Réalisation : Ludovic Bergery
Durée : 1 h 40
Avec : Emmanuelle Béart, Vincent Dedienne, Tibo Vandenborre
Après la mort de son mari, Margaux essaie de réapprendre à vivre. Elle déménage à Versailles, s’inscrit à la fac, où les étudiants la renvoient brutalement à son âge, et cherche, sur des sites de rencontres, celui qui pourrait lui rendre le goût de la sexualité, qu’elle croit avoir perdu. Voilà le portrait troublant d’une femme mûre, qui a les candeurs, les maladresses, les errances et les désirs d’une adolescente encombrée de son corps changeant. Dès le départ on la sent enfermée dans la solitude mais aussi avec le désir de se réapproprier la vie ou, tout au moins, la ressentir, au sens littéral du terme en passant par la sensualité et bien évidemment par les sentiments et qui cherche les autres. Elle assume la confrontation, elle se livre à un duel avec le réel durant lequel beaucoup de portes lui sont fermées. Elle est amenée à prendre conscience que sa jeunesse est révolue. C’est d’autant plus difficile à accepter qu’elle se rend compte qu’elle n’a pas vécu certaines choses. Cela résonne avec la délivrance que la femme d’âge mûr attendait depuis un moment. Le regard des autres sur elle lui importe peu. Ce qui lui donne un côté spontané, presque enfantin. Elle s’est mariée très jeune avec un homme beaucoup plus âgé, qui aurait presque pu être un père. Il était commissaire d’exposition, on peut imaginer qu’il avait une emprise intellectuelle sur elle et lui avait construit une vie très protégée. Margaux est une sorte de Belle au bois dormant qui se réveille dans un monde où plus aucun tissu social ne pèse sur elle. Elle recommence comme vierge. Dans sa solitude, qui est aussi sa liberté, elle n’a de comptes à rendre à personne. Elle se retrouve libre de ses mouvements, de chercher, de s’égarer, avec tout ce que cela comporte de risques, d’expériences malheureuses, et aussi de bonheur ou de plaisir. Mais ses rencontres à la fac avec des jeunes qui ne connaissent aucune limite au plaisir et un enseignant dont le charme ne trompe personne, la laissent sur sa faim. Il y a tant à refaire, mais la plus importante de toutes reste la libération de la parole, qu’elle trouvera en présence d’Aurélien. Au final un film marqué par la présence d'une Emmanuelle Béart qui donne à voir avec talent ce portrait de femme émouvant qui tente de se reconnecter à elle-même.
Jean Segonne