La Semaine du Minervois

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Chronique au fil de l’eau : certes, élu au second tour ! Mais…

29 avril 2022 By Redaction

A force d’entreprendre puis de flirter entre conservatisme religieux et libre pensée, entre libéralisme économique et progrès social, et ainsi de brouiller les cartes au nom de la République, voilà comment, en 1898, un homme d’affaires en politique se voit annuler son élection… et Narbonne s’envoler les grands espoirs d’un port providentiel et le Languedoc la perspective d’un nouveau “canal des deux mers”.

En 1866, à 25 ans, Bartissol part rejoindre les ouvriers sur le chantier de percement et de construction du Canal de Suez, une aventure décisive dans ses projets ambitieux de tracer des voies fluviales et maritimes traversant les terres. © DR

Notre précédente chronique vous a présenté brièvement les grandes diagonales de la vie trépidante et très éclectique de cet homme singulier que fût Edmond Bartissol : un audacieux “entrepreneur”, figure emblématique de son siècle en pleine Révolution industrielle, qui, depuis un premier succès aux législatives de Céret (Pyrénées-Orientales) en 1889, mena une carrière politique en intermittence. Tout en déclarant qu’il n’appartenait “à aucune coterie” et que “les efforts” devaient “tendre à la concorde et à la cohésion parmi les fractions du parti républicain”, lui, franc-maçon, membre d’une des très anciennes loges perpignanaises (“Saint-Jean des Arts de la Régularité”), fleurtait avec le cléricalisme conservateur alors qu’avaient lieu les grands affrontements entre l’Eglise et l’État. La tête dans les “étoiles” de ses grands projets de bâtisseur, il semblait en effet ainsi se jouer d’un quasi-syncrétisme, entretenant la confusion, par complaisance, souvent, par opportunisme, sans doute, et par attentisme, très certainement.

Relier les mers

En ce XIXe siècle Perpignan compte parmi les cités où les loges maçonniques civiles et militaires, héritières du siècle des lumières, sont nombreuses. Un Perpignanais sur quarante est franc-maçon! Et Bartissol est de ceux-là. Il fait partie de la loge “Saint-Jean des Arts de la Régularité” dite “loge des Artistes” de la Grande Loge de France, car destinée à des artisans de différents corps de métiers “manuels”. © DR

De l’itinéraire de ce “fils prodige” de Portel-des-Corbières, nous allons oublier le chemin de fer dont il équipa le Portugal, les grands travaux en Espagne, au Mozambique, mais aussi la création de différents ports ou encore du système de production hydroélectrique dont il va pourvoir les Basses-Pyrénées, puis encore les châteaux et les “folies vigneronnes” en Languedoc ou son fameux apéritif “tonique et revigorant”, bref, et de multiples “etc”. Nous mentionnerons pourtant la présence de ce “non-ingénieur très ingénieux” sur le chantier du canal de Suez. C’est, en effet, en vivant l’impressionnant creusement de cette voie reliant deux continents, ouvrant la porte entre Méditerranée et Mer Rouge par le Golfe de Suez, que notre Bartissol se mit lui aussi vouloir créer des voies maritimes et fluviales par-delà les terres, “réimaginant” un canal du Midi en “son” pays.

Inciter les décisions “royales”

Le 11 mars 1893, le député Edmond Bartissol veut être le “maître d’un grand œuvre national” ! Il garantit un nouvel essor commercial, économique et militaire incontestable, annonçant que très vite plus de 10 millions de tonnes de fret pourraient y être transportées. Flattant “les gouvernants de la France” à l’instar du Roi Soleil par Riquet, il dépose une proposition de loi à la Chambre en faveur d'un canal maritime de l'Océan à la Méditerranée. Il le nommera “canal des Deux-Mers”. Les déclarations de Ferdinand de Lesseps viennent le soutenir : “De même que le canal de Suez (dont il est fut le constructeur NDLR) est venu avec raison remplacer le canal ensablé des Pharaons, le canal des Deux-Mers doit prendre la place de l’œuvre aujourd’hui insuffisante de Riquet”.

De l’Orient à l’Occident

Bartissol prévoit un trajet différent de celui du canal du Midi. Il conçoit plusieurs axes dont une liaison vers Paris où se situerait un “port de mer” et un canal de jonction du Rhône à la Méditerranée. Notre homme a, en fait, le souhait d’ouvrir une “autoroute fluviale” s’inspirant du projet imaginé par A. Dupeyrat qui, en 1861, déclarait fonder “le prolongement de l’isthme de Suez pour relier l’Orient à l’Occident”. L’idée avait alors recueilli bien du succès… et même que, en 1889, un certain Ernest Ferroul, nouveau député socialiste narbonnais, soutenu par Jean Jaures, avait lui aussi “déjà”signé la résolution de la constitution d’une société d’exploitation de ce nouveau canal. Mais le coût de la réalisation d’une telle entreprise s’avère très élevée… trop élevée (évaluée à760 millions de francs-or *) ! De plus en Roussillon, les habitants peu concernés par cette nouvelle voie fluviale hors de leur territoire et sceptiques face aux prétentions “nationales” de leur député vont le sanctionner aux urnes. Bartissol perdra son siège de député… et il n’y aura pas de nouveau “canal des Deux-Mers”.

