
Récemment, Madame Marie Baltazar, Ethnologue-Anthropologue au LISST (Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités Sociétés Territoire) situé sur le campus du Mirail de l’université de Toulouse s’est rendue à Villeneuve dans le cadre d’une thèse relative à la sonorisation des villages. Cette innovation est un fait régional puisqu’elle ne couvre que l’Aude et partie des départements limitrophes. Elle a consisté à placer des haut-parleurs sur le clocher de l’église et en divers points hauts de la commune afin de diffuser différentes informations par un moyen de communication moderne. A Villeneuve elle est intervenue en août 1948. La modernité était donc actée par l’amplificateur et le micro, dans un premier temps par voie filaire, puis par fréquence radio. Le progrès a eu, par voie de conséquence, la fin du Tambour.
En effet la vie publique était rythmée auparavant par les roulements des baguettes de ce tambour aux cuivres étincelants, au large baudrier de cuir noir passé sur les épaules du garde champêtre. Il était très respecté Monsieur Flingou, coiffé d’un képi arborant l’écusson de la République. Le roulement des baguettes sur le cuir tendu attirait les familles sur le pas de la porte et les conducteurs de chevaux ralentissaient le pas de l’attelage pour l’écouter. Il lisait sur le feuillet sur lequel était inscrit la publication roulée dans un étui. Les avis de la mairie, les injonctions officielles de la préfecture précédés de la formule, sacramentelle « Il est porté à l’avis de la population ». Les annonces de l’installation des commerçants sur la promenade étaient également clamées. Monsieur Joseph Rigaud devenait ainsi le speaker du village. La modernité a emporté les échos et la poésie roucoulante du Tambour. Mélancolie.
Guy Cano