La Semaine du Minervois

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Castans : hommage républicain à Rolland Bonnal

22 février 2022 By Redaction

Rolland Bonnal est décédé vendredi 4 février. Il était à l'origine de L'Atelier des Saveurs en Montagne Noire qui valorisait les produits issus du châtaignier. Le village de Castans lui a rendu hommage.

Rolland Bonnal au centre à l’initiative de L’Atelier des saveurs © DR

Venus nombreux du Minervois où il était arrivé au début des années 2000, connaissances et amis se sont peu à peu rassemblés sur la place du village pour lui rendre un dernier hommage et apporter leur soutien à sa femme Sophie, à leurs deux enfants ainsi qu'à toute leur famille. Tour à tour ceux qu'il côtoyait quasiment au quotidien sont venus dire combien ils l'aimaient et combien il allait leur manquer, lui qui, toujours présent, apportait sa touche de bonne humeur, son savoir-faire et sa bienveillance. La montagne Noire, il la connaissait par cœur, surtout les coins à champignons, ainsi que tous ses ruisseaux, aux eaux vives dans lesquelles il taquinait avec plaisir la farouche fario. Les sentiers que les randonneurs viennent de partout parcourir, il les avait entretenus, balisés, c'était son premier métier en terre minervoise. Puis il s'était intéressé à cet arbre qui peuple le village et les environs, le châtaignier. Dans des temps pas si anciens que ça, les gens d'ici en vivaient, de son bois et de ses fruits.

Alors pourquoi pas lui. Il s'était alors retroussé les manches et au fil des ans avec l'acquisition de châtaigneraies, telle une vaillante fourmi, il avait créé son outil de travail. Mais à Castans on n'en reste pas là, les choses s’imposent d’elles-mêmes et on avance : c'est ainsi que dans un local municipal prenait forme en 2017 un atelier, " L'Atelier des Saveurs en Montagne Noire", permettant la transformation et la conservation de fruits. Equipé d'une éplucheuse à châtaignes, il est aussi possible d'y faire conserves et confitures, tout cela avec l’aide et les conseils des inséparables, Adrien le berger et Rolland.

En ce samedi ensoleillé, sur cette place, un drapeau en berne, ton urne funéraire, ton écharpe d'adjoint et des photos souvenir. Les témoignages se sont succédés, nombreux, tous aussi élogieux puis Yolande Piton, maire de la commune, a pris la parole pour te rendre hommage au nom de toute l'équipe municipale dont tu faisais partie : “nous voulons témoigner de ton engagement en tant qu'élu mais aussi en tant qu'homme et exprimer toute notre gratitude républicaine, notre reconnaissance, notre fierté de t'avoir connu. Dire notre profond respect au citoyen qui a servi notre village avec passion et énergie. Salut Rolland”. En ce samedi ensoleillé Rolland aurait fêté ses 51ans.

Marie-Louise Fages

Classé sous :Actualités Balisé avec :Atelier des Saveurs en Montagne Noire, castans, décés, hommage, Rolland Bonnal, Yolande Piton

Cesseras : Jean-Bernard Tolomio s’en est allé

7 juillet 2021 By Redaction

Pour beaucoup, c’est avec surprise que nous avons appris le décès de Jean-Bernard Tolomio, ancien maire de Cesseras. Il est vrai que sa santé lui causait divers soucis depuis quelques mois, mais nul n’aurait pensé qu’il allait nous quitter aussi rapidement.

©Philippe Galand. DRAC. Occitanie

Jean-Bernard était né le 9 juillet 1948 à La Caunette. Très jeune il est venu habiter Cesseras où ses parents se sont installés définitivement en 1956. Après des études secondaires au collège Notre-Dame de Bédarieux, il débute une carrière à la Poste à Paris durant quelques années, puis la poursuivra à la poste centrale de Carcassonne avant de la terminer en 2007 à la recette de Peyriac-Minervois.

