La Semaine du Minervois

Hebdomadaire du territoire Minervois

  • Accueil
  • Nos sections
    • Tous les articles
    • Toutes les brèves
    • Toutes les humeurs d’Alfred
    • Tous les éditos
    • Toutes les unes
    • Toutes les pages Jeunesse
  • Nos points de vente
  • Nos annonces
    • Annonces légales
    • Petites annonces
    • Publicité
  • S’abonner
  • Soutenez le journal !
  • Qui sommes-nous ?
    • L’équipe
    • Correspondants
    • Écrivez !

Chronique au fil de l’eau : quand la motivation économique emprunte des voies sulfureuses à mettre le feu aux étoupes

22 avril 2021 By Redaction

Étonnant chanvre que nous retrouvons sur ce chemin de mots et d’histoires et qui dévide son écheveau de lieux prospères en lieux obscurs, tel un fil d’Ariane à suivre dans un labyrinthe où l’homme s’égare et se perd corps et âme

Étoupe en chanvre que l'on goudronne et huile pour calfater de façon traditionnelle en l'insérant en force entre les bordées d'une coque en bois 

Parmi les arguments de poids qui vinrent donner raison à notre bon Riquet, et justifier de sa gigantesque entreprise de rallier l’Atlantique à la Méditerranée, celui des grandes foires commerciales d’Occitanie eut toute sa place. En effet, aux yeux de Louis XIV à travers la « loupe inquisitrice » et intéressée de Colbert , si unir Neptune, le romain, à Téthys, la Grecque, avait tout son sens c’était avant tout en comptant fermement sur l’intervention active d’Hermès doublée de celle de Mercure pour que fleurisse l’axe royal du commerce fluvial « entre deux mers »… tout en laissant dans la pénombre Aphrodite et Vénus jouer à leurs jeux interdits.

Les saints des foires

Les eaux du canal à Roubia ont vécu la rencontre symbolique de trois bateaux emblématiques du commerce fluvial sur le canal du Midi : de droite à gauche, le "monument historique" de 1855, la dernière barque de patron la Marie-Thérèse qui arrive près du Willy, Bateau d'Intérêt Patrimonial (le 1000ème bateau labellisé) rangé aux côtés du Tourmente, "un commerce" en activité.

Il faut dire qu’au XVIIe siècle, en 1687 exactement, le recensement dans l’intendance du Languedoc dénombrait 619 foires à dates fixes et 131 à dates variables. Et si aux origines très lointaines se retrouvent souvent les traces de lieux de rassemblement, de carrefour de rencontres, où se mêlent régulièrement les cérémonies primitives au troc des hommes nomades, l’Antiquité créa ses comptoirs (l’emporion grec et l’emporium romain) et le Moyen Age désigna distinctement ses marchés et ses foires sur des champs nommés « foirails ».

Pour ces dernières, le choix des dates fixes, avec le développement du christianisme, s’associera aux noms de saints dont la fête viendra régulièrement remplacer des manifestations païennes (exple les solstices et la Saint-Jean). C’est d’un bout à l’autre du tracé du canal royal du Languedoc que se situent ainsi des points, plus au moins importants, plus ou moins proches du linéaire, constituant une trame économique essentielle.

De Toulouse à Beaucaire en passant par Sète

Écheveau de chanvre rangé en tresse, ayant appartenu au célèbre Vasa, bateau suédois de 1628 

Toulouse est alors une ville reconnue pour son commerce d’étoffes et de draps, ses riches marchands et sa foule de petits échoppiers. C’est également un centre de minoterie et de négoce de grains. Ils s’y organisent de nombreux marchés, certains très convoités, et des foires, dont celle de la Saint-Michel en septembre. Albi, Castelnaudary, Carcassonne, Narbonne et Béziers sont certes à citer mais celle qui a acquis une réelle notoriété au niveau internationale, c’est Beaucaire, avec sa foire de la Madeleine.

Il n’est pas incongru de supposer que la haute position économique de cette ville guida la décision de Riquet de ne plus donner à son canal un aboutissement à Narbonne mais bien dans l’étang de Thau, en communication avec ce fameux port de Sète qui lui demanda tant d’énergie et de déplacement.

« Fil » de joie

Au XVIIe et au XVIIIe siècle les prostituées qui étaient arrêtées avaient des "travaux d'intérêts généraux" rédempteurs à effectuer. Battre le chanvre en faisait partie. Ce chanvre dont elles avaient pu se servir pour étourdir les moins habiles lors de leurs pratiques sulfureuses. Propos illustrés par cette gravure "Progrès de la prostituée dans la prison de Bridewell"  par William Hogarth Wellcome Collection (CC BY 4.0)

Mais que venaient donc faire Aphrodite et Vénus sur ces champs de foire ? A l’époque, la fréquentation de ces grands rassemblements de négociants, de producteurs, de voituriers et de visiteurs, souvent fortunés, était essentiellement masculine, ce qui ne manquait pas d’attirer une gente féminine peu farouche, prête à tirer profit de leurs charmes durant les incontournables moments festifs. Plaisirs de la table, des cabarets, du jeu et de la débauche sans compter faisaient partie des distractions indispensables au succès de toute bonne foire, digne de ce nom. Celles qui portaient le nom de « filles de foire » participaient dès lors à la réussite de l’organisation et d’autant plus si elles répondaient à l’expression de « mettre le feu aux étoupes ».

Revoici donc notre chanvre, celui dont on faisait les draps et calfatait les barques, mais que certaines de ces dames, les plus initiées aux herbes médicinales et pratiques de sorcelleries, utilisaient, elles, pour étourdir les moins dégourdis.

Véronique Herman

Classé sous :Actualités Balisé avec :chanvre, chronique au fil de l'eau, étoupe, foires, prostituées

Coordonnées

La Semaine du Minervois
7 Bis, avenue de Homps
34210 – Olonzac
Tel: 04 68 27 86 86
Fax: 04 68 27 86 85
semaineduminervois@wanadoo.fr
Directrice de publication Lydie Rech
N° de Siret : 533 509 634 00028
Hébergeur: Ionos
7 Place de la Gare
57200 Sarreguemines
Tel : 09 70 80 89 11

Soutenez le journal !

Catégories d’articles

  • Actualités (1 269)
  • Brèves (993)
  • Chroniques d'Alfred (22)
  • Correspondants (1)
  • Edito (140)
  • Image à la une (44)
  • Jeunesse (41)
  • La Une de cette semaine (208)
  • Petites Annonces (19)

Archives du site par mois

  • tous en bio en occitanie
  • la une alternatif
  • la une de la Semaine du 15 mars
  • Femmes du Minervois

Copyright © 2022 La Semaine du Minervois