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Chronique au fil de l’eau : ligne verte à travers l’espace et le temps

17 septembre 2021 By Redaction

Libres, ils se sont dressés à l’aube des origines, puis sous la main de l’homme se sont alignés, répondant docilement à ses raisons, celles de le guider, de délimiter son territoire et sa propriété, celles encore d’une économie à pourvoir et de soldats à protéger. Ils passèrent alors côté cœur pour souligner avec grâce l’élégance de parcs romantiques et l’harmonie des paysages, et côté « corps » avec la générosité de leurs fruits. Ils se mirent aussi au service de gouvernants pour exprimer la bonne ordonnance de leur politique.

Comme nous l’avons vu lors des précédentes chroniques consacrées aux arbres ourlant ce ruban d’eau tracé par le canal du Midi, l’aventure des plantations débuta timidement après sa construction pour s’amplifier et se structurer au fil du temps. Ainsi avant d’aborder l’histoire et les déboires du « roi Platane », celui qui s’imposa au XIXe siècle, il nous a semblé intéressant d’évoquer ici une des faces de la mise en place du principe d’alignement qui ordonnança le « peuplement » des berges.

« Peuple » de mémoire

Crédit photo : Pando-J.-Zapell

Mais avant « TOUT », rendons hommage à ce peuplier présenté la semaine dernière. Un « avant tout » bien signifiant puisqu’en effet c’est une colonie dite « clonale » de peupliers de l’espèce « faux-trembles » (Populus tremuloides) qui, aujourd’hui, serait considérée comme le plus ancien organisme végétal « aérien » encore vivant (en comparaison avec le monde « aquatique » où d’autres sont encore plus âgés). Cet ensemble d’arbres dénommé « Pando », qui signifie « je m’étends »  en latin, se situe dans l’Utah, à l’Ouest des Etats-Unis. Il s’étend sur 43 hectares et ne compte pas moins de 47.000 arbres dont la caractéristique est qu’ils sont tous réunis par le même et unique système racinaire qui se régénère depuis 80.000 ans, chaque nouveau rejet, donnant un nouveau peuplier. Et ces parfaits « avatars », intimement reliés entre eux sous la terre, ont chacun une espérance de vie d’environ 130 années. Un « alignement » libre qui pourrait être considéré comme chaotique aux yeux des hommes alors que la nature qui l’ordonne semble lui avoir offert plus qu’une parcelle d’éternité.

Les fruitiers montrent la voie

Habit de Fruitière, Handel / Lebensmittel / Fisch (L'Armessin; 1632/38-1694). Les Costumes Grotesques: Habits des métiers et professions, Paris, 1695, fol.87. Spätere Kolorierung.

Si il semble évident que les grandes campagnes de défrichages du Moyen Age provoquèrent l’importante pénurie de bois, il est intéressant de remarquer que le développement des activités agro-alimentaires contribua à un des éléments favorisant la pratique de l’alignement des arbres dans les campagnes et dans les villes. Bien entendu, pour des raisons économiques et militaires, le pouvoir royal incita ces plantations au bord des routes et chemins. On se souvient les lettres patentes ordonnées par Henri II qui, en 1552, annonçaient, tout nous rappelant là le « règne de l’Orme », que : «à tous les seigneurs hauts justiciers et tous manants et habitants des villes, villages et paroisses, de planter et de faire planter le long des voiries et des grands chemins publics si bonne et si grande quantité desdits ormes que, avec le temps, notre royaume s’en puisse avoir bien et suffisamment peuplé». Par ailleurs des études faites sur l’arboriculture fruitière entre le XVIIe et le XVIIIe siècles (dont celle écrite par Florent Quellier) montrent que celle-ci va s’inscrire dans ce mouvement. En effet pour faciliter les cultures et leurs récoltes ainsi que pour en assurer la surveillance, y compris contre le maraudage, il est bien plus aisé de les aligner, certes sur les parcelles mais plus particulièrement aussi le long des chemins. Il est même question que le développement de cette arboriculture contribua à faire une brèche dans les codes sociaux puisqu’à l’époque il est de bon goût de cultiver tant pour le gentilhomme que pour le bourgeois… par l’entremise des services du paysan, il s’entend !

Guider, produire et orner

Franchissant les murets des vergers et potagers monastiques, la production de fruits se généralise. Les villégiatures des plus aisés mais aussi les parcs mondains s’ornent alors de jardins-potagers-fruitiers et d’élégants clos bourgeois. On y accède par de superbes allées alignant poires, pommiers, cerisiers etc. L’art de la taille et de la greffe s’apprend. De nombreux précis d’arboriculture sont édités, à l’exemple de ceux de l’agronome Olivier de Serres. Dans son « discours sur le planter des arbres, alignement et confusion », il souligne la beauté mais aussi le « trop de raffinement », en écrivant « planter les arbres à la quinquonce et droitement alignés par « rengés », est chose magnifique : mais aussi il semble que ce soit excéder en délicatesse ». Mais chacun se doit de s’imprégner des savants écrits car il est, en effet, de bon ton de montrer, lors de déjeuners champêtres, que le maître des lieux possède la connaissance et les secrets de l’élevage de ses arbres. Dans les grandes villes comme Paris, Lyon ou Toulouse mais aussi en province, des arbres s’élancent et s’alignent, traçant le chemin ombragé menant à ces lieux d’échanges et de commerce que sont les halles, là où sur les étals les fruits se font de plus en plus la part belle entre légumes, poissons et viandes. 

Signe de sagesse des gouvernants

Alignement d'arbres à Toulouse

Au 19ème siècle, une loi datant de 1825, décidait de conforter une vraie volonté de plantations, ne dépendant plus des changements de politique suivant les désidératas des différents régimes. Dans cette indépendance politique, la reconnaissance du rôle technique des alignements peut s’établir quant à la stabilisation et l’assainissement de la chaussée tout en délimitant le tracé des routes, les espace privés et publics. S’aligner sagement, s’élever fièrement et tracer la bonne route… voilà donc une allégorie toute désignée pour servir de symbole. C’est ainsi qu’en 1845 le botaniste et agronome André Thouin, fils du jardinier en chef du Jardin du roi avant la Révolution, déclarait, en parlant de « l’économie rurale, si négligée en France, du choix de la plantation et de la culture des arbres propres à border les chemins, grandes routes et avenues » que « En effet, rien de donne une plus haute idée de la richesse du sol et de la sagesse du gouvernement, que des routes bien entretenues, bordées de grands et beaux arbres de toute espèce »

Nous terminons là cette petite échappée dans un verger généreux qui nous a quelque peu éloigné de notre canal du Midi… quoi que ! Car la suite nous ouvrira sans doute l’échalier de jardins extraordinaires aux portes des écluses.

Véronique Herman

Classé sous :Actualités Balisé avec :arbres, chronique au fil de l'eau, fruitiers, platanes, potagers, vergers

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