Des Égyptiens aux Romains

“Logo” aux allures “art nouveau” bien dans l’époque pour la Manufacture de papier à cigarettes Bartissol © DR

Mais notre homme n’est pas à se laisser abattre. De cette double défaite, il rebondit et “s’attaque” à Narbonne, où, en 1898, candidat du Congrès Républicain, il se présente contre le maire en place, Ernest Ferroul. Bartissol clame sa première promesse : la création d’un port. Mener campagne en politique est en effet pour lui s’appuyer sur ce qu’il connaît le mieux : ébaucher des projets hors normes et très ambitieux. Très inspiré par la romanité de la Narbonnaise, il va alors exposer, haut et fort, la perspective de la “refondation” d’un havre de commerce et d’échanges avec un avant-port, à l’endroit même où l’Antique ville de Narbo Martius possédait le sien. Les lieux situés au grau de la Vieille Nouvelle, là où l'embouchure de l'Atax (l'Aude) au sud de Narbonne communique avec la mer par ce passage étroite du lac Rubresus, sont ceux qui, aujourd’hui, font l’objet d’une mise en valeur au travers du grand mouvement culturel et patrimonial imprimé par le musée Narbovia.

Quand Bartissol s’ensable…

L’argument de poids qu’avance Bartissol pour ce fameux port est d’éviter l’ensablement que connaît alors Sète ou Port La Nouvelle, suite aux courants d’une part du Rhône et d’autre part d’Espagne. “Mais ces deux courants meurent au Grau de la Vieille Nouvelle” clame-t-il. Il prévoit encore des liaisons avec les lignes du chemin de fer, alors en plein développement, et pour éviter les crues dévastatrices de l’Aude, de creuser un canal maritime. “Les siècles ont détruit cet éclat passager que l’antique Narbonne offrait à l’étrangers” peut-on lire dans “Voyage dans les départements de la France” de J. Lavallée et Louis Brion. Et Bartissol veut rendre sa superbe à la ville pour qu’elle devienne aussi florissante que Marseille ou que les ports sur l’Atlantique. Pour lui le financement de ces grands travaux se fera grâce au commerce. Il annonce que l’exportation de la très importante production de vin de l’Aude, qu’il évalue alors à 6 millions d’hectolitres, permettra d’assumer les dépenses. Face à d’aussi belles perspectives les Narbonnais vont suivre cet homme à la dynamique contagieuse. Bartissol sera élu, certes ! Mais pour peu de temps car Ferroul et la mouvance socialiste vont l’accuser de fraudes, le soupçonnant d’avoir “acheté” des votes. Après d’importants conflits, le scrutin sera alors invalidé et l’élection annulée… le projet du port disparaîtra lui aussi, comme englouti dans des sables mouvants et Bartissol poursuivra sa route en d’autres horizons, vers Panama ou encore à Fleury-Mérogis où il deviendra maire. Il décédera à Paris le 16 août 1916.

Véronique Herman

Classé sous :Actualités Balisé avec :Bartissol, canal des Deux-Mers, canal du Midi, chronique au fil de l'eau, Narbovia

Chronique au fil de l’eau : aux élections perdues s’envolent les projets

22 avril 2022 By Redaction

Oser désavouer Riquet pour s’en inspirer et construire un nouveau “canal des Deux Mers”, affronter un maire populaire et faire campagne contre lui en réclamant la création d’un port pour sa ville… Narbonne ! Voilà de bien grands desseins qui, réalisés, auraient sans doute modifié la face de notre “côte du Midi” en Languedoc et de la destinée de sa voie d’eau !

Le domaine de Sériège et son imposant château, l’une des deux “folies vigneronnes” que Bartissol décida d’acquérir dans les 1905/1906 alors qu’il se lançait dans la vente de vin © DR

Et ces projets, défiant toutes les audaces en s’inscrivant sur un chemin tracé de déboires mais aussi de grandes réussites, sont loin d’être les seuls ! Effectivement, nous allons aujourd’hui commencer à soulever le petit coin d’un voile immense, celui de l’histoire d’un homme d’hier, un homme pressé, un boulimique d’innovations et d’entreprises, bondissant et rebondissant des deux pieds dans cette vie trépidante qu’anima, au XIXe siècle, la révolution industrielle… et la politique ! Il s’agit du député Edmond Bartissol, une personnalité hors du commun qui, loin d’être un archétype ou une exception, témoigne d’une époque où il imprima son nom parmi les entrepreneurs de travaux publics français des plus ambitieux.

