Alors que la municipalité de Rieux avait déjà été confronté aux désirs de la compagnie allemande Volkswind d'installer un parc éolien sur ses terres, voici que la commune de Siran se trouve dans la même situation. Cri d'alerte des viticulteurs et citoyens de la commune en pleine finalisation de l’appellation AOC.

Pour Guy Sabarthès, viticulteur et président du syndicat Alliance Minervois, ce n'est malheureusement pas nouveau. Sur les tablettes depuis 2019, il se dit « habitué à voir des projets qui fleurissent régulièrement ». Pour lui, « l'unique appellation communale du Minervois, le cru La Livinière, considère ce projet totalement incompatible avec les orientations prises à la fois, par le syndicat, et les entreprises, dans le cadre du développement durable ». Il faut préciser en effet, que c'est « la préfecture qui aura le dernier mot, » déclare Guy Sabarthès, « mais nous avons déposé une saisine auprès du ministère de l'agriculture, car nous ne sommes pas sûrs de la pertinence du projet. Outre l'impact économique (tourisme et vin), il y a aussi de grosses interrogations concernant la préservation de notre environnement ». Le lieu est en effet une aire connue pour trouver des espaces de nidification d'oiseaux endémiques comme l'alouette Calendrelle ou le Milan. Il en va de même pour les flux de migration qui passent directement par la zone impactée. « Ce que nous craignons » ajoute le président du syndicat « est que si un tel projet est accepté, cela ouvre la porte à d'autres projets de la même ampleur».
Effectivement les interrogations sont nombreuses, puisque, comme nous le mentionnons dans notre dernière édition, ce « coin de pays » est en pleine tractation pour obtenir le label de Grand Site de France. À titre de rappel, ce label est reconnu pour mettre en valeur les paysages, favoriser leur préservation, connaître, protéger et valoriser le patrimoine culturel, architectural et urbain, améliorer la qualité d’accueil tout en favorisant le développement économique local. De ce fait, l'implantation d'un parc de 9 éoliennes de plus de 120m de haut au beau milieu de ce territoire lui fait perdre alors toute sa pertinence, aussi financièrement alléchant soit-il. Car pour que le projet s'installe, il faut aussi que certains propriétaires fonciers aient accepté la location de leur terrain. À ce stade, aucun d'entre eux n'a été identifié.
Un projet qui touche plusieurs communes

La municipalité de Siran ne sera pas la seule à être impactée. Pour Delphine Glangetas, Responsable de la Commission Communication du domaine de l'Ostal : « Toutes les communes de l’appellation ont émis un avis défavorable. » Et elles ne sont pas seules. En effet, la LPO (Ligue Protectrice des Oiseaux), l'OGF (Opération Grand Site) et même l'INAO (Institut National de l'Origine et de la Qualité) ont toutes émises des avis défavorables. Elle précise que « l'état ne peut pas reconnaître les différents labels (NDLR : tel que l'AOC qui, après l'accord de l'état français, n'attend plus que l'aval de l'Europe) et accorder une défiguration du paysage en parallèle ». Mais ce n'est pas tout, les députés français sont aussi en train de travailler sur une loi de conservation des terres agricoles dans les semaines à venir, ce qui va, bien évidemment, à l'encontre de tels projets. La responsable des communication espère aussi une mobilisation des populations proches du projet notamment celle des habitants de Pépieux. En effet, ces derniers seront géographiquement plus près des éoliennes que les habitants de Siran et subiront donc plus directement les conséquences d'un projet sur lequel ils n'ont, pour l'instant, aucun contrôle.
Actuellement sur le bureau de l'INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), ce projet inquiète énormément M. Caze le propriétaire du domaine de l'Ostal. Pour lui, l'équipe en charge de la gestion du domaine a toujours travaillé à la conservation du paysage et de la nature environnante : « C'est toujours pareil qu'il a 20 ans » déclare t-il à l'équipe, « vous avez réussi à conserver la beauté du terrain ».
Il a bien évidement contacté d'autres gros propriétaires du territoire afin de faire front et d'agir de concert. Une réunion était prévue la semaine dernière pour mettre en place une action commune.
Tristan Geoffroy