C’est en mars 1983 qu’il est sollicité par quelques habitants pour conduire une liste aux élections municipales de Cesseras dont il deviendra le maire. Constamment réélu depuis dans cette fonction, plusieurs fois contre des listes d’opposants complètes ou incomplètes, il l’exercera durant 37 ans et 3 mois, jusqu’en juin 2020. Il n’a jamais dissimulé ses convictions de gauche mais ne les brandissaient pas comme un drapeau. Elles se sont plutôt exprimées chez lui dans son action d’élu local, à travers l’attention qu’il a toujours porté à ceux qu’il savait dans le besoin au plan matériel. La création de douze logements locatifs communaux à loyers très modérés en est l’une des preuves. Cette sensibilité particulière qu’il portait en lui s’est maintes fois manifestée, sous de multiples formes, mais toujours dans la discrétion.

Ses réalisations dans la commune sont nombreuses. Parmi les plus marquantes : la réhabilitation partielle de l’ancien château, la rénovation de l’immeuble « Vidal », avenue du Minervois, la rénovation d’une grande partie du réseau d’eau potable, des réseaux électriques, de l’éclairage public, la création de la station d’épuration du hameau de Fauzan, la construction d’un garage communal digne de ce nom, la restauration de nombreuses œuvres d’art de l’église, et avec l’aide de la Direction Départementale des Affaires Culturelles, la création en 1996, dans le clocher, de la salle de Conservation des objets liturgiques classés, sans oublier l’intérêt constant porté à la grotte d’Aldène, l’une des perles du patrimoine cesserassois, et son corollaire, le soutien aux spéléologues régionaux.

Ses préoccupations pour l’agriculture et le commerce local se sont également manifestées autant que les moyens de la commune pouvaient le permettre. Il a toujours accompagné toutes les actions favorables à la viticulture, tenté la réimplantation de commerces etc.

L’une de ses dernières réalisations d’envergure fut l’aménagement dans un ancien chaix, du complexe salle de réunion - médiathèque - salle polyvalente. Un temps décriés par certains, ces équipements rendent pourtant aujourd’hui à la population d’irremplaçables services, dans un cadre superbe.

Nous n’évoquerons pas ici ses diverses actions au plan intercommunal, traitées la semaine dernière dans ce même hebdomadaire par Irène Prioton.

Comme tout élu, Jean-Bernard Tolomio a essuyé des critiques : on lui reprochait de ne pas être assez ceci, ou trop cela, ou bien de léser certains intérêts particuliers ou encore de ne pas tenir suffisamment compte de l’intérêt général etc. Personne n’est parfait. On reconnait l’arbre à ses fruits dit un texte célèbre. Regardons ce qu’il restera de lui dans ce village, dans cette petite région minervoise auxquels il était viscéralement attaché et a consacré le meilleur de sa vie avant de partir sur la pointe des pieds.

Refusant toutes les décorations auxquelles il pouvait prétendre, il n’a consenti qu’à recevoir la distinction de « Maire honoraire » que M le Préfet de l’Hérault lui a attribuée en août 2020.

Ses obsèques ont eu lieu vendredi 18 juin, dans l’église Saint Geniès lors d’une sobre et émouvante cérémonie au cours de laquelle madame Magali Guiraud, son ancienne adjointe de longue date et actuelle maire de Cesseras lui a rendu un fraternel hommage. L’Ave Maria de Gounod a retenti comme point d’orgue d’une vie et certains auront compris la signification profonde de ce final si particulier et si personnel.

Sincères condoléances à son frère Jacques, à ses nièces et à tous ses proches.

Robert Marty

Classé sous :Actualités Balisé avec :Cesseras, décés, hommage, maire, Tolomio

L’adieu al Miquèl Decòr

11 juin 2021 By Redaction

Jeudi 27 mai, Miquèl Decòr/Michel Decor nous a quittés. Il avait probablement rendez-vous dans un café hors du temps de Marcelin Albert avec Achille Mir, Léon Cordes et Jean-Marie Petit pour une partie de cartes.

Il était né à Bize-Minervois en 1949 dans une famille modeste : le père cantonnier, la mère au foyer. Ses études le menèrent au lycée Henri-IV de Béziers où il eut Ives Roqueta comme professeur.

