Solidarité Paysans Occitanie a réagi à la “feuille de route pour la prévention du mal-être et l’accompagnement des agriculteurs en difficulté”, présentée le 24 novembre par le ministre de l’Agriculture et de l'Alimentation, Julien Denormandie. Pour l’association d’aide aux agriculteurs en difficulté, cette feuille de route n’est pas à la hauteur des enjeux et ne répond pas aux besoins concrets des agriculteurs fragilisés.

Pour Solidarité Paysans, cette feuille de route est biaisée par la non-prise en considération de la faiblesse du revenu des agriculteurs, par l’amalgame constant entre “agriculteur en difficulté économique” et “agriculteur présentant des signes de mal-être”. La surcharge de travail, l’isolement sont d’autres éléments qui y contribuent, et qui sont générés par le modèle de développement. L'association dénonce également l’amalgame entre “agriculteur en difficulté économique” et “maltraitance animale”, insultant pour les agriculteurs fragilisés dont la priorité est le bien-être de leurs animaux.

La création de “sentinelles”

Pour Solidarité Paysans, le texte prévoit l’identification des agriculteurs en difficulté par des “sentinelles” en grande partie créancières des agriculteurs. La feuille de route renforce la mission des chambres d’agriculture, donne un rôle clé à la MSA et aux cellules d’accompagnement, alors même que ces dernières ne sont toujours pas opérationnelles sur l’ensemble du territoire. La place des créanciers dans ces cellules n’est pas remise en cause, alors que la question de la confidentialité au sein de ces cellules pointe le problème de leur composition, et le risque d’un partage d’informations entre créanciers, préjudiciable aux agriculteurs. L'association déplore qu'aucun engagement fort pour soutenir le redressement de l’exploitation (durée des échéanciers de paiement MSA, coût des procédures collectives…) ne soit prévu. Rien sur l’accès à la formation professionnelle des agriculteurs en plan de sauvegarde ou de redressement judiciaire. Aucune mesure non plus pour faciliter l’accès aux financements des agriculteurs bénéficiant d’un échéancier de paiement ou d’un plan judiciaire d’apurement du passif. Aucune mesure concrète pour faciliter dès aujourd’hui l’accès des agriculteurs au RSA et à la prime d’activité.

Des avancées notables

Solidarité Paysans salue cependant le suivi envisagé après une tentative de suicide, l’accompagnement des familles endeuillées, le premier pas qu’est la prestation décès, la hausse du taux de prise en charge de l’aide financière simplifiée pour adapter le poste de travail, le renforcement de l’aide au répit et l’accès au service de remplacement en cas d’épuisement professionnel. Encore faut-il pouvoir garantir l’accès de tous les paysans à ce service.

L’échec du système agricole industriel

Chaque jour, en France, un agriculteur se suicide. Mais le suicide n’est que la pointe émergée de l’iceberg de la souffrance au travail des agricultrices et des agriculteurs. Pour l'association, c’est la preuve de l’échec du système agricole industriel encouragé depuis les années 1960 par les politiques publiques françaises et européennes. Il est urgent d’interroger ce modèle industriel de développement agricole qui engendre isolement, surcharge de travail… Ce dont les paysans ont besoin aujourd’hui, c’est de pouvoir vivre dignement de leur travail, de retrouver une autonomie décisionnelle, de pouvoir retrouver la maîtrise de leur exploitation. Il y a urgence à modifier les conditions d’exercice du métier pour faire face au changement climatique, à la protection de l’environnement et au renouvellement des générations.

• Contacts : Solidarité Paysans Occitanie au 06.31.18.10.07. Permanences téléphoniques pour la région le mercredi matin.
• Solidarité Paysans Aude-Pyrénées-Orientales au 04.68.69.84.27 (répondeur) – 07.85.90.87.52.

Davantage d'informations sur www.solidaritepaysans.org