Dans un buisson dense et touffu

Portrait de Edmond Bartissol vers 1872. Il a alors 31 ans, le regard sérieux et déterminé d’un homme plein d’audace, prêt à conquérir le monde © DR

Décrire en quelques lignes un tel personnage tient d’une gageure car c’est tout un livre qu’il faudrait lui consacrer, comme l’a fait Jean-Louis Escudier. Né en 1841, au sein d’une modeste famille nombreuse implantée depuis des siècles à Portel-des-Corbières, Edmond Bartissol ne laissera pas de biographie vraiment précise sur ses origines et sa scolarité. à plusieurs reprises, il se plaira à modifier ses déclarations, préférant, par exemple, décrire une lignée paternelle dans la viticulture plutôt que dans la maçonnerie comme c’était réellement le cas, ou encore s’imposer progressivement en génial autodidacte, loin du studieux ingénieur dont il invoquait jadis les diplômes. De sa patronymie, qui aurait pour origine le mot “bartas”, il semble avoir cultivé le côté broussailleux afin d’égarer ceux qui auraient voulu savoir ! “Quoi qu’il en soit”, comme l’écrit Escudier, “Bartissol n’a pas suivi d’études supérieures et, à ce titre, doit être légitimement rangé parmi les entrepreneurs de travaux publics formés sur le tas”, et nous ajouterons : “si pas ingénieur, il fut cependant très ingénieux”.

Aux horizons du rail et des bateaux

Bartissol… un apéritif “tonique” à l’image de son éponyme ! Il est produit à Banyuls au sein du “syndicat de propriétaires” créé en 1904 par Bartissol et où 442 propriétaires adhérents apportent chaque année les raisins de leurs vignes © DR

C’est dans le sillage de son frère Jean, maçon comme leur père, mais qui avait quitté Portel pour se faire un nom dans la profession, que notre fameux Edmond va forger ses premières armes. Et elles seront d’un acier aussi solide que celui qui, dorénavant, composera les rails (innovation de 1860) qui le mèneront de par le monde. Son aîné a en effet été chargé par la Compagnie des chemins de fer du Midi de la construction d’une partie de la ligne de Narbonne à Perpignan et il va embaucher son cadet sur le chantier. Suite à ce travail, Edmond sera engagé à la gare de Narbonne où l’histoire raconte qu’à ses temps perdus il dessina les plans du bâtiment destiné aux voyageurs. Fort d’une expérience enrichissante lui ayant appris le sens des responsabilités et l’esprit d’entreprendre, c’est en Égypte qu’il décide de s’en aller. Il a 25 ans et, sans s’inquiéter des dangers, il part à l’aventure rejoindre les ouvriers des grands travaux de percement du canal de Suez. à la hauteur des connaissances techniques qu’il va y acquérir, les amitiés qui y naîtront lui resteront fidèles jusqu’à la fin de sa vie.

La frénésie de la construction

Cette période de sa vie paraît très décisive pour la suite car c’est après l’Égypte qu’il s’engage et emporte d’important marchés de travaux publics en France mais surtout en Espagne, au Portugal, en Grèce, etc. La liste ne peut être exhaustive tant Edmond Bartissol manifeste une frénésie de la construction. Immeubles, cités, ponts, tunnels, voies du rail et du fluvial… Il entreprend à tout va et partout. Pour exemple, Lisbonne lui doit son métro, Salonique son port tout comme Leixoès, et Perpignan sa première centrale électrique, ville dont il devient le fournisseur exclusif d’électricité. Rien ne lui fait peur. Pas même les crises financières, qu’elles soient personnelles ou conjoncturelles. Quand il se retrouve en difficulté, il montre une faculté impressionnante pour rebondir, tirant profit d’investissements improbables, comme il le fit au Mozambique. Et se doublant d’une respectable réputation professionnelle qui lui assure une crédibilité auprès des banques françaises, il se donne les moyens de mieux se relancer dans de nouvelles aventures.