C’est aux temps de révolte de mai 1968 que l’enfant du Minervois révéla ses talents poétiques. Dans son recueil L’estofat que mitona, que Joan Larzac s’empressa d’éditer dans sa collection militante 4 Vertats, Patric, Martí et Eric Fraj puiseront des vers à mettre en musique. L’un de ses textes pacifistes va se répandre comme un long serpentin : le défilé militaire est détourné en manifestation carnavalesque et bon enfant : Farai de Carnaval la fèsta nacionala.

Son temps d’enseignant en coopération va lui permettre de découvrir l’Afrique du Nord où il découvrira un rapport avec la nature et des relations humaines qui se rapprochent, répondent et complètent son jardin d’Eden : le pays minervois. Des terres où un cabanot de vigne aménagé sera pour lui un lieu permanent de ressourcement et de motivation littéraire.

Professeur (de français et d’occitan) à Narbonne, il va participer aux activités du Cercle Occitan local, au sein duquel il animera un atelier de langue. Il sera toujours un membre actif de l’Institut d’Estudis Occitans. Il sera d’ailleurs président de la section audoise quelques années jusqu’au début 2018.

Il ne cessera jamais d’écrire, des textes courts et précis, clairs et évocateurs : les vers écrits à la main s’alignent jour après jour dans des cahiers titrés au départ selon la couleur de leur couverture ou leur lieu principal de rédaction ou d’évocation. Ces textes seront ensuite repris dans des publications régulières.

Une œuvre riche et tellement humaine

La plus grande partie de son œuvre est éditée dans la collection Vendémias de l’IEO-Aude : Lo pastre de las estelas (1993), La nuèit esquiçada (2001), Eiretièrs de la Luna (2008), Passejada menerbesa (avec traductions en anglais et en francçais ; 2010), La camèla blanca (2010), Soledre (2014). Un nouveau recueil La mar sus las espatlas se trouvait chez l’imprimeur en ce début mai. Les liens avec la Nature, une tendresse pour les animaux sauvages (le blaireau, le renard,…) ou pas (le chien, l’âne,…), l’aridité du Minervois, des Cévennes ou du désert, une soif de paix, des souvenirs de faidits ou d’Espagne républicaine, la recherche de la paix et de la sérénité, une quête d’amour font la trame qui poursuit la course lente du temps, qui découvre des ailleurs,…

Récemment, Troba-Vox, animé par Franc Bardou et Gerard Zuchetto, a accueilli ses publications bilingues : Letras de Mogador (2017) et Quasèrn valdés (2019).

En 1998, Aura Produccions a consacré l’un de ses coffrets Trésors d’Occitanie à son œuvre où il s’était fait lecteur de ses textes, ce qu’il ne dédaignait pas de faire en solitaire ou accompagné de musiques.

De ses interventions auprès des enfants de la Calandreta de Carcassona naquirent deux livrets  : les poèmes Las tretze dichas (1999) et le récit de La Sarramauca (2004). L’IEO publia en 2005 dans sa collection jeune public Bib’Òc, un recueil de contes : L’ase de Josèp.

En 2007, paraissait chez A Tots, un recueil de nouvelles : Agost de guèrra, des fictions sur la guerre de 39-45 qui étaient appuyées sur des recherches et rencontres faites en Languedoc. D’autres projets du même type sont restés en gestation.

En 2014, il écrivait en compagnie de Miquèla Stenta, un texte à lire et chanter La Controversia de Puègnautièr. Ils sont également les auteurs d’un récit pour une promenade théâtralisée sur l’histoire de Bize à l’occasion d’un récent Total festum.

Per la patz…

Miné par la maladie, installé en Cévennes, il continuait d’écrire : les muses ne connaissent pas le repos. Il consacrait une partie de son temps aux relations entre auteurs du Comité des Écrivains pour la Paix du PEN-Club pour qui il se fit organisateur de rencontres à Narbonne. Début mai, il rédigeait ses participations écrites pour le projet Sextina en país d’Òc à mener à l’automne prochain avec une demi-douzaine de poètes d’Oc sous l’égide de l’Université Jean-Jaurès. Mais la Grande Faucheuse en a décidé autrement…

Les lettres d’Oc et le monde occitan ont perdu une grande voix. Ses obsèques se sont déroulées ce mercredi 2 juin à Bize et il repose désormais à Ginestas, bercé par le cers et le marin, voire sous la poussière de quelque coup de sirocco lui rappelant de bons souvenirs.

