Mentions anciennes : villa Cella-vinaria, 869 ; La Lavineria, vers 1032-1060 ; Lavineira, 1069 ; prieuré de La Livinière, 1661 ; La Livigniere, 1740-60 ; La Liviniere, 1740-60, 1770 (Cassini). Probablement domaine gallo-romain, dérivé du gentilice latin Lavinius, mais altéré sous l'influence de l'ancien occitan vinièra, “vigne” . Cella, “monastère”, dont l'adjonction est attestée par les références de 1102 et de 1182 a été remplacé par l'article défini “la” (Hamlin). Latin Lavinius et suffixe -aria ; agglutination tardive de l'article ; on peut penser aussi à une altération de la viniero, le vignoble (Dauzat–Rostaing, Dictionnaire des noms de lieu de la France). Il existe Les Vignères dans le Vaucluse. “Les habitants sont surnommés los vinhairons, à cause du nom la viniero, vignoble” (Claude Achard, Dictionnaire satirique des sobriquets de l'Hérault). C'est dire si la vigne a de l'importance ici, et ce depuis les Romains. Le travail des vignerons a été récompensé par une appellation “Minervois La Livinière” en 1999. Six communes, quarante caves et 400 hectares font partie de l’appellation mondialement reconnue.
Proverbes : a La Livinièra, tiran la panièra (on traîne le panier, on n'a pas grand chose). Les gens de Félines disaient : a la Livinièra se i a pas de langosta, i a pas de bon dinnar (sans langouste pas de bon dîner) ; c'est pour ça qu'ils n'ont pas grand chose, par goût des bons repas ? Sur la vigne, Mistral nous dit : “Aquò es la vinha de mossur Seguin, bèla rama, pauc rasim” (c'est la vigne de monsieur Seguin, beau feuillage, peu de raisin) ; c'est un m'as-tu-vu. Pour de belles vignes, il faut être sur place pour s'en occuper : vinha près es sens pretz (vigne proche est sans prix) et a l'ombra del mèstre creis la vinha (la vigne pousse à l'ombre du maître).
Saint-Julien-des-Molières ou des Meulières, Sant Julian de las Molièras. à l'origine, Sanctus Julianus de Lavinièra, 1351 ; Saint Julien des Mollieres, Cassini, 1770. En fait, Meulières ou Molières, c'est la même chose en français ou en occitan (mòla, la meule). Le village n'était à l'origine qu'un regroupement de maisons d'ouvriers des meulières. Voir pour plus d'explication le sentier aux panneaux fort bien documentés.
Proverbe : mefisatz-vos d'un cotèl que ven de la mòla e d'un capelan que ven de l'escòla (méfiez-vous d'un couteau qui vient de la meule et d'un curé qui vient de l'école) (Mistral).
Texte et photo Yves Séguier