Réalisation : Todd Haynes
Durée : 2 H 07
Avec : Mark Ruffalo, Anne Hathaway, Tim Robbins, Bill Camp
Robert Bilott est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée par une usine d’un puissant groupe chimique. Afin de faire éclater la vérité, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie. Nous voici dans le cadre du cinéma de dénonciation. Ce dernier s'attache surtout à un citoyens lamda, à sa trajectoire et aux dangers – d'ordre psychique, émotionnel, voire mortel – que ces êtres affrontent. Ici le scénario est tiré d’une enquête journalistique. Tout est situé dans un passé récent mais dans ce monde contemporain on peut remplacer la société incriminée par celle commercialisant par exemple un certain herbicide et voir à quel point pas grand chose n’a changé. La caméra souple et discrète ne lâche pas notre lanceur d’alerte auquel Mark Ruffalo prête non seulement sa moue mélancolique, sa silhouette lourde mais aussi son intégrité obstinée. Il est d’un naturel très sobre. Q’à cela ne tienne, le fin directeur d’acteurs qu’est Haynes met tout le film au diapason de son interprète principal. Les bruits feutrés sont soulignés par un mauvais temps très présent et les voix sont posées. Méfiant, refusant les partis pris et foncièrement sur la réserve par nature, Rob Bilott, comme la plupart des lanceurs d'alerte, est déjà un personnage solitaire au début de l'histoire et, comme souvent, les événements qui se déroulent ne font que renforcer cet isolement. Il faut dire qu’il n’a pas la partie facile car il instruit une affaire de pollution tentaculaire représentant les victimes contre un géant multinational : le succès du téflon qui rend les poêles à frire non adhésives cache la nocivité cancérigène du produit. Sa fabrication a pollué les eaux de l’État de Virginie, provoqué des décès et des naissances de bébés mal formés mais aussi procuré de l’emploi à un État qui en avait besoin. Ainsi les victimes vont trouver face à elles une multinationale et le ressentiment des habitants. Tout cela nous est décrit avec un montage anxiogène notamment dans un parking souterrain pour une palanquée de réunions où on se crêpe le chignon entre gens de bonne compagnie et quelques virées à la campagne sous un ciel toujours menaçant.
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Jean Segonne