Mais quand instituerons-nous le jour de Carnaval comme fête nationale ?

Alan Roch

Hommage

• TrobaVox et l’IEO-Aude lancent un appel à ses amis et aux poètes d’ici et d’ailleurs pour une publication de poèmes et de textes en hommage à Miquèl Decòr.

Contact : bardou.franc@wanadoo.fr

Per 2021

• Chaque année, immanquablement, pour le Premier de l'An, Miquèl Decòr rédigeait un poème de vœux. Voici le texte qu'il proposait début janvier :

Lo fuòc sacrat Le feu sacré
De la lenga de la langue
Dels rèires, des ancêtres, 
lo menar amb las mans l’apporter dans les mains
Dins un tesse de cruga dans un tesson de cruche
Fins a « Sòl Invictus » jusqu’à « Sol Invictus »
De l’annada de la prochaine
Que ven… année…
E lo coar et le couver
D’amor d’amour
Coma còr comme le coeur
De l’aimada, de l’aimée,
Quora l’aigat arriba lorsque grondent l’orage
Amb tron le tonnerre
Emai vent ; et le vent ;
E se dire qu’aquò et se dire que cela 
Serà plan sera bien
Sufisent… suffisant…

Lo camin del silenci

• En 2003, La Semaine du Minervois publia l'un de ses poèmes que Patrice Cartier intégra à son anthologie Nouvelles du Minervois (2005) :

Lo camin del silenci

Èri vengut per dire, un darrièr còp, qsu'espèri cada jorn que lo solelh se lève e que lo ser vengut se pòsque plan colcar.
Lispa lis e leugièr lo tron de las colèras d'un mond en desbarruta e comol de sas guèrras…
Alavetz, faire petar de l'uèlh al viure grandaràs e puèi abans lo jorn, caldrà virar lo cap e me'n tornar leugièr viure lo meune biais.
Lo camin qu'es davant e que mena al silenci, cap a mai luènh se'n va.

Le chemin du silence

J'étais venu vous dire, une dernière fois, que j'attends tous les jours que le soleil se lève, et que le soir venu il puisse se coucher.
Le tonnerre rageur d'un monde fou de guerre glisse sournoisement…
Alors, je jetterai un regard sur le monde et puis, avant le jour, je tournerai tranquillement la tête pour repartir plus haut, vivre à ma façon.
Le chemin qui est devant et qui mène au silence, vers le lointain s'en va.

Classé sous :Actualités Balisé avec :Cercle Occitan, décés, hommage, Michel Decor, Miquèl Decòr, occitan, poésie, professeur

Une après-midi à Colombières : hommage à Jean-Claude Carrière par Patrice Cartier

19 février 2021 By Redaction

L'écrivain et scénariste Jean-Claude (Jean Claude) Carrière dans son bureau, chez lui a Colombières-sur-Orb (Herault, Occitanie) le 6 aout 2019 (06/08/2019) - Sur le mur derriere lui, un portrait du Dalai Lama (Tenzin Gyatso, Dalai-Lama avec lequel il a publie en 1994 l'ouvrage " La Force du Bouddhisme ") et quelques-uns des acteurs, actrices et réalisateurs ayant participé aux films dont il a écrit le scenario - Photo Patrice Cartier

C’était il y a quelques années. Je m’étais rendu avec mon ami Michel Piquemal à Colombières-sur-Orb, au pied du Mont Caroux, pour apporter à Guy Bechtel les premiers exemplaires de son superbe roman Le siècle de Tégédor, que nous venions de rééditer aux Éditions du Mont.

Nous avions prévu d’inviter Bechtel au restaurant et d’y convier aussi son complice et voisin Jean-Claude Carrière. Nous nous délections à l’avance des souvenirs que ne manqueraient pas d’échanger les deux écrivains, auteurs de plusieurs ouvrages en collaboration, dont le monumental Dictionnaire de la bêtise.

Mais Bechtel en décida autrement : « Non, je n’irai pas au restaurant avec Carrière. Il va parler tout le temps, et comme j’entends mal, dans le brouhaha du restaurant ça va m’agacer. Vous allez rester manger ici avec moi, puis vous irez prendre le café ou le digestif chez Carrière ».

