La France des villes se verdit quand celle des campagnes s’assèche. Au lendemain du deuxième tour des élections municipales, dans de nombreuses cités, les gauches et les écolos ont réussi certaines alliances heureuses. La tendance de fond est à se détourner des partis historiques pour tenter l’engagement vert. Face à une situation écologique gravissime et toujours mise au second plan des politiques, il semble qu’il faudra encore beaucoup d’élections pour qu’une mobilisation politique soit à la hauteur. Le lendemain, on a entendu le président Macron réagir à la Convention citoyenne sur le climat : il a bien entendu son peuple “qui veut manger local et isoler sa maison”. Il a évoqué sa promesse de poursuivre les programmes pour isoler les habitations : on est sauvés, on pourra supporter les étés caniculaires enfermés dans nos salons ! Sursaut individualiste, recul sur soi, déni des politiques ? On est encore loin de solutions adaptées. Qu’à voir chez nous, au coeur du désastre écologique, au premier plan de l’extinction des espèces, où vivent les premières victimes européennes du dérèglement climatique, les élections sont le lieu de résistance inversée. L’idée qui anime quelques villageois énervés est de faire barrage aux idées neuves. On savait déjà que la vague “pelut” avait provoqué quelques allergies il y a trente ans, mais à l’heure où de nombreux nouveaux villageois s’investissent au village, faudrait quand même pas “déconner”. Il ne s’agirait pas que la ruralité change plus vite que les villes ! Bon, faut pas mentir, quelques listes citoyennes portent des projets écologiques, ont réussi à mélanger les cultures et à jouer collectivement. Dans certains villages, elles se sont imposées face au vide et se sont construites entre tradition et nouveauté. Ailleurs en revanche, le recul sur soi est à l’oeuvre. On a vu rejaillir un certain racisme qui ne dit pas son nom. La peur du changement, de l’urgence et des propositions a remis en exergue cette idée floue et dangereuse qu’être né ici vaudrait bien mieux qu’un programme d’actions.
Catherine Jauffred