Réalisation : Christian Petzold
Durée : 1 H 30
Avec : Paula Beer, Franz Rogowski, Maryam Zarree, Jacob Matschenz
Dans la mythologie la sirène Ondine ne peut vivre sur terre qu’à travers l’amour d’un humain, si son amour est trahi elle doit tuer l’homme infidèle et retourner dans l’eau d’où elle est jadis venue. C’est le cas. Elle pénètre dans la chambre à coucher et enveloppe l’homme dans une bulle d’eau où il se noiera. Notre Ondine est historienne de l’urbanisme à Berlin. Elle fait des visites guidées. Elle mène une existence moderne typique des grandes villes : elle travaille quand on fait appel à elle. Quand elle est quittée par son amoureux Johannes, son univers s’écroule. Le sortilège est rompu. Elle doit tuer l’homme infidèle et retourner dans l’eau d’où elle est jadis venue. Ondine se rebelle. Elle ne veut pas revenir vers la malédiction, vers la forêt, vers le lac. Elle ne veut pas s’en aller. Elle veut aimer. Elle rencontre un autre homme. Ici elle raconte cette histoire d’amour. Elle rencontre le scaphandrier Christoph et s’éprend de lui. C’est un amour nouveau, heureux, très différent, tout empreint de curiosité et de confiance. Christoph, bouche bée, écoute les conférences d’Ondine sur Berlin, cette ville construite sur des marais. Ondine l’accompagne sans peine lors de ses plongées dans les mondes engloutis d’un lac de barrage. Mais Christoph sent qu’elle fuit quelque chose. Ondine doit se soumettre à la malédiction. Elle ne veut pas perdre cet amour. Le réalisateur dépeint l’attachement de deux corps comme aimantés, trouvant dans le contact réciproque une sorte de plénitude. De bout en bout de son récit, il avance habilement sur un fil où se mêlent réalisme et imaginaire Il compose son film comme un tableau où les couleurs se répondent et contrastent, où chaque détail constitue un symbole. Le travail de Christoph, comme celui d’Ondine, incarne cette imbrication du présent et du passé, de la réalité concrète et des phénomènes abstraits. La répétition de ses immersions rythme le récit et en vient à provoquer une forme de suspense. Son métier est également prétexte à des scènes sous-marines où se déroulent des phénomènes inexpliqués dans une obscurité envoûtant le spectateur. Christian Petzold réinterprète de manière fascinante le mythe de la mystérieuse sirène, un conte de fées moderne dans un monde désenchanté, l’histoire d’un amour à la vie à la mort.
Jean Segonne