Les oiseaux sont tous menacés d’extinction et encore plus les rapaces. La prise de conscience est trop lente et la protection trop prise à la légère.

Depuis une quinzaine de jours, dans le ciel étoilé du Minervois, résonne sur les villages, une voix grave dont le chant relativement monocorde nous interpelle. Si nous percevons deux syllabes « Bou-ho », à la fenêtre de nos maisons, nous tendons l’oreille pour capter dans le silence des hommes confinés ce son inhabituel. Il se déplace et reste audible sur la chape de tuiles qui recouvrent comme un manteau, nos habitations. Le confinement a du bon pour une Nature écorchée à chaque instant par les activités anthropiques. Ce son ne peut-être émis que par un grand oiseau difficile à apercevoir. Le Hibou grand-duc, Bubo bubo, est plutôt discret et pour cause, comme tous les rapaces nocturnes, victime des superstitions populaires, il a été longtemps persécuté. Mais, quel est l’animal qui n’a pas été maltraité par les hommes toujours imbibés d’ignorance et de cupidité ? Et jusqu’à quand, cette comédie annoncée et fataliste de la destruction des espèces va continuer ?
Le plus grand rapace nocturne (la femelle étant plus grande que le mâle 62 à 72 cm de hauteur suivant les individus) est en voie de disparition. Le développement des sports de montagne, et plus spécialement de la varappe et de l’escalade sont néfastes. Son envergure atteint 160 cm à 180 cm. De quoi faire peur à ses proies, telles que les campagnols, les mulots, les rats, les lièvres, les lapins, les hérissons et d’autres mammifères. Il se nourrit également d’oiseaux et occasionnellement de grenouilles et de poissons. Sa longévité est de 21 ans si personne ne vient le déranger. Il n’a pas de prédateurs. Ces petits naissent de la fin janvier à la fin avril et ne dépassent pas le nombre de trois, s’il y a suffisamment de nourriture dans son environnement. Ils sont nourris par la femelle qui reçoit les proies du mâle. Les jeunes volent au bout de 70 jours.
L’admiration que nous portons à ces oiseaux et plus généralement aux oiseaux est sans limite. Ils ont toujours abreuvé les poètes et les écrivains, les artistes naturalistes les conteurs ou les conteuses, traditionnellement bien plus nombreuses dans nos campagnes françaises car plus sensibles à la vie et à la transmission du savoir. Certains hommes continuent à tirer les oiseaux et se régalent de sucer leurs petits os cassants. D’autres les mettent en cage pour les entendre « chanter » et les considèrent comme des objets de décoration, ce qui encourage le trafic d’animaux sauvages. L’absence d’attentions, de connaissances, de sensibilités, contribue à la destruction irréversible d’un patrimoine naturel que les enfants ne pourront plus admirer si ce n’est au travers d’images, que certains photographes auront laissé comme un vague souvenir estompé dans les mémoires. Et comme les oiseaux représentent les maillons indispensables pour la régénération des espaces naturels, l’espèce humaine ne tiendra pas bien longtemps !
Virginie Pospisil Puente