Et voilà que le sieur COVID nous contraint, en cet automne, à un remake du printemps mais, cette fois votre chroniqueur ne baisse pas les bras. Nous allons vous parler de films dont la sortie était annoncée et qui émergeront après confinement ou de quelques œuvres glanées en ligne ou programmées à la télé. Le tout suivant l’humeur du moment. Gardons le moral ! |
France 2019
Réalisation : Albert Dupontel
Durée : 1 H 27
Avec : Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas MARIÉ, Jackie Berroyer
Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l'enfant qu’elle a été forcée d'abandonner quand elle avait 15 ans. Voici un regard amusé et critique sur le monde dans lequel nous vivons. C’est une tragédie burlesque qui fait se rencontrer deux désespoirs : Une coiffeuse condamnée par une maladie professionnelle et un informaticien qui blesse gravement un de ses collègues en tentant de se suicider. Le propos est grave mais le spectateur voyage en même temps dans l’absurde. Nos deux personnages sont assistés des facéties d’un espèce de bougre peu commun, un ancien employé de l’EDF devenu aveugle suite à une bavure policière et recasé car « ça se fait entre ministères », chargé aux archives des dossiers d’accouchement sous X. Cela nous vaut une interprétation énergique et inventive de Nicolas Marié. Ces trois là vont vite se retrouver embarqués dans une série de quiproquos qui les dépassent. Notre spectateur va donc voyager avec eux dans un humour débridé sans omettre toutefois les thèmes qui caractérisent la société actuelle. L’intégration sociale, l’amour, la paternité, la dépression, le dépassement de soi, la police, les entreprises du CAC40, la souffrance au travail, l’aseptisation des villes nouvelles, l’addiction au portable et à l’informatique…Tout cela défile à un rythme effréné agrémenté d’absurdités qui nous renvoient au faits qui constituent notre vie réelle. Chaplin et ses « temps modernes » ne sont pas loin. La tendresse et l’émotion y sont également présentes. C’est le moment d’évoquer ici cette Suze Trappet, coiffeuse condamnée pour avoir utilisé trop de laque et qui « meurt d’un excès de permanente ». Elle est d’une grande sensibilité, d’une fragilité qu’elle ne peut cacher et qui se traduit aussi par ses vêtements dont elle ne change jamais. Sa jupe droite noire et des petits talons révèlent une sorte de féminité typée genre BD. Cela lui donne une démarche qui empêche les grandes enjambées sans qu’il y ait la moindre volonté de séduction. Virginie Efira, au sommet de son art, nous en livre une interprétation qui ne peut cacher qu’elle aime voir son corps exister à l’écran en utilisant la démarche de son personnage. Rien à jeter dans sa palette d’actrice pleine de justesse.
Jean Segonne