C’est ce que nous avons fait. Chez Jean-Claude Carrière, attablés sur la terrasse de sa maison, nous avons bavardé longuement. À un moment, le regard de Carrière s’est posé sur une murette de pierres sèches ceinturant le parc. « Il y a longtemps, j’avais sympathisé avec une couleuvre, sourit-il. J’allais m’asseoir sur la murette et elle sortait d’un trou ou de derrière une pierre. Elle restait un moment près de moi, à se chauffer au soleil. Je lui avais même donné un nom : Monica… » Le serpent familier eut une triste fin. Un jour Carrière vit un grand rapace, un milan probablement, plonger sur la murette et repartir dans le ciel, suivi d’une sorte de gros ruban qui gigotait. C’était la pauvre Monica.

Un peu plus tard, Carrière sort d’une boîte une poignée de vieilles photographies. Sur l’une d’elle, un beau jeune homme sur un cheval blanc, dans une rue de village. « C’était à Colombières, Jean-Claude ? » « Oui. » « Et tu aimes toujours les chevaux ? » « Si j’aime les chevaux ? Mais je sais même les diriger ! Je dois être le seul écrivain vivant capable de labourer une vigne avec un cheval attelé d’une charrue ! »

L'écrivain, metteur en scene et scénariste Jean-Claude Carrière (1931-2021) jeune homme, a cheval dans son village natal de Colombières-sur-Orb (Herault) - archive familiale

Ainsi se passa l’après-midi. Il y a dix ans, en 2011, Jean-Claude Carrière avait publié un livre dans lequel il prétend dialoguer avec son ami disparu Luis Buñuel, dont il a scénarisé les plus grands films.

« Notre vie s’achève-t-elle dès qu’on commence à la raconter ? » se demandait-il alors. Et de conclure : « Luttons sans fin contre le silence et la mort. Ne jamais avouer à qui que ce soit : mon histoire est finie. Ou alors, si elle est finie, la recommencer ».

Pour Jean-Claude Carrière, Buñuel n’était pas mort, puisqu’il continuait à lui parler, allant jusqu’à partager avec lui quelques tranches de jambon, arrosées d’un bon vin de rioja.

Désormais, c’est en sa compagnie que nous continuerons l’histoire. Et puisque le vieil écrivain citoyen du monde s’est, semble-t-il, absenté, c’est avec le jeune cavalier de Colombières que nous la recommencerons.

Références des ouvrages cités :

- Le siècle de Tégédor, Guy Bechtel, édition originale Robert Laffont 1963, édition Pylône 2008, réédition aux Éditions du Mont, 2016

- Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement, Bechtel et Carrière, édition originale Robert Laffont 1965, régulièrement réimprimée en version augmentée dans la collection Bouquins du même éditeur, jusqu’en 2014

- Le réveil de Buñuel, Jean-Claude Carrière, éditions Odile Jacob 2011

- A écouter : un entretien réalisé à Colombières par Denis Cheissoux sur France Inter :

https://www.franceinter.fr/emissions/co2-mon-amour/co2-mon-amour-14-septembre-2013

Classé sous :Actualités Balisé avec :Colombières sur Orb, hommage, jean-claude carriere

Pouzols : informations riches en évocations, à glaner sur le monument aux morts du village…

18 novembre 2020 By Redaction

En ces temps de commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918, il est une « exploration » à entreprendre pour connaître un peu la vie, la souffrance et la mort des soldats pouzolais tombés lors des guerres du XXe siècle.

Le monument aux morts de Pouzols : de facture classique

En 2014, le monument aux morts des « Enfants de Pouzols tombés pour la France » a été restauré et une plaque en pierre de lave, présentant les portraits des soldats, a été dévoilée. Le précédent maire de la commune, Louis Pech, a souhaité faire rénover la collection de photos placées là depuis de très nombreuses décennies, photos abîmées par les intempéries. Un tableau, réalisé dans les années 1921-1922 et suspendu à la mairie, a servi de modèle pour élaborer la maquette de cette plaque originale et instructive à la fois.

