
PASSION ASOM
Le club de rugby d’Olonzac, la célèbre Asom, vient de fêter ses cent dix ans. Dans les archives de Maître Marty (l’homme qui a vu passer le plus d'archives et d'histoires vraies à Olonzac les trente dernières années), il est écrit qu’il y a un siècle, avant l'Asom, les garçons (et les filles ?) jouaient dans la rue au "Football-rugby", que c'est un instituteur qui aurait eu l'idée du club qui se logea alors (et déjà) dans un café, le Café des 4 nations. A cette même époque, la Société scolaire omnisport créée par Monsieur Bel assurait la pratique sportive locale. Aujourd'hui, on n'a pas refait le monde. A quelques encablures du restaurant Le Bel, jouxtant le collège (ancienne école), se joue LE grand club local. Grand par la place qu'il rend dans la société d'Olonzac, local par son aura et ses recrutements, club car beaucoup s'y rassemblent et tant s'y joue. Comment comprendre la place de ce sport dans les contrées du Midi telle que la nôtre. Ce rapport qui oscille entre l'incontournable pour certains et l'allergie, histoires d'amour ou de méprises, de chocs et d'étreintes... Ou encore des phénomènes de jeu comme cette mêlée qui aspire le ballon tel l'ovule, le spermatozoïde, pour enfanter l’essai... Ce sport que d'aucuns ont aimé passionnément mais n'y mettraient par leur fille ou leur cadet si délicat. Il est populaire oui assurément. Il rassemble toutes les catégories sociales, quoi qu'on en dise. Et pour ses cent dix ans, le club s'offre une équipe de fille, "me-too" pourra-t-il clamer ! En passant, c que dit cette nouvelle équipe féminine, et même s'il y a des filles qui jouent depuis longtemps dans le club, sans équipe et à part entière, ce qu'elle dit, c'est que le club grandit, voire assure son éternité. L’Asom et son omniprésence. Au foot, au rugby, à la pétanque, que les mers se rallongent et les océans se meurent, les rendez-vous perdurent et résistent à tous les dérèglements. Et comme pour tous les sports de stade, si le jeu est sur la pelouse et qu'en bas se mouillent les maillots, le spectacle et les véritables enjeux se trouvent surtout dans les gradins. Finalement ce qui est important c’est de s'y voir, de s'y socialiser, d'y grandir, de s'affronter et de s'enlacer. Au club dans son ensemble, il s'agit peut-être plus d'une comédie humaine qui se perpétue que de l'illusoire légende de perdre son temps à courir derrière un ballon.
Catherine Jauffred