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Chronique cinéma : Hit the Road, une chronique familiale désenchantée

17 juin 2022 By Redaction

Iran 2021

Réalisation : Panah Panahi

Durée : 1h33

Avec : Pantea Panahilha, Hassan Madjooni, Rayan Sarlak, Amin Simiar

Voici un road movie mais quelque peu disloqué et en perpétuelle réinvention. Iran, de nos jours. Une famille est en route vers une destination secrète. à l’arrière de la voiture, le père arbore un plâtre, mais s’est-il vraiment cassé la jambe ? La mère rit de tout mais ne se retient-elle pas de pleurer ? Leur petit garçon ne cesse de blaguer, de chanter et danser, c’est un vrai moulin à paroles. Tous s’inquiètent du chien malade. Seul le grand frère qui conduit reste silencieux. On comprend vite qu’il doit être confié à un passeur à la frontière irano-turque. Tout commence par un plan séquence virtuose qui d’emblée accroche le spectateur et lui donne à sentir le parfum et la couleur du film. Il sait déjà où il met les pieds. Le trajet ne va pas être comme ceux, linéaires, qui font avancer leurs personnages. Dés le début, des péripéties saugrenues ainsi qu’une incertitude quant à l’itinéraire entraînent une multiplication des haltes comme pour retarder le moment du départ. On perçoit l’atmosphère régnant dans une cellule familiale avant son éclatement. Bien sûr l’exil est désiré mais chacun porte en lui la douleur d’une longue séparation à venir. Il y a la désillusion du grand frère, la perte d’espoir et la volonté de partir parce qu’il n’y a plus grand-chose à tirer du présent. Le père, lui, se rend compte qu’il n’a plus aucune prise sur son environnement, il a baissé les bras et il ne lui reste plus que l’humour noir pour survivre. Les interactions entre les personnages paraissent ainsi décousues, comme si la famille avait perdu son lien social. Aux gestes doux de la mère répond une rebuffade colérique de l’enfant, seul à ignorer le but du voyage. On ressent aussi le sentiment, banal pour de nombreux Iraniens, d’être surveillés. La peur sous-jacente est probablement justifiée mais rien ne nous est asséné, c’est au spectateur de déduire ce qui lui est suggéré. La photo est magnifique. Les paysages se succèdent brusquement : collines arides, falaises abruptes, rivières, pâturages peuplés de moutons. Et puis la musique ponctue tout cela. On voit la famille danser au son des tubes d’avant la révolution islamique, autant de parenthèses au sein du voyage vers l’exil qui s’impose. Les acteurs sont tous parfaits, avec une mention spéciale pour le petit garçon.

Jean Segonne

Classé sous :Actualités Balisé avec :2021, chronique cinéma, cinéma, Hit the Road, Iran

