Réalisation : Yamina Benguigui
Durée : 1 h 35
Avec : Isabelle Adjani, Rachida Brakni, Maïwen
Depuis trente ans, trois sœurs franco-algériennes, Zorah, Nohra et Djamila vivent dans l'espoir de retrouver leur frère, enlevé par leur père. Quand elles apprennent que ce dernier est mourant, elles décident de partir le retrouver dans l'espoir qu'il leur révèle où est leur frère. Commence alors pour Zorah et ses sœurs une course contre la montre dans une Algérie où se lève le vent de la révolution. On peut faire du théâtre comme Zorah, de la politique comme Djamila ou fuir constamment comme Norah, mais quand le passé les rattrape, les trois sœurs n’ont plus le choix. Elles arrivent dans un pays en pleine ébullition où elles s’engagent dans une course contre le temps et contre l’histoire. Ce film présente trois portraits au féminin, trois femmes très différentes Que ce soit la génération, le métier, le style vestimentaire, le maquillage, tout les différencie mais leur point commun est l’arabité au cœur de la société française. Face à l’écran, nous ressentons qu’elles vivent un malaise qui ne dit pas son nom. Après l’indépendance, le départ pour la France était indissociable du projet de retour en Algérie mais leurs parents ne se sont arrimés à aucune des deux rives. À leur insu, ils se sont installés dans un monde qui n’appartenait ni à la France ni à l’Algérie, un monde figé alors que les deux pays avançaient à pas de géants. Ce sujet des français d’origines d’Afrique du Nord a été beaucoup traité au cinéma, mais pratiquement uniquement du point de vue masculin. SOEURS le fait en profondeur d’un point de vue féminin multiple car nous avons affaire ici à un film sur les enlèvements d’enfants. La situation est kafkaïenne : Leïla la mère se retrouve déchue de ses droits et elle se heurte aux portes de deux lois qui ignorent le droit des mères. Quand Ahmed, le père, quand il a quitté la France avec ses enfants pour les vacances, il l’a fait en toute légalité par rapport à la loi française, et lorsqu’il les a cachés et retenus en Algérie, c’est en toute légalité par rapport à la loi algérienne. L’affect est là et spectatrices et spectateurs se trouvent face au sujet central du film qui interroge les deux pays: combien de temps ces femmes vont-elles continuer à subir des enlèvements d’enfants que des milliers de mères risquent de ne plus jamais revoir ?