Diversité à foison

Les travaux du rail “transpyrénéen” auxquels les Ets Bartissol participent, notamment ici pour la construction du tunnel (vue côté Porté) © DR

Un autre atout dont use Bartissol, c’est sa capacité à se diversifier. Les exemples sont multiples, certains très ambitieux, d’autres plus anecdotiques, comme celui de créer, à son retour de Suez, une fabrique de papier à cigarette. Devenu propriétaire de vastes domaines en Roussillon, il va alors investir dans la vente de vin. Mais décidé de se dissocier du négoce courant, il fonde, à Banyuls, un groupement professionnel, le “syndicat de propriétaires” et il devient éponyme du célèbre apéritif Bartissol qu’il produit avec 442 propriétaires adhérents. Par la suite, en 1906, il projette aussi de mettre en place un “trust des vins naturels du Midi”, une perspective accueillie avec chaleur par les viticulteurs alors que la crise viticole se profile à l’horizon tout proche. Dans les mêmes années, il va acquérir le château d’habitation et sa “folie vigneronne” de Ventenac-en-Minervois (qu’il revendra à Jean Meyer dont nous vous avons parlé dans notre chronique précédente) mais aussi le château de Sériège à la frontière entre Aude et Hérault.

À toutes ces intenses activités, Edmond Bartissol adjoint, et cela depuis bien des années, celles de l’homme politique. Député de belle notoriété aux côtés des républicains modérés, il essuie pourtant les revers de quelques déboires dans les Pyrénées-Orientales. Qu’à cela ne tienne ! Il s’en va donc en 1898 convoiter Narbonne où il se présente contre le maire en place, le docteur Ferroul. Et c’est alors qu’il fait reposer sa campagne électorale sur de grands projets de développement pour la ville, dont un port, et pour tout le Midi, avec un nouveau “canal des Deux Mers”. De grandes ambitions qui devraient se réaliser car, à la sortie des urnes, notre homme est vainqueur !

Mais puisqu’il nous fallait bien cette longue présentation en préambule d’un si vaste sujet, nous vous réservons la suite de cette saga du sieur Bartissol dans notre prochaine chronique.

Véronique Herman

Classé sous :Actualités Balisé avec :Canal des deux mers, canal du Midi, Château de Sériège, chronique au fil de l'eau, construction, Edmond Bartissol

Chronique au fil de l’eau : négociant-propriétaire, du canal du Midi à Paris en passant par Alger

15 avril 2022 By Redaction

Quand l’histoire d’un homme risque ses pas dans les grandes traces de l’Histoire d’un terroir et du vin puis qu’elle décide de lui faire suivre les mêmes chemins d’itinérance, tout en y laissant une empreinte singulière et fascinante…

Jean Meyer devant sa villa à Béziers © DR

Il est des destinées sur lesquelles s’attarder devient une vraie source de découvertes. C’est le cas de Jean Meyer, dernier propriétaire particulier du château de Ventenac-en-Minervois qui, de 1916 à 1932, exploita la fameuse “folie vigneronne” au balcon du canal du Midi. Nous avons choisi de vous parler de lui, parce, précisément, le parcours de ce petit bonhomme entreprenant et enjoué, féru de photographie avant l’heure et fasciné de sciences occultes, vient nouer ses liens dans la trame de notre précédente chronique, celle qui déroula au fil des eaux, douce et salée, son écheveau couleur “rouge vin”.

Des sommets d’Argovie aux collines biterroises

La folie vigneronne de Ventenac, construite au bord du canal du Midi en 1880 © DR

Du fait de son nom, Meyer, de nombreux anciens de Ventenac l’ont dit alsacien. Et pourtant, c’est de Suisse dont Jean est originaire, plus précisément du nord, du canton d’Argovie, aujourd’hui le quatrième canton viticole de Suisse alémanique. Né en juillet 1855 dans le petit bourg de Ryken, il grandit au sein d’une famille protestante de viticulteurs. Dès l’enfance, son caractère bien trempé s’affirme et, à l’adolescence, il se rebelle contre l’autorité austère de son père. Il n’a pas vingt ans quand il décide de quitter ses montagnes et de partir tenter sa chance en France. L’aventure qui débute alors va, après quelques détours, le mener au bord du canal du Midi.

Dans la diaspora protestante du vin

Arrivé sur le sol français, Jean rejoint tout naturellement la diaspora protestante. Il va y trouver les liens solidaires, affectifs et “économiques”, qui seront décisifs à sa destinée. Sa rencontre avec Albin Peyron est de ceux-là. Le célèbre officier de l'Armée du Salut œuvre sans relâche aux côtés de Blanche, son épouse, en faveur des démunis (créant les “soupes de minuit” pour les sans-logis, des “cités refuges” ou encore “le palais des femmes”). Mais il est aussi un important négociant en vin, ayant pignon sur rue à Montpellier, Nîmes… et Béziers ! Nous apprenons ainsi par une étude faite par S. Le Bras, maître de conférences à l'Université Clermont-Auvergne, qu’en cette fin du XIXe siècle en Languedoc, alors que le vignoble se reconstruit après la crise du phylloxéra, nombre de grands propriétaires de vignes font alliance avec des négociants et la majorité d’entre eux sont protestants voire souvent d’origine germanique... ou suisse ! Un vent très porteur pour notre “immigré huguenot”.