Chronique cinéma : Un héros, pièges à conviction

4 mars 2022 By Redaction

Iran, 2021

Réalisation : Asghar Farhadji

Durée : 2h07

Avec : Amir Jadidi, Mohsen Tanabandeh, Fereshteh Sadre Orafaiy

Rahim est en prison à cause d’une dette non remboursée. Il obtient une permission de deux jours durant lesquels il se démène pour trouver l’argent qu’il doit à son créancier en espérant de le convaincre de retirer sa plainte. En même temps il rend visite aux siens dont son ex-femme et son fils qui souffre d’une difficulté d’élocution. Coup de chance, sa nouvelle compagne a trouvé un sac rempli de pièces d’or. Ce trésor perdu représentant une partie de sa dette pourrait lui permettre de sortir de prison. Mais il croit qu’il pourrait gagner davantage en le restituant à sa propriétaire. Au téléphone, cette dernière lui dira : “J’en ai tissé des tapis, pour ces pièces d’or…”. Le voici donc, avec son sourire inaltérable (et donc à soupçonner), jouant de la probité pour doubler sa mise. Invité à raconter à la télé son geste louable, il est devenu une star médiatique, un héros. Plus dure sera la chute ? Voilà la question. Le spectateur, le voyant tomber dans le piège d’un scénariste complaisant, se doute d’emblée que son héros se prendra les pieds dans le tapis médiatique. S’appuyant sur le fait qu’en quelques instants on peut bâtir ou détruire une réputation sur un malentendu, le réalisateur va tisser une toile de très haute volée. C’est captivant et nous sommes pris dans les ressorts d’un subtil thriller psychologique. Nous voilà plongés dans un monde peuplé de manipulateurs manipulés et de manipulés manipulateurs. Vous suivez ? Tout se complique car nous sommes dans un piège tendu pour enferrer le protagoniste. Au passage seront explorées les arcanes des relations familiales et de la justice. Les institutions instrumentalisent de façon peu glorieuse la misère et les handicaps d’autrui. Surprises et suspense alternent à coups de chausse-trappes narratives constituant une société où les réseaux sociaux semblent être devenus une hydre sans tête qui s’abreuve de rumeurs dévastatrices auxquelles plus personne ne peut tordre le cou. Menaces de déshonneur, tractations sans fin et aveux soutirés, on ne sort jamais d’un vaste réseau de surveillance où chacun flique son prochain comme lui-même. Au final, un film magistral où, en prenant acte des raisons qui ont poussé un individu à agir, nous pouvons le comprendre, sans pour autant lui donner forcément raison.

Jean Segonne

Classé sous :Actualités Balisé avec :chronique cinéma, Iran, jean segonne, Un héros

Chronique cinéma : Le diable n’existe pas, l’estime de soi, une notion universelle

16 décembre 2021 By Redaction

Iran 2020

Réalisation : Mohammad Rasoulof

Durée : 2h30

Avec : Ehsan Mirhosseini, Kaveh Ahangar, Shahi Jila, Mohammad Valizadegan

Iran, de nos jours. Heshmat est un mari et un père exemplaire mais nul ne sait où il va tous les matins. Pouyat, jeune conscrit, ne peut se résoudre à tuer un homme comme on le lui ordonne. Javad, venu demander sa bien aimée en mariage, est soudain prisonnier d’un dilemme que nous ne vous révélerons pas. Bharam, médecin interdit d’exercer, a enfin décidé de révéler à sa nièce le secret de toute une vie. Ces quatre épisodes ont un sujet commun : la peine de mort, toujours pratiquée en Iran, et la question de la responsabilité individuelle. Dans ce pays despotique, il y a aussi la censure. Pour la contourner, le réalisateur lui a soumis quatre courts métrages sous le nom de ses assistants. Plus un film est court, moins la censure s’y intéresse. Cela nous vaut un film qui a obtenu l’Ours d’or au Festival de Berlin. Il nous présente des personnages fiers d’avoir eu la force de désobéir, qui en assument les conséquences. Dès le premier épisode, Heshmat n’a sans doute jamais réfléchi au sens de ses actes qui banalisent le mal. Nous ne savons rien de l’enjeu dramatique et moral qu’il porte, mais nous observons sa soumission aux femmes qui l’entourent. La chanson Bella ciao marque l’atmosphère d’oppression dans laquelle tout ce monde évolue. Pouya, quant à lui, va voir sa vie basculer dans l’inconnu en raison de son refus. Il ne peut surmonter sa peur que grâce à la confiance que lui transmet sa fiancée au bout du fil. Le spectateur sera convaincu par le troisième épisode que si un jour un changement de régime intervient en Iran, il émanera des femmes. C’est autour de l’une d’elles que se construit une famille qui célèbre la beauté de la vie et de la liberté. Enfin, notre spectateur va porter son regard sur un homme qui a tout quitté pour sa liberté. Sa fille est témoin de la sérénité qu’il a acquise. Sous-jacente à la dimension politique, la relation intime est centrale tout au long du film. Les personnages sont des hommes, mais leur point d’appui est toujours une femme. Le réalisateur, qui n'a pas été épargné par les problèmes, a bravé les interdits pour faire passer son message. Le film met en scène à la fois des “bourreaux” et des victimes de cette pratique. Du très grand cinéma avec au centre l’humanité, l’estime qu’un être humain a de soi.

Jean Segonne

Classé sous :Actualités Balisé avec :chronique cinéma, cinéma, Iran, jean segonne, Le diable n'existe pas

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