La Semaine du Minervois

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Chronique au fil de l’eau : sous la loupe d’un bois magique

4 juin 2021 By Redaction

Depuis la nuit des temps, on le dit mystérieux et médicinal. Arbre cosmique d’entre les mythologies, ami des dieux, des druides et des sorcières, il est aussi celui des hommes. Jadis il servit bravement tant l’agriculture que les armées puis l’élégance des maîtres ébénistes et des luthiers. Aérien et discret, le frêne est toujours là, dignement dressé depuis des siècles dans ce paysage où, un jour, s’est insinué le grand œuvre de Riquet.

Témoin des changements

Le frêne médicinal et nourrisseur : présent parmi les remèdes de grand-mère, il se nomme «l’infusion des centenaires », feuilles fraîches ou sèches elles se consomment en tisane tandis que ses fruits se font plutôt en décoction. En ajoutant un peu de sucre et quelques grammes de levure, il devient une boisson rafraîchissante appelée « frênette ». Mais son feuillage fut surtout utilisé par les éleveurs pour nourrir les animaux, en végétation mais aussi séché en complément des fourrages d'hiver. On voit ici la silhouette caractéristique d’un frêne qui fut jadis taillés, et retaillés, en trognes ou têtards, ainsi qu’il l’était pour constituer des haies.

Le frêne est une essence autochtone très présente sur notre territoire où il a accompagné les pas de l’Homme depuis la préhistoire, plus encore ses gestes, étant le manche de ses premières armes et outils. Guère connu ou reconnu aujourd’hui parmi les arbres emblématiques du canal du Midi, il est pourtant le fidèle compagnon de l’histoire de la voie d’eau. Modeste frère d’horizon d’ombre et de lumière, il a été le témoin et parfois aussi la victime des grands travaux, s’élevant souvent entre le canal et les rivières, comme en bord d’Aude ou encore autour du réservoir de Saint-Ferréol où trop près, voire sur le tracé-même du linéaire, il fut alors abattu.

Colbert en lutte contre la déforestation

l'Arbre-Monde des Vikings et de la mythologie nordique dans cette peinture de 1845 attribuée à Oluf Bagge.

Jusqu’au XVIIe siècle, à l’instar de ses semblables, le frêne, utilisé également pour ses feuilles comme fourrage pour le bétail, va subir le déboisement massif qui dévastait le couvert forestier de toute la France, réduit, depuis des siècles, comme peau de chagrin. Tant l'autorité royale, ecclésiastique que seigneuriale rejointes par les communautés villageoises, tous redoutaient de voir tarir cette ressource essentielle, revenu pour les uns et principal moyen de chauffage et de construction pour les autres. Chacun s’accusait, montrant du doigt qui les « grands propriétaires », qui le petit peuple, qui les activités pastorales ou celles aussi des défricheurs, moine et « entrepreneurs ». Les maîtres de forge, notamment du Vallespir, étaient parmi les cibles tant ils étaient gourmands du combustible qu’ils prélevaient dans tout le Languedoc-Roussillon. Cette force industrielle était bien connue de notre sieur Riquet, lui qui avait bien des soucis avec les miquelets révoltés contre le prélèvement de la gabelle en Catalogne. Ainsi donc tous coupables mais aucun responsable. Cela jusqu’à ce que Colbert donne un coup d’arrêt à cette déforestation massive par l’application de l’ordonnance qu’il rédigea en première forme d’un code forestier et qui fut promulguée en 1669 par Louis XIV. Hélas si notre ministre des finances s’attacha à replanter les forêts, il s’agissait avant tout de s’en servir pour les besoins de la construction navale. De ce fait l’exploitation de la forêt, certes mieux régulée, perdura et mit toujours plus à mal son écosystème.

Destrier des dieux, des ensorceleuses et des rêves

Miniature du manuscrit de Martin Le France (1410-1461), Le champion des dames, 1451 : le balai magique.

Arbre dit cosmique, le frêne, comme souvent également le chêne, est associé à l’arbre de vie, l’arbre (du) monde, celui qui relie chaque partie du cosmos, considérant un univers composé des mondes céleste, celui des dieux « bons », terrestre où vivent les hommes, et souterrain peuplé des dieux « du mal ». Cette allégorie métaphysique nous viendrait des Celtes. Elle reste très ancrée dans la civilisation nordique actuelle. Car si les druides la magnifièrent, ce sont les Vikings qui, dès le IXe siècle, s’en emparèrent offrant un allié au dieu

Comme l’érable, le frêne, surtout « ondé » (fibres déviées et sinueuse) utilisé en lutherie fut très apprécié par les maîtres italiens. De ces bois particuliers, qui furent submergés dans un lac appelé Larghetto del Legname pour être préservé, naquit le « son de Venise ». Le frêne fut particulièrement utilisé pour la Viole de Gambe à laquelle il offre un nombre plus étendu d’harmoniques. A l’époque de Riquet, il se jouait à la cour du Roi Soleil bien des morceaux du gambiste et compositeur Marin Marais.

Odin. Grâce aux branches du frêne auxquelles celui-ci resta suspendu pour méditer, il comprit le secret de l’arc divin des runes (alphabet divinatoire). Les caractéristiques aériennes du port de cet arbre, dont les samares (fruits ailés) s’envolent au gré du vent pour se reproduire, ont alimenté la légende de tels pouvoirs en le désignant comme le bois de perfection afin que sorcières, ensorceleuses… songes et rêves s’élèvent dans la nuit, à la lueur de Séléné. Et ce n’est pas la romancière britannique Joanne Rowling qui démentira cette féérie. Dans la saga Harry Potter, elle cite en effet le bois de frêne pour fabriquer les baguettes magiques, celles dont les pouvoirs sont accentués grâce aux crins de licorne en leur cœur et qui ne peuvent être léguées à quiconque sous peine de se « désactiver ».