À “la grande rouge où Paris boit”*

Quai des Goulets à Sète © DR

L’esprit d’initiative et la personnalité dynamique de Meyer encouragent Peyron à l’engager dans son entreprise. Très doué dans le négoce et l’organisation, le jeune homme fait largement ses preuves. À vingt-cinq ans, “l’apprenti” négociant devient alors l’associé de son “maître” et, au fronton de l’entrepôt ouvert à Charenton (Bercy), se balance l’enseigne “Meyer & Peyron Cie”. Jean Meyer découvre alors ce lieu né en zone franche et aux vins détaxés, aux portes de la capitale. Depuis 1704, Bercy est “la ville des vins, qui renferme plus de tonneaux que Gargantua n’en aurait vidé en cent ans”, comme dira encore l’écrivain Aristide Frémine. Bercy avec, alors, 42 hectares d’entrepôts, est devenu le plus grand marché de vins et spiritueux au monde. On y déguste, vend, assemble et “mouille” des produits de toute provenance, mais surtout les vins du Languedoc de faible degré avec les “algéries” bien corsés.

Négociant et propriétaire

La mer de futailles de Charenton © DR

Plongé dans cet univers trépidant où le demi-muid est roi, Meyer fait ses armes et s’affirme dans le métier. Après Nîmes, où il épouse Blanche qui lui donnera quatre enfants, en 1890, il choisit Béziers pour s’installer. Le canal du Midi y passe et les barques de patron mènent les barriques à Sète ou à Toulouse. Puis, aussi, l’ensemble des lignes des Chemins de fer de l’Hérault sont en service depuis 1887. Alors que le Languedoc du vin est florissant, les affaires de notre homme vont bon train. À l’instar de ses pairs en métier et en religion, il se lance dans l’acquisition de domaines. Il devient alors négociant-propriétaire, évitant ainsi les intermédiaires entre la production et la vente.

La réussite

Meyer était un passionné de photographie et affectionnait tout particulièrement d’immortaliser de bons moments partagés en famille © DR

Les affaires marchent ! Son principal client est devenu l’armée. Et suivant le tracé du canal vers Sète, Jean Meyer acquiert Maraval au bord des salins de Frontignan puis Trédos à côté d’Agde en 1895. Ensuite, il jette son dévolu dans les Corbières sur l’immense propriété de Caraguilhes où sont produits plus de 200 000 hectolitres. Et enfin, en 1916, il est séduit par le double château de Ventenac, cette folie vigneronne avec son habitation et sa somptueuse cave de vinification qu’il achète en 1916 à l’ex-député Edmond Bartissol, lui-même négociant. Jean Meyer exploite les terres et produit un vin de qualité, mais n’y réside que les vacances et les “beaux weekends”. L’emplacement, au bord du canal du Midi, est parfait pour expédier le vin. La production y est alors annoncée de 100 000 hl/an. Il ajoute encore à ce patrimoine un petit domaine à Villepinte pour y soigner les chevaux au service des viticulteurs. Et pour compléter le tout, afin de s’inscrire lui aussi dans ce négoce avec les vins “de coupage” d’Algérie, il ouvre un entrepôt à Alger, dans l’arrière-port d’Agha !

Voilà donc retracée la réussite d’un autodidacte qui osa s’imposer.

Véronique Herman

* Aristide Frémine dans Bercy, ville inconnue, à trois kilomètres de Notre-Dame.

Classé sous :Actualités Balisé avec :Algérie, canal du Midi, diaspora, Meyer, Ventenac en Minervois, Vin

Chronique au fil de l’eau : Miroir ô miroir ! Dis-nous qui de ces deux naïades est la plus…

12 mars 2022 By Redaction

Immortelle ? La plus mystérieuse ? La plus précieuse et la plus symbolique des déesses d’eau douce ? Mais oui, qui donc de la belle nymphe ou du mollusque, cet étrange anodonte si peu charismatique, nous fascine le plus en offrant son aura aux profondeurs de la voie d’eau ?