Pour ne pas les oublier

Gilles Chatillon, graphiste et artiste-peintre local, a collecté les noms, le grade (ou non), la date et le lieu de décès des soldats morts lors de la première et de la seconde guerre mondiale, ainsi que pour l’unique tué de la guerre d’Algérie. Il a fallu scanner toutes les photos, puis restaurer le tableau originel, très abîmé par l’humidité. En naviguant sur internet, Gilles Chatillon a trouvé des artisans situés en Auvergne travaillant sur de la pierre de lave de volcan : bel hommage posthume à des hommes ayant essuyé le déluge du feu et les coulées de boues des tranchée. Bien sûr les noms et prénoms de ces soldats coupés dans l’élan de leur jeunesse, sont inscrits, à l’ancienne, sur la stèle commémorative, ornée d’un coq (comme le voulait la tradition), d’une croix de guerre et d’une silhouette juvénile qui apporte fleurs et couronne de lauriers. Mais la lecture de cette plaque aux vingt-huit portraits, lecture maintes fois renouvelée par les passants, est riche d’enseignements. Le support en pierre de lave d’Auvergne résistant bien au temps, nous rend tellement présente la pâte humaine, bien mieux que de simples patronymes gravés, fut-ce dans le marbre. Les soldats nous regardent, puisqu’ils ont posé, avant ou pendant le conflit, pour l’objectif d’un photographe. Leur vie s’incarne, par la vertu de l’image et par la force des visages.

Evocations imaginaires

L’hécatombe de la Grande Guerre y est numériquement bien visible : 24 sur 28 personnes.

Plaque commémorative en pierre de lave d’Auvergne

Les uniformes varient selon certains critères (gradés ou sans-grade, uniformes de l’armée ou vêtements quotidiens). L’on voit un zouave débonnaire à côté d’un lieutenant avec gants blancs, épaulettes et décorations. Un hussard exhibe ses galons. L’on croise des hommes « en civil », sans doute la famille n’avait-elle pu fournir de « photo militaire » lors de la collecte des documents, trois ans après la fin des hostilités. Il y a le premier tué, Hubert Acot, en septembre 1914, du temps de « la fleur au fusil » et du « tous à Berlin ». Il y a le dernier tué, Gaston de Fournas, de la famille du baron de Pouzols, fauché le 9 octobre 1918 à Fontsomme dans l’Aisne, si près de la date de l’Armistice que cela ajoute une tonalité cynique à son décès. Certains ont succombé à leurs blessures au village : ainsi un infirmier portant un brassard de la Croix Rouge, un autre jeune homme n’est pas revenu vivant de l’hôpital de Montpellier. Mais la plupart sont tombés sur les champs de bataille du Nord et de l’Est de la France, Somme, Meuse, Pas-de-Calais… après la découverte triste de la grisaille tenace, du froid, de la gadoue collante aux bandes molletières. Se révèlent, les morts d’hiver, et les morts d’été : Joseph Bonnafous, tout barbu et moustachu, décédé à Beauséjour dans la Marne. Est-ce un village boisé en hauteur ? Un sanatorium réquisitionné en hôpital ? Une vallée verte et bien fraîche en ce jour fatal du 10 juin 1915, comme celle où repose « le dormeur du val, sur un lit de cresson »? Les noms de lieux nous parlent d’endroits encore présents dans nos mémoires d’écoliers, Douaumont, Verdun, Côte 304 à Esnes-Est. Et comment s’est-il volatilisé ce « disparu », Emile Vila, à Auberive ? Peut-être près de la rivière Aube en Haute-Marne ? Evocations imaginaires mais néanmoins émouvantes, moments volés à l’oubli déjà, à l’anonymat.

Christiane Lehmann, venant de la terre d’Alsace, si convoitée de part et d’autre au siècle dernier, se rappelle que sur les monuments mosellans et alsaciens, pareillement fleuris de chrysanthèmes lors des commémorations, il n’est pas écrit « Morts pour la France » mais « Morts à la guerre ». Son grand-père, qui a survécu à ces événements terribles, portait lui, l’uniforme des armées du Kaiser.

Christiane Lehmann

Classé sous :Actualités Balisé avec :11 novembre, armistice, hommage, monument aux morts, pouzols

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