Ça y est... Un peu moins d'un an avant l'élection présidentielle, et on nous rabâche déjà du second tour Macron-Le Pen. Comme si tout était écrit d'avance, décrypté dans les sondages, propagé dans les médias. C'est désolant. Quelle valeur ont ces sondages faits si tôt, avant que tous les candidats ne se soient faits connaître ? A fortiori par ces temps de crise du Covid, qui aplanit la vie politique, à l'Assemblée comme dans la rue ? Usons de notre imagination pour entrevoir d'autres scénarios possibles, des grains de sable qui pourraient faire dérailler la machine à prévoir des Ipsos et cie (et la feront probablement dérailler, ceux-là ou d'autres, je n'ai pas de boule de cristal).
- Le président Macron, pour obtenir les 40 milliards d'aide de crise de l'UE, a fait des promesses de réformes en contrepartie ; cela pourrait jouer en sa défaveur, voire ramener des cortèges dans les rues quand le virus ne les maintiendra plus à la maison... Des "gilets jaunes" saison deux ? Aïe.
- Marine Le Pen, qui a une belle côte dans les sondages, pourrait se voir reprocher sa quasi-absence politique suite à sa défaite de 2017 ; et elle n'est pas à l'abri de faux pas ou de présence médiatique en demi-teinte, comme au débat du dernier second tour. Et si elle continue à soutenir des tribunes de militaires putschistes, elle pourra dire adieu à la dédiabolisation de son parti si chèrement (presque) acquise...
- A droite, rien n'est joué, on ne sait pas qui sera soutenu par LR, mais Xavier Bertrand, avec son style "homme des régions", pourrait prendre des voix au RN et à Macron, qui cherche à droite les voix qu'il a perdues au centre-gauche.
- Au centre-gauche, on est dans le flou. Qui sait qui peut sortir d'éventuelles primaires socialistes ? Qui aurait parié sur Hollande en 2016 ? Une personnalité sortant du lot pourrait bénéficier d'un vote utile du "peuple de gauche".
- Mélenchon... semble avoir usé son capital sympathie, avec ses frasques diverses (il faut dire que les médias enfoncent le clou, le questionnant plus souvent sur le Venezuela que sur le programme de LFI). Et ce n'est pas en faisant le guignol sur TikTok ou Twitch que ça va s'arranger. Passons.
-Chez les Verts, on ne sait pas qui va se présenter, même si on sent bien que Jadot est dans les "starting blocks". Et les élections de septembre en Allemagne pourraient bien porter eine grüne chancelière au pouvoir, ce qui pourrait galvaniser les troupes écolo.
Les jeux sont donc ouverts, la bille n'est pas même jetée sur la roulette, et si on ne veut pas s'en remettre aux pronostiqueurs, il n'y à qu'une chose à faire, attendre que les partis sortent leurs programmes, les lire, et voter en toute conscience et conviction. D'ici là, ne nous laissons pas décourager par ces oiseaux de malheur qui nous promettent... (j'allais dire le choix entre la peste ou le choléra, mais pour ne pas prendre position, je ne terminerai pas ma phrase !).
Antoine Cauchy