Quand l’univers des naïades jaillit au miroir d’eau du canal du Midi. L’œuvre de François Boucher, intitulée Triton portant une conque aux naïades (1753), une sanguine au lavis et la craie blanche, dont la couleur sépia rappelle l’encre de la seiche, ce mollusque marin, nous a inspiré cette petite composition imaginaire. © V.Herman

Ainsi notre précédente chronique vous a emmenés à la rencontre des anodontes, ces crustacés bivalves d’eau douce, découverts dans les terres excavées par les grands travaux de réfection de berges. Poursuivons dès lors ce voyage dans l’univers des naïades en tentant de mieux cerner cet animal du peuple des eaux troubles du canal et dont les reflets verdâtres rappellent ceux du miroir d’eau.

Divin mollusque

Eh oui, du fond de sa coquille, notre anodonte peut se targuer d’avoir rejoint plantes et animaux de la gracieuse lignée des naïades ! Tel est le cas, depuis que l’homme, empreint de mythologie, usa du verbe et se servit du langage pour distinguer les nymphes aquatiques selon leur univers de prédilection, englobant alors sous de charmants vocables faunes et flores leur correspondant. Ainsi du lien étymologique avec le mot “nag”, celles évoluant au flux salé des vagues marines furent nommées néréides et celles peuplant les abysses en eau douce bénéficièrent de l’inspiration de terme “couler”, soit “naias”, pour porter le joli nom de naïades.

Dans le dédale des genres

Dialogue “formel” entre la Marie-Thérèse et l’anodonte du cygne, dont la symétrie des valves rappelle le dessin d’une barque mythique empreinte des symboles des passages et du “grand voyage”, ceux de la naissance, de la vie et de la mort © V.Herman

Et à l’instar des nymphes qu’il est parfois bien difficile de reconnaître dans le labyrinthe poétique des Grecs et des Romains, l’anodonte n’est pas toujours aisé à définir. Il appartient à la très nombreuse famille Unionidae regroupant les mollusques bivalves (“unio”, deux valves unies) d’eau douce et n’en représente qu’une sous-famille qui compte elle-même plusieurs genres. Au début du XXe siècle, le Museum d’Histoire naturelle en annonçait déjà plus de 40 taxons. Notons que certains, plus fragiles quant à la qualité de l’eau, aux dérèglements climatiques mais aussi ayant subi des prélèvements massifs soit pour la nacre ou simplement pour la coquille servant d’ustensiles divers, font partie des espèces très menacées et sous haute protection, tandis que d’autres sont devenus invasifs. Les scientifiques et biologistes eux-mêmes annoncent les difficultés de bien discerner les différences, parfois infimes et souvent complexes, pour ne pas les confondre. Nous voguerons donc prudemment en ces eaux parfois bien troubles.

Sa précieuse cousine

La mulette perlière, du nom de Margaritifera margaritifera sur une gravure la représentant ainsi que les différentes formes de perles que celle-ci peut produire. Illustration du livre de Brehms Tierleben, Allgemeine Kunde des Tierreiches (Connaissances générales du règne animal), 1893. © DR

Cherchant donc à identifier celle qui nous occupe et peuple le canal, que ce soit entre autres au creux de quelques méandres du grand bief ou alors, en amont, près de l’écluse de Castanet, au sud de Toulouse, il nous paraissait intéressant de faire un petit détour familial afin de la dissocier de sa cousine (autre sous-famille nommée Margaritiferidae) qu’est la mulette perlière. Contrairement à l’anodonte édenté, ce crustacé possède un système de dents et, sensible à la pollution, vit dans des eaux limpides à courant rapide. Aujourd’hui très menacée et donc protégée, cette moule d’eau douce est de taille plus modeste, sa coquille ne dépassant pas les 11 cm. Certains anodontes, eux, atteignent les 20 cm et la fameuse moule dite “chinoise”, la Sinanodonta woodiana invasive et dévastatrice, peut les dépasser très allègrement. Certes donc plus petite, la mulette dont il est question vécut pourtant des heures de gloire… qui lui valurent aussi sa perte ! Sa production de perles, que la légende attribuait aux larmes de Vénus, fut particulièrement exploitée dans les rivières vosgiennes. Elle contribua ainsi à sa renommée et à celle du duché de Lorraine. C’est du XVe au XIXe siècle que les couleurs laiteuses aux reflets violets ou ambrés de ses perles furent très appréciées pour orner de nacre les parures de cou et de chevelure de grandes dames, comme Marie de Médicis ou Marie Leszczynska, épouse de Louis XV, ou encore de bien d’autres duchesses de Lorraine. Mais cette exploitation massive fut exterminatrice car pour découvrir une perle il fallait ouvrir des mulettes par centaines. Aujourd’hui, quelques rares colonies existent encore sous haute protection : dans la Vologne mais aussi au Pays basque, dans le bassin de la Garonne et de l’Agout ou encore en Aveyron.

