Le 8 mai 1945 célèbre la capitulation de l'Allemagne nazie et par conséquent la fin des combats à l'Ouest lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans le Pacifique, il faudra attendre le 2 septembre de la même année pour voir les Japonais capituler à leur tour, suite aux bombardements atomiques de Nagazaki et d'Hiroshima et de la déclaration de guerre de l'Union soviétique. Le temps passe inexorablement, et si tous les poilus ont définitivement quitté notre monde, il reste encore quelques témoins vivants de la Seconde Guerre mondiale. Cette semaine, Henri Miquel de Tourouzelle livre ses souvenirs de résistant, lui qui s'est engagé dans le bataillon Minervois sous le commandement du lieutenant colonel Bousquet. Si l'Histoire ne retient généralement que les grands événements, les dates emblématiques, les témoignages des hommes et des femmes qui l'ont vécu apportent une toute autre vision des conflits. Le manichéisme souvent de mise disparaît pour laisser entrevoir la réalité du quotidien, bien plus complexe et emmêlée qu'il n'y paraît. Ainsi, je me souviens de cet officier allemand qui a passé toute la guerre dans un village en Bretagne et qui a lié nombre d'amitiés avec les habitants. Au point que lorsque la guerre a été finie, cet homme et sa famille sont venus passer toutes leurs vacances dans ce même village. Ou encore l'histoire de ce soldat français caché pendant toute la guerre dans une ferme par des agriculteurs allemands. Ces histoires là, il y en a des milliers. Les manuels d'histoire ne racontent généralement pas cette guerre là. De la même manière, il faut se souvenir qu'il n'y avait pas beaucoup de résistants en France, que ceux qui allaient faire sauter les trains allemands étaient bien plus souvent des jeunes hommes avides de sensations fortes. La guerre a cela d'irréel que les gens ne savent plus vraiment pourquoi ils se battent au bout d'un certain temps. Cela devient une histoire de camp, une histoire où le camp d'en face représente le mal et le notre le bien. Les Français ont dynamité des convois allemands ? Ce sont des résistants, des héros. En Algérie, des hommes font de même avec les convois français à la fin des années 1950, ce sont des terroristes. Tout est question de point de vue. C'est pourquoi le recueil de témoignages a tellement d'importance, car il raconte une histoire dans l'Histoire et assume la subjectivité.
Comme le disait l'écrivain Jim Harrison, "il n'y a pas de vérité, il n'y a que des histoires".
Nicolas Faure