L’état d’urgence sanitaire, depuis le 23 mars de l’an dernier, régente notre vie quotidienne. L’incertitude des lendemains et la longueur de la crise mettent notre moral à rude épreuve. Cueillir, au ras des pâquerettes, quelques modestes gestes de résistance : programme de « détox » printanière !
Durer pendant la pandémie, ce n’est pas uniquement courber l’échine devant les injonctions. Nous voilà capables depuis tous ces mois consécutifs - et cela n’est pas terminé - de consentir, plus ou moins contraints et contrits, à des efforts et sacrifices quotidiens, dans tous les domaines et à tout âge, et qui que l’on soit. Au fil de « micros - trottoirs » furtifs et de « micros - garrigue » fortuits (la saison de ramassage d’asperges sauvages commence !), les gens interpellés s’expriment sur leurs joies et difficultés au jour le jour. Il se dégage de leurs réponses non seulement un besoin de faire le dos rond mais une furieuse envie de s’en sortir.
A chacun sa méthode
Une telle rythme ses matinées par le passage à la petite épicerie de village, bien utile au-delà de sa vocation strictement commerciale. Et l’après-midi est consacrée à une scrabble-party en comité très restreint chez une autre dame férue de jeux de société. Avec les appels téléphoniques de la famille au loin, la lettre pastorale remise chaque dimanche par une amie (pas facile de garder ce lien spirituel lorsqu’il n’y a pas d’Internet) et le passage de l’une ou l’autre voisine ou élue municipale, le moral reste globalement bon. Un tel s’amuse à construire des cairns (amas de pierre disposé artificiellement) et autres réalisations minérales lors de ses escapades dans la nature. L’art éphémère pour apprivoiser la lourdeur du moment…

Une telle encore se raccroche à la fréquentation conviviale (malgré gestes barrières et tout le toutim) de la bibliothèque municipale, toujours bien achalandée en livres et revues, ainsi qu’en bandes-dessinées, qui parfois suivent l’actualité des articles parus dans le journal La Semaine du Minervois : ainsi cet ouvrage écrit par Leïla Slimani et illustré par Clément Oubrerie (Editions Les Arènes) au sujet de la vie extraordinaire de Suzanne Noël. (Rond Point près de l’entrée Nord - Ouest de Narbonne)
Un tel encore crée d’étranges silhouettes dans son jardin, en recyclant bois divers, objets de récupération et vieux outils agraires… Des présences silencieuses mais si originales. Sans oublier cet employé d’une animalerie des environs qui, quasi obligé de prendre en charge un petit chien lors du premier confinement, l’a définitivement adopté malgré deux autres canidés, un chat et deux tortues à domicile. D’ailleurs le nombre de maîtres ou maîtresses qui promènent des chiens ou qui ont investi dans un ou deux chevaux au pré, a sensiblement augmenté depuis le début de la pandémie… Parfois avec bonheur… parfois moins, vu la surcharge de travail. Mais ceci est une autre histoire !
Christiane Lehmann