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Petite chronique au fil de l’eau : messieurs, gardez-vous bien de celles qui manient l’art de nouer l’aiguillette

25 mars 2021 By Redaction

En ce XVIIe siècle tout est contraste et tout s’entremêle… alors que la société baigne dans la foi chrétienne et la rigueur du catholicisme, que les audaces scientifiques, littéraires et artistiques les plus folles font bouillonner les esprits les plus vifs et les plus fous, les superstitions demeurent s’engouffrant par cette porte restée entrebâillée sur le Moyen-Age avec ces peurs du diable et de ses pires servants.

'an 1677 a été pour Riquet une année compliquée et troublante, tant pour son grand œuvre que sur un plan personnel, plus intime et familial dès lors qu’arrivera l’échec du mariage de sa fille Catherine, présumant pudiquement des effets d’un maléfice, et que s’aggravera la maladie de sa belle-fille, Claire de Cambolas. Certes les travaux vont bon train sur l’ensemble du gigantesque chantier. La navigation est ouverte entre Toulouse et Castelnaudary depuis trois ans et le creusement se poursuit vers l’aval, tout comme de Béziers vers le Minervois. Cela fait aussi un an qu’il a confié à l’architecte Emmanuel de l’Estang la prise en charge de la réalisation, sur le grand bief, d’un ouvrage des plus considérables, celle du pont-canal du Répudre, sur les terres de Ventenac d’Aude. Il n’a de cesse également de s’investir, à la porte de la méditerranée, dans les travaux des môles du port de « Cette » (Sète) qui lui furent adjugés en 1669, port dont la première pierre fut posée par le chevalier de Clerville, trois ans plus tôt. Mais la question délicate des finances continue de le tourmenter sous les demandes pressantes de Colbert. De plus, ce dernier semble, mettre en doute les bonnes intentions de notre grand entrepreneur du canal royal, les qualifiant même de prétentions démesurées au but d’un enrichissement personnel et d’une ambition sociale, comme le témoignent certaines missives échangées avec l’intendant d’Aguesseau. Pourtant, celui-ci continuera toujours de saluer l’abnégation et l’énergie de Riquet qui n’a sans doute pas eu vent des griefs blessants de ces lettres, comme le souligne Mireille Oblin-Brière dans son portrait intime « Riquet - Le génie des eaux ».

Esprit de famille

Malgré tous ces importants tracas, ce qui chagrine au plus haut point notre baron de Bonrepos ce sont les épreuves qui, cette année-là, viennent toucher ses proches. Pour notre honnête homme l’affection qu’il porte à chacun des membres de cette bien-aimée famille, dont il veille à ce qu’elle reste soudée, est primordiale. Assurément il n’a de cesse de les protéger, particulièrement ses fils et ses filles dont il s’attache à consolider les situations, cela tout en manifestant les attentions les plus appuyées pour leurs épouses et époux. Ainsi la maladie dont souffre Claire de Cambolas qu’il chérit et dont les épousailles avec Jean-Mathias, son aîné, ont été célébrées dix ans auparavant, le préoccupe continuellement. Il fait notamment envoyer à sa belle-fille de cette eau de la reine de Hongrie très en vogue à Versailles et dont use Louis IV, lui-même, pour calmer bien des douleurs. La composition et les bienfaits de ce remède, qui « renouvelle les forces, nettoye les moüelles, fortifie les esprits vifs… restitue la vue et la conserve », largement édités chez un marchand libraire parisien sous le titre « Nouveaux secrets », a le don de convaincre ces nobles dames et messieurs. Ce fameux « esprit » de romarin (alcoolat) qui le constitue est donc envoyé comme un doux soutien sous le signe de l’esprit de famille des « Riquet de Bonrepos ».

Les nœuds de la disgrâce

En cette année 1677, Catherine a 25 ans et cela fait plus de trois ans qu’elle a convolé en justes noces avec le baron de Cornusson, sénéchal de Toulouse, le marquis Jean de La Valette. Une union fort bienvenue et appréciable, présageant d’un bel et confortable avenir pour une future descendance. C’était sans compter sur les coups du sort, voire des sortilèges… mais surtout de la faiblesse de l’époux à remplir son devoir conjugal et à assurer ce qui l’est convenu de nommer « la saillie nuptiale ». Durant tous ces mois, restée silencieuse sur son sort comme il se doit à l’époque, la jeune femme se désespère déplorant toute perspective de maternité. Néanmoins elle ne peut se résigner et elle s’ouvre de cette bien triste déconvenue à son confesseur puis à sa mère. Bravant la honte de cette union non consommée et surtout les foudres de la toute puissante Église, soutenue par ses parents, Catherine de Riquet porte plainte et fait une demande en annulation de son mariage. Elle souhaite également obtenir le droit d’entrer en religion ou de se remarier plus tard. C’est sur la raison de libérer sa conscience et la sincérité de ne pas être « mariée » que son procès débute. Après plusieurs enquêtes confidentielles suivent alors des examens médicaux minutieux des deux époux. L’anatomie et le fonctionnement des parties de Jean de La Valette sont inspectés et évalués par plusieurs médecins et chirurgiens, tandis que, de la même façon, l’état de l’intimité de Catherine est apprécié par des sages-femmes. Pour l’anecdote, l’une d’entre elles se nommait Gaillharde Pine ! Suivant les conclusions de tous ces « devoirs », le tribunal ecclésiastique chargé de l’affaire peut alors statuer. C’est sans appel que la requête est acceptée. Il faut dire qu’au cours de toute la procédure, le mari n’a nullement contredit les dires de la jeune plaignante confirmant qu’elle n’avait en rien empêché voire refusé la consommation de leur union. Il demeura aussi digne que respectueux, avouant sa défaillance à « n’estre pas en esta à pouvoir engendrer ». Quant à Catherine elle avait expliqué la raison de son long silence résigné : il ne pouvait s’agir que de l’envoûtement d’une noueuse d’aiguillette… dont la semaine prochaine nous vous livrerons les secrets !

Véronique Herman

Classé sous :Actualités Balisé avec :1677, Aiguillettes, canal du Midi, chronique au fil de l'eau

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