Signe des temps et des lieux

Notre arbre de légende qui fut, après avoir été abattu, massivement replanté tout au long du canal au XIXe siècle, est aujourd’hui considéré comme l’une des espèces arborées secondaires. Il est ainsi répertorié dans le cahier de référence des Voies Navigables de France pour une « approche patrimoniale et paysagère du canal du Midi, Jonction et Robine ». Pourtant le vigoureux « fraxinus » a été choisi pour participer à la campagne de replantation décidée suite au désastre du chancre coloré qui décime les malheureux platanes. Et il vient s’aligner sagement sur quelques berges dont celles de Villedubert. Par ailleurs, il est, voire reste, bien présent à différents endroits. Investi de son nom latin dérivé du grec phraxis, haie, clôture ou barricade, il vient signifier la limite du jardin d’une maison éclusière, là où, à la fin du XVIIe siècle, furent plantés les premiers arbres « marqueurs » des lieux essentiels à repérer sur le linéaire. Mais c’est surtout à l’état dit « sauvage » qu’il s’épanouit. Il complète alors en toute majestueuse liberté cette palette arborée, colorée et si vivante, que sont les bien-nommées « ripisylves spontanées », autrement dit les espèces d’une foisonnante forêt des rives, la ripa sylva bordant les milieux aquatiques et nécessaire à leur biotope. Au milieu des arbustes, le frêne a même tendance à dominer les bandes boisées naturelles et remplacer les aulnes glutineux et les peupliers grisards. La fraîcheur de son ombrage et son action racinaire pour maintenir les terres des berges sont maintenant très appréciées. Sa présence participe ainsi au développement des ripisylves et témoigne à la fois d’une réelle mutation paysagère de canal du Midi et de notre nature locale.

Alors au détour d’une balade au fil de l’eau, si vous en croisez un, n’hésitez pas à lui confier vos rêves. Il s’en fera le messager auprès des cieux… c’est certain!

Véronique Herman

Classé sous :Actualités Balisé avec :arbre, canal du Midi, chronique au fil de l'eau, frêne

Pouzols – Mailhac : prix de la laïcité pour l’école

15 janvier 2021 By Redaction

La classe de CM1 et CM2 du Regroupement pédagogique Pouzols-Mailhac gagne le premier prix à ce concours créé par la Ligue de l’enseignement de l’Aude et soutenu par l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep).

Groupe d'enfants devant l'olivier qui a poussé librement

Avec les contraintes sanitaires, cette action a failli être remisée dans un tiroir en attendant des jours meilleurs. Mais l’assassinat du professeur Samuel Paty a remis cruellement d’actualité le projet de promouvoir l’éducation à la laïcité, d’autant plus utile que les élèves et les enseignants ont été confrontés à la difficile reprise des classes après les vacances de Toussaint. La directrice de l'école, Laure Kaiser raconte : « le projet s’est articulé autour de plusieurs actions pédagogiques : les arts visuels, les discussions autour du ressenti après l’attentat terroriste de Conflans-Sainte-Honorine, la lecture de la Charte de la laïcité, l’histoire du XXe siècle et de ses périodes sombres (antisémitisme, déportations, goulag …). Nous avons aussi évoqué les guerres de religion entres catholiques et protestants dans un passé pas si lointain que cela (et dont l’église romane de Pouzols porte encore quelques traces). La minute de silence et l’évocation d’un écrit de Jean Jaurès, à la rentrée de novembre, a frappé l’esprit des enfants. Une élève dont les parents sont de confession musulmane s’est plainte de remarques discriminatoires. Il fallait vraiment approfondir la question de la laïcité à l’école et… ailleurs ». Le groupe-classe s’est donc inscrit au concours dont le thème était cette année l’ « Arbre de la laïcité », un arbre hautement symbolique à faire grandir ensemble, dans le respect mutuel et l’observance des 22 articles de la Charte. Quelques uns de ces articles ont été commentés, recopiés et illustrés puis plastifiés pour être suspendus à un olivier qui - ô hasard - avait poussé librement près de la salle de classe. Plusieurs projets ont été soumis à l’appréciation d’un Jury.

Un arbre multicolore composé de mains ouvertes

L'école, vecteur de cohésion sociale

Lors d’une après-midi à caractère festif, peu avant les vacances de Noël, plusieurs personnes se sont retrouvées devant le bâtiment scolaire : les membres du jury, dont le secrétaire général de la ligue de l’enseignement Thierry Mascaraque, le maire de la commune Marcel Tubau, la conseillère municipale déléguée à la culture, Christiane Lehmann et bien sûr l’enseignante et les élèves, pour recevoir le premier prix sous la forme d’un bel olivier à planter dans la cour de l’école.

Mais le moment le plus important s’est déroulé dans la salle de classe : les élèves ont joué des sketches mettant en scène des situations bien précises : l’introduction en classe de signes religieux, les propos diffamatoires pouvant être dits à l’encontre d’un élève ou d’un adulte etc… Un grand moment éducatif de démocratie appliquée et d’émotion partagée ! Et en guise de vœu pour l’année nouvelle, que l’olivier, symbole universel de paix et de réconciliation, prenne racine dans les esprits tout autant que dans la terre.

Christiane Lehmann

Crédits photos : Philippe Bonnafous

Classé sous :Actualités Balisé avec :arbre, école, laïcité, prix, religions

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