Et si l’on profitait de la dynamique créée par les élections en 2022 et 2023, qui s’annoncent électriques, pour agrémenter le débat avec des projets plus pertinents pour notre pouvoir d’achat, l’environnement et l’emploi en milieu rural ! Voici quelques réflexions et suggestions, émises par monsieur Daniel Gros, chef d’entreprise à la retraite et domicilié à Villeneuve-Minervois, sur cette crise énergétique que nous traversons.

Parmi les nombreux projets suscités par la réglementation européenne relative à la promotion des énergies renouvelables et la loi de transition écologique fixant des objectifs ambitieux, la production des biocarburants (ou carburants verts), de deuxième et troisième génération, est l’un des mieux adapté pour notre département, vu les tarifs actuels des énergies fossiles et notamment du pétrole. En effet, ce ne sont pas les ressources qui manquent pour fabriquer ce type de produit (agricole, forestier et sous-produits, cultures dédiées, déchets organiques, etc.), pour implanter une activité “agro-industrielle” nouvelle et séduisante en période de crise économique et qui serait bien venue dans le Haut-Minervois. Celle-ci offrirait des débouchés complémentaires aux filières agricoles, créerait des emplois en milieu rural, améliorerait la qualité de l’air en réduisant la dépendance énergétique pétrolière et l’émission de gaz à effet de serre entre autres… Il est à noter que les agriculteurs en seraient les premiers bénéficiaires avec l’utilisation du “fruit” de leurs productions dans leurs exploitations. Actuellement, des activités agro-industrielles innovantes et valorisantes, avec la fabrication des biocarburants, attirent d’importants groupes industriels qui recherchent des opportunités d’implantation, afin de se diversifier, en profitant des nombreuses aides environnementales. Ne manquons pas cette occasion !
Quelques chiffres*
La France est le cinquième producteur mondial d’agrocarburants, avec 2 millions de tonnes produites sur le territoire, après les États-Unis et le Brésil (loin devant), viennent ensuite l’Indonésie et l’Allemagne, la Chine et l’Argentine nous talonnant à la sixième et septième place. La France est le premier producteur d’éthanol et exporte environ un quart de sa production dans le reste de l’Union européenne. C’est le second producteur européen de “biodiésel”. Environ 3 % de la surface agricole française est consacrée à la production de biocarburants (colza, betteraves sucrières, céréales…). Il est à noter que la mise en culture des terres abandonnées en friche, avec des plantations appropriées, permettrait d’augmenter ce pourcentage de façon non négligeable. La filière française de bioéthanol représente 4000 emplois directs et 5000 emplois indirects ; ce carburant peut être obtenu avec certains résidus vinicoles (marc de raisin et lies de vin). Les produits obtenus lors du processus de production (drêches, pulpes et tourteaux) sont destinés à l’alimentation animale. La filière française de biodiésel représente quant à elle 20 000 emplois dont 12 000 emplois directs. Pour information la société montpelliéraine Biotech Deinove, implantée à Grabels, avait reçu un million d’euros pour “booster” le biocarburant. Le port de Sète mise sur le biodiésel et les carburants verts. à Montpellier, depuis juillet 2020, 15 bus “propres” roulent au bioéthanol de marc de raisin produit dans le Gard, un bel exemple privilégiant les circuits courts !
En conclusion, d’autres départements en France ont développé depuis quelques années des unités de fabrication, avec des ressources dont ils disposaient. Pourquoi pas nous ? Cela donnerait plus de richesse et de notoriété à notre région et permettrait de faire sortir la ruralité de son isolement…
Propos recueillis par Guy Cano
* Source ministérielle