de partage, de retour aux valeurs fondamentales avec ce confinement ; par contre, des coqs paradent avec des masques gratuits pendant que la basse-cour des petites mains qui les confectionnent reste dans l’ombre. On se félicite de remettre de l’ordre dans la maison, mais on veut qu’il soit aussi respecté chez le voisin : on décroche le téléphone, on dénonce comme aux heures les plus sombres de notre histoire. On applaudit les personnels soignants, mais il s’en trouve pour aller inventer que les gitans locaux colporteraient plus que leur part de virus. On soutient l’agriculture d’ici en allant faire ses courses chez les maraîchers du coin, mais on se scandalise de l’outrecuidance de l’artisane qui tente de maintenir un semblant d’activité en vendant ses masques en tissu ! Décidément, on parle beaucoup d’un avant et d’un après, qu’il ne faut pas recommencer notre vie hyper-consommatrice et auto-destructrice d’avant le Covid… Pas que la connerie humaine aura disparu dans un mois ou deux. Qu’est-ce qui nous a forcé à nous arrêter, à changer de rythme ? L’obligation, la loi. Malheureusement, je crois qu’il faudra un gouvernement, des gouvernements, assez courageux (aïe aïe aïe...) pour légiférer de façon drastique sur les activités mettant en péril l’avenir de l’humanité sur terre ; certains d’entre nous se réveillent, les bonnes idées ne manquent pas, mais la bêtise a encore de beaux jours devant elle...

Antoine Cauchy