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Chronique cinéma : Rouge, un polar écologique
Réalisation : Farid Bentoumi
Durée : 1 H 28
Avec : Zita Hanrot, Sami Bouajila, Céline Salette, Olivier Gourmet
Le récit se situe dans une nature montagneuse si imposante qu’elle apparaît immuable. Et pourtant, on y trouve une usine chimique où Nour, une infirmière, effectue ses premiers pas. Elle est en terrain connu puisque son père, Slimane, délégué syndical, fait partie des meubles. Mais les mauvaises surprises s’amoncellent. Dossiers de santé des salariés incomplets, visites médicales pas à jour, manquements répétés à la sécurité, la soignante veut remettre de l’ordre. Or, son père l’invite à ne pas faire de vagues. Un contrôle en cours pourrait mettre en péril l’agrément de l’usine et sa pérennité. Emma , une journaliste indépendante, n’a pas les mêmes préventions. Elle enquête sur des rejets de déchets dangereux et demande à Nour de l’aider à trouver des preuves. Les deux jeunes femmes vont peu à peu découvrir cette usine, pilier de l’économie locale et les destructions provoquées par un capitalisme avide de profits et assurant en façade matérialité économique politique et confort social. Rouge captive lorsqu’il touche à la question sociale et au dilemme apparemment insoluble de l’ambigüité entre la sauvegarde de l’emploi et le respect des normes sanitaires C’est l’une de ses qualités. La bonne idée du cinéaste est de placer cette contradiction au sein d’une famille. Il s'articule en thriller et cache bien des secrets. Entre mensonges sur les rejets polluants et autres accidents dissimulés, Nour va devoir choisir : se taire ou trahir son père pour faire éclater la vérité. Cette chronique écologique coriace met en avant les mefaits des actionnaires tout puissants. Mais votre rédacteur extrapole. Nous sommes surtout face à un drame intime où les générations rentrent en collision. Tout cela nous est servi avec suspense et émotions. Même si les problématiques de l'usine et les conditions de travail des salariés sont au cœur le cinéaste signe un polar qui ne prend pas parti même s’il oppose la jeune génération à ses ainés qui ont épuisé les ressources. Il interroge les rapports intergénérationnels et donne à voir des Français issus de l’immigration sans les caractériser ni les cantonner à cette identité. Il prend soin de poser des questions sans apporter de réponses tout en invitant le spectateur à une réflexion susceptible de faire évoluer les choses.
Au théâtre à Narbonne
Jean Segonne