La plus vieille dame d’Olonzac née en 1906 située sur la route d’Homps est plus que jamais active en cette fin de période de vendanges. Aujourd’hui c’est « nord » la colonne de fumée épaisse et blanchâtre s’allonge vers le canal et sur son passage dégage une odeur «caractéristique », que tous les Olonzagais connaissent.
Monsieur Maignan Hugues Directeur Général Adjoint du groupe UDM et Laurine Martin-Vo assistante de communication sont aujourd’hui présents sur le site d’Olonzac. L’Union des Distilleries de la Méditerranée (UDM) explique le Directeur est un groupe né en 2009 de l’union de plusieurs distilleries viticoles. Aujourd’hui, 6 sites de production dont fait partie Olonzac (UDM Vauvert, UDM Lespignan, UDM St André de Sangonis, UDM Vallon Pont d’Arc et la distillerie du Beaujolais) assurent la collecte et la transformation de 200 000 tonnes de marc par an, 150 000hl de lies et 100 000hl de vins.
« La seconde vie de nos raisins »
Olonzac est la doyenne du groupe. Un site clé dans notre région viticole car ce dernier collecte des sous produits depuis le centre Hérault jusqu’aux Corbières ce qui signifie entre 30 et 35 000 tonnes de marc traité chaque année dans l’usine et plus de 50 000hl de lies. Olonzac assure la production traditionnelle et technologique d’une distillerie à savoir les alcools destinés à la biocarburation et alcools de bouche, les pépins destinés à l’huilerie, le tartrate de calcium et les colorants naturels distribués dans le monde entier.
Pourquoi ce regroupement ?
Le viticulteur, depuis toujours, a l’obligation d’apporter le marc pour son recyclage et sa valorisation dans une distillerie de son choix. Le traitement classique consistait à réceptionner le marc de la production annuelle, de le transformer en alcool que l’État achetait.
Les distilleries doivent faire face à une diminution de résidus viticoles, leur matière première. En effet on constate depuis 2004 une baisse de production de vin, 25% en moins de surface agricole dans l’Aude par exemple, par ailleurs la concurrence est devenue mondiale sur de nombreuses productions de distilleries.
La production diminue et la concurrence augmente.
Le regroupement permet de faire face à des crises climatiques comme cette année. Effectivement dans le Minervois l’Aude et l’Hérault on évalue une baisse de récolte de 30% à 40% Mais ce n’est pas partout le cas heureusement aussi va-t-on mutualiser les ressources et maintenir le groupe actif, opérationnel afin de relever les défis chaque année. En effet, le groupe UDM véritable bio raffinerie, valorise ces résidus avec différents procédés industriels performants et se donne pour mission de « collecter et valoriser les produits et sous produits dans l’intérêt de nos adhérents, de nos collaborateurs tout en préservant les générations futures. »
Ce petit grain qui en fait beaucoup et toujours plus.
Des matières premières, comme le marc (partie dite solide constituée des pellicules, des rafles et des pépins), les lies (les résidus liquide de la vinification qui se déposent au fond des cuves), les produits tartriques (résidus solides provenant du pressurage des lies, contenant une forte valeur en tartre), sont autant de ressources qui se déclinent en produits dérivés comme les polyphénols, les tanins, les anthocyanes, autant de composantes que l’on retrouve plutôt communément dans nos produits alimentaires, nos produits cosmétiques ou encore nos amendements organiques. Un petit grain plein de ressources. « On découvre toujours de nouvelles molécules à extraire » constate le directeur, « aussi les sites deviennent nécessairement de plus en plus techniques ». En effet, chaque site est doté d’un laboratoire par lequel transite « ce petit grain » faisant l’objet d’une analyse rigoureuse et scientifique qui va déterminer la suite des opérations sur le terrain.
Le laboratoire « le cerveau » du site.
« La plus vieille dame d’Olonzac » a conservé sa bâtisse administrative de 1906. Le laboratoire au centre de la bâtisse surplombe stratégiquement la cour principale qui s’ouvre sur une superficie totale de 22 hectares. La distillerie tourne 24h/24h, 5 jours sur sept du lundi matin à 4h jusqu’au samedi matin 4h. Une équipe de 30 salariés, composée d’ouvrier(ère)s, de technicien(ne)s et d’administratif(ve)s œuvrent pour certains depuis plus de 30 ans sur le site. « Peu de Turn-over » se félicite le directeur, les postes peuvent être évolutifs, accompagnés d’une formation en interne.
L’activité annuelle bat son plein à partir de la mi-août, dès l’arrivée des « marc de rosé » mis en œuvre immédiatement pour produire des colorants tandis que les autres seront stockés avant leur transformation en alcool qui se fera à partir de la mi-novembre jusqu’à la mi-juin. Reste aujourd’hui la moitié de l’espace occupée par le marc issu du vin rouge. « Bien moins que d’habitude » relève un des responsables de la production. La matière, couleur lie de vin (on sait maintenant pourquoi !) a au toucher une texture légère et hétérogène qui dégage une odeur douceâtre, d’herbe et de terre. Cette matière encore à l’état brut passera par « le cœur de la vieille dame », une technologie performante et innovante qui va permettre de séparer, d’extraire, de transformer…Et de toute cette formidable production il restera encore un résidu, qui deviendra à son tour un composte à destination des sols des adhérents de la distillerie.
« Le recyclage en viticulture est un enjeu environnemental majeur »
« Notre groupe, confirme le directeur, est un outil de dépollution pour l’ensemble de la filière viticole par le traitement de ses résidus, qui seraient nocifs pour l’environnement s’il étaient rejetés dans le milieu naturel. » En effet les rejets aqueux des caves et de la distillerie appelés effluents liquides (source de pollution) sont récupérés et traités en interne dans une station d’épuration. Grâce à l’action des micro-organismes (ce processus étant sous la vigilance et la responsabilité du laboratoire pour un développement durable) l’eau sera à nouveau purifiée et réutilisée dans le circuit de la production. Le groupe UDM se veut et s’affirme comme étant un parfait modèle d’économie circulaire. On se souvient que « La plus vieille dame d’Olonzac » portait en son temps sa cheminée en brique, symbole du patrimoine industriel, démontée il y a 5 ans pour des raisons de sécurité, il n’en demeure pas moins chez elle, un esprit de jeunesse qui souffle bien fort aujourd’hui et qui lui vaut une traversée dans le temps en pleine forme !
Texte et photos Cécile Sourbès