Chronique élaborée avec Jean-François Hébraud, professeur de biologie
Redoutés et souvent craints sans raison, les serpents ont bien souvent mauvaise réputation. Ils sont cependant un maillon essentiel de l'écosystème de la région, régulant les populations de rongeurs, lézards et autres petits mammifères, sans oublier aussi leurs propres confrères. Tour d'horizon des espèces que l'on peut retrouver dans le Minervois.

Les serpents malgré leurs nombreuses différences ont cependant tous bon nombre de points communs qui les caractérisent. Tout d'abord, au niveau de la tête, ils disposent tous d'une mâchoire qui se déboîte pour avaler leurs proies et de l'organe de Jacobson (deux trous dans le palais nourris des éléments olfactifs prélevés par la langue dans le sol et l'air afin de tracer proies et compagnes), tout comme les lézards (voir nos articles dans les précédentes éditions). Leurs paupières sont transparentes mais soudées. Ce sont tous des vertébrés et leurs activités quotidiennes et leur présence dépendent énormément de la température ambiante. Enfin, ils exécutent des parades nuptiales complexes et les mâles se confrontent souvent dans des combats lors des périodes de reproduction.
Débutons avec la couleuvre d'Esculape (nom grec du dieu de la médecine aussi connu sous le nom d'Asclépios ), un serpent pour le moins surprenant, puisqu'il peut grimper aux arbres grâce à ses écailles en angles qui lui permettent de s'accrocher aux parois verticales. Elle apprécie particulièrement les châtaigneraies et les chênaies claires ainsi que les rochers. Avec un corps très long, ce semi-constrictor (constrictor : qui étouffe ses proies) est très musclé.

La couleuvre de Montpellier est un des plus grand serpents d'Europe, puisque les mâles peuvent mesurer jusqu'à deux mètres de long ! Venimeuse, elle n'en n'est pas moins inoffensive (à moins d'insérer ses doigts dans la gueule du reptile!), puisque ses crocs sont placés vers l'arrière afin de paralyser les proies qu'elle avale. Elle a la particularité de chasser à vue en se dressant comme le cobra, afin d'avoir une meilleure perspective de l'environnement qui l'entoure. Grâce à ses menus variés, elle peut cohabiter avec d'autres espèces de serpents dans le même espace. Avec ses glandes labiales et nasales, elle enduit ses écailles afin de laisser une trace odorante pour

marquer son territoire et se signaler auprès des femelles. Elle a tendance à s'enrouler instantanément pour se protéger et s'immobilise pour rester discrète, ayant peu tendance à l'affrontement direct contre des proies de plus grande taille. On la retrouve dans la zone de végétation dite “eu-méditerranéenne”, aussi appelée « domaine de l'Olivier ». Elle est active dès février si le soleil est présent, puisqu'elle a besoin de chaleur afin de créer ses cellules reproductrices.
La couleuvre à échellon est probablement celle dont on peut déduire l'âge le plus aisément en raison de son apparence. Alors que les jeunes affichent des barreaux gris de ce qui pourrait être une échelle sur son dos, l'adulte affiche l'échelle au complet tandis que les individus les plus vieux n'affichent plus que ses montants. Pouvant vivre jusqu'à l'âge vénérable de 25 à 30 ans, elle peut mesurer jusqu'à un mètre quarante et chasse à l'affût et à l'odorat.