Réalisation : Bruno Podalydès
Durée : 1 H 32
Avec : Denis Podalydès, Sandrine Kiberlain, Bruno Podalydès
Alexandre, quinquagénaire et chômeur traverse une mauvaise passe. Pour expier une infidélité, il a deux mois pour prouver à sa femme qu'il peut s'occuper de ses deux enfants en bas âge et être autonome financièrement. Cette dernière commandante de sous-marin, est partie en mission en le laissant seul avec ses gamins et un découvert bancaire abyssal. Il est embauché par The Box, une start-up où le mot d’ordre est « No child », pas d’enfants. Il doit donc mentir. À bord d’une voiture autonome, il fait la connaissance de sa future supérieure, Séverine dont l’assurance cassante masque un talent contrarié pour les claquettes. Sa rencontre avec Arcimboldo, baby-sitter occasionnel, chauffeur, gardien d’entrepôt et homme-sandwich dans les manifestations va t-elle l’aider à surmonter ses défis ? Entrepreneur de lui-même Arci vient squatter chez son nouvel ami et va donc être le père supposé des deux petits mais ses missions compliquent la chose il doit aussi récupérer des drones échoués, promener des vieillards. Tout cela crée une agitation frénétique, une situation à la Feydeau. Les portes claquent les quiproquos s’enchainent cependant dans les placards il n’y a pas d’amant mais des moutards. Et voilà trois quinquas, qui écoutent Jean Ferrat en cachette et se relaient pour emmener les enfants au manège. Ils vont trouver ensemble des stratégies pour contourner ce monde du travail ubérisé, vampirisé par la novlangue et les abréviations. Nous sommes dans un futur très proche, dans un monde qui ressemble au notre mis à part que le ciel est envahi de drones livreurs en écho aux voitures sans chauffeur. Ça fourmille d’idées visuelles, scénaristiques et de dialogues. Tout est ici dans les détails. Ce cinéma loufoque et passablement décalé est très réjouissant. En même temps on n’y compte plus le nombre de signaux et d’allusions à notre monde actuel, un monde de plus en plus formaté et pétri de codes divers et variés sous couvert de startups qui se veulent familiales et branchées mais extrêmement pernicieuses. Très à l’aise dans l’univers poétique et cocasse des frères Podalydès, Sandrine Kiberlain laisse libre cours à sa folie douce. Au final une fable sur les paradoxes de la parentalité dans une société qui chérit les enfants tout en pressurant leurs parents.
Jean Segonne