Voyage au pays du symbole

Caché dans le trou d’une pierre au bord de l’eau, voici le crapaud commun… Lui aussi a toute sa place bien efficace dans ce biotope des zones humides à sauvegarder. Et pourtant, sa silhouette disgracieuse et ses yeux dorés de rouge provoquent souvent la crainte et lui attire bien des ennuis. Menacé de disparition lui aussi, préservons-le. © V.Herman

Lors des pérégrinations de nos recherches, nous avons bien entendu rencontré les chemins de traverse que représente toute la symbolique de la coquille que ce bivalve parfaitement symétrique évoque. Suggérant l’enveloppe protectrice des organes féminins de la naissance, le coquillage, qui plus est, purifie les flux et devient dès lors l’icône des eaux primordiales, instigatrice du souffle de vie et de la beauté tant du monde aquatique que de l’univers imaginaire des nymphes. Ainsi s’impose l’image de la création de Vénus. La longévité de ces crustacés vient également alimenter le mythe de l’immortalité, puisque, si la plupart des mulettes et anodontes vivent plusieurs dizaine d’années, certains peuvent atteindre 250 ans… Les images symboliques associent dès lors la forme de ces deux coques assemblées à celle d’une barque mythique, protectrice, annonciatrice de “grands voyages”, de vie, de mort et de renaissance.

Cygne et poisson s’aimaient d’amour tendre

Passons maintenant au système de reproduction qui selon la branche de la famille est hermaphrodite ou unisexuée, soulignant là encore l’aura complexe de l’animal. Ovovipare, ils produit de quelques centaines à plusieurs millions d’oeufs. Après la fécondation et ayant atteints 0,1 mm, ceux-ci ont besoin d’un poisson hôte pour s’accumuler dans les branchies où ils vont se développer durant parfois plusieurs mois. Notre fameuse moule perlière procède de la sorte avec la truite faro.

Et comme nous l’avait glissé dans l’oreille notre “Colonel Canal” découvreur de la “bête” aux berges du canal, il semble bien que notre anodonte soit bien celui dit “du cygne”. Considéré parmi les grandes tailles du genre, il peut atteindre jusqu’à 20 cm de long et les anneaux de croissance de sa coquille marquent, comme ceux des arbres, ses années de vie. Lorsque le grand âge arrive, son umbo ou “bouclier charnière”, protubérance reliant les deux valves, s’use et devient luisant de nacre. Pour se reproduire, lui aussi a besoin d’un poisson hôte. Mais il est moins sélectif et “fraie” aisément avec la truite, la perche commune, le sandre ou encore l’épinoche, etc. Ce qui expliquerait des migrations aisées de l’anodonte du cygne par les activités des pêcheurs utilisant certains petits poissons en appâts. Si notre “naïade du cygne” ne semble guère menacée pour l’instant, il semble bien primordial pour le biotope et la bonne santé de notre canal de la préserver.

Véronique Herman

Classé sous :Actualités Balisé avec :canal du Midi, chronique au fil de l'eau, crustacés, mollusque, naïades

Chronique au fil de l’eau : quand le cœur de terre révèle les naïades

7 mars 2022 By Redaction

Certains les disent filles du dieu Océan… Seraient-elles, dès lors, venues se perdre dans le limon aux courbes du canal du Midi, risquant de faire quelques signes à la belle Téthys et de la rejoindre, en vain, en Méditerranée ?

Moules d’eau douce et moules de mer, un lien fait avec le tunage ou clayonnage dont il est question pour la réfection des berges et qui est une pratique de palissage utilisé en myticulture pour accrocher les petites moules… Ici en Charente-Maritime, pose de naissin (paquet de jeunes moules) sur un clayonnage par le boucholeur qui place des pelisses (morceaux de vieux filet avec les moules). © DR

Suite à notre précédente chronique, tout en suivant ce trait des bords de l’eau nouvellement redessiné, les enchevêtrements de racines et de limon, qu’ont dégagés les grands travaux attachés à la réfection des berges, nous ont ouvert la porte sur d’autres découvertes… à la rencontre de quelques nymphes aquatiques. Mais rendons à notre “Colonel Canal” ce qui est à ce passionné de la voie d’eau ! C’est en effet lui qui, observateur chevronné de tout ce qui se déroule sous son balcon aux horizons du canal, nous a inspiré cette page sur un animal bien singulier qu’est “cette espèce point anodine que sont les anodontes”, comme il me le déclara.

Bivalves d’eau douce échoués

Mon “Colonel Canal” prend les mesures ! Cet anodonte-là trouvé sur le grand bief dépasse les 13 cm. © J.P. Janier

En effet, dans le grand remue-ménage qui se déroule autour des importantes excavations de terre bordant le canal, les godets des pelleteuses ne charrient pas que des sédiments, des racines et des végétaux, ils emportent également une certaine faune aquatique, celle dépourvue d’attributs lui permettant d’échapper au joug de la griffe mécanique. C’est ainsi que d’importants bivalves d’eau douce, certains mesurant près de 15 cm et identifiés de la famille des anodontes, se retrouvent aujourd’hui au sec, sur les francs-bords, et sans aucun moyen pour regagner leur milieu aquatique alors qu’ils vivaient paisiblement dans la vase, blottis au fond du lit contre les berges. Bien heureusement, nos fameux coquillages ont développé d’ingénieux processus leur permettant d’affronter temporairement ces situations délicates.

Pourvu que ça ne dure pas !

Exceptionnellement exondé (comme, ici, lors de périodes de chômage ou encore d’assèchement d’étang), notre mollusque se ferme solidement comme une huître et bloque ses “siphons”. Il s’isole, immobile, attendant un peu que cela se passe, à savoir parfois durant plus d’un mois… Une “mise en sommeil” qui peut même se prolonger si c’est dans une terre humide. Ce temps suspendu est donc sans réelles conséquences, pour autant que certains prédateurs, faisant fi d’une chair dure, caoutchouteuse et sans saveur, qui plus est impropre à la consommation humaine, ne viennent pas allégrement se gaver de ces “fruits de mer” (c’est dans cette catégorie que quelques-uns s’entêtent à classer notre moule d’eau douce !) servis dès lors sur un plateau terrien.

Repas de choix du ragondin

Un glouton ragondin amateur de crustacés filant sur les eaux du Somail © V.Herman

Le glouton ragondin, grand amateur de crustacés, fait partie de ceux-là. Il dévore ce plat de choix après avoir fracassé l’épaisse carapace de ses solides incisives orangées. Il est en effet un des rares, avec quelques rats musqués, à parvenir à briser la coque particulièrement dure des anodontes sans s’y casser les dents. L’émail de ces dernières est précisément renforcé par du fer, ce qui les rend très solides et leur donne cette couleur rougeâtre suite à l’oxydation provoquée par le contact de l’air et de l’eau. Gageons que ne tardera pas le replacement des terres aux berges du canal, contre le tunage, et que les anodontes seront bientôt “exfiltrés” et retrouveront leur bain salutaire. Espérons aussi que quelques promeneurs curieux et inconscients, voire peu scrupuleux, ne viennent à la “chasse aux moules” (immangeables), et ne privent le biotope du canal de cet animal aux vertus considérables.

Le laboureur du canal

Remis à l’eau notre anodonte a vite fait de sortir son pied charnu pour tenter de se déplacer © V.Herman

L’anodonte fait en effet partie des organismes filtrants des eaux douces qui participent à la purification du milieu aquatique, dont il prélève les déchets organiques, se nourrissant de débris animaux et végétaux, sans guère se soucier d’une quelconque pollution... s’il en est. Sa vie dans les fonds sableux et vaseux où il s'enfonce, se passe à la “verticale”, dressé sur son pied. Eh oui, notre “bestiole” possède un pied. Un appendice charnu qui, par étirement et contraction, lui permet de “tracter” sa lourde double coque à laquelle son corps ainsi protégé est attaché par un “manteau”. Lentement, le crustacé n’a de cesse de se déplacer dans l’eau (uniquement !) car contrairement à sa lointaine cousine la moule de mer, jamais il ne se fixe. De son pied, il fouille la vase sans relâche, la “laboure” tel un soc de charrue et soulève la matière dans laquelle il trouve ses nutriments. C’est l’extrémité postérieure de la coquille qui, seule, dépasse du limon. Les deux valves restent à peine entrouvertes, à l’endroit où se situent les orifices de deux tubes internes, nommés les siphons qui sont de vrais méats aspirant continuellement l’eau nécessaire à la respiration et à la nutrition.

Des naïades édentées à préserver

Ayant pris contact à ce sujet avec Émilie Collet, responsable du bureau environnement et paysages pour les Voies Navigables de France Sud-Ouest, nous apprenons qu’aucune alerte n’a vraiment été donnée quant à la présence de cette espèce sur le grand bief, ni surtout quant à un éventuel souci de prolifération, comme il en est question à certains endroits avec certaines “moules zébrées”, “chinoises” ou autres. Si lors de la mise à sec des biefs, notamment au-dessus de l’écluse de Castanet en Haute-Garonne, ces mêmes naïades ont été repérées, il s’agit donc bien de les préserver. Afin de mieux les connaître, nous leur consacrerons une suite dans notre prochaine chronique.

Véronique Herman

Classé sous :Actualités Balisé avec :canal du Midi, chronique au fil de l'eau, naïades, Véronique Herman

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