Les orchidées sauvages du Minervois

SORTIR DES SENTIERS BATTUS
Le département de l'Aude travaille à faire classer les châteaux sentinelles (appelés à tort châteaux cathares) auprès de l'Unesco. Les dossiers sont longs (entre 10 et 12 ans d'étude) et complexes, mais évidemment présentent de véritables avantages. On parle de 20% de touristes en plus, mais c'est surtout une image, une lisibilité qui est offerte. Une ville comme Le Havre, par exemple, a vu sa fréquentation augmenter de manière très significative depuis le classement en 2005 pour son architecture Perret. Il y a aussi des obligations d'entretien des monuments, une sorte de cahier des charges à tenir. On ne peut pas construire de n'importe quelle manière autour d'un site classé, ce qui pose parfois problème, notamment autour du canal du Midi. Mais l'idée principal de ce classement est, au-delà de l'intérêt touristique, de faire perdurer dans le temps ces monuments afin de pouvoir les préserver et les "léguer" aux générations futures. Ici, la Cité de Carcassonne, le canal du Midi et le chemin de Saint-Jacques-de Compostelle sont les seuls monuments à ce jour à être classés. Dans un contexte économique où l'on cherche à développer le tourisme, le classement de ces châteaux pourraient être un atout. Mais au-delà des seuls sites classés par l'Unesco, le Minervois lui aussi regorge de richesses du patrimoine. Elles ne sont pas forcément classées mais présentent un véritable intérêt : murs en pierres sèches, capitelles, cabanes, villages médiévaux, marbrières, gorges, vignoble… Ce sont également des vestiges des constructions faites par les ancêtres, des témoins d'une autre époque dans le Minervois. Avec les beaux jours qui arrivent, les balades possibles sont nombreuses pour découvrir ces petits trésors. Ici, on peut emprunter n'importe quel chemin, on tombera toujours sur des traces du passé, ne serait-ce qu'avec les murs en pierre sèches ou les capitelles. La nature s'est réveillée de ses longues heures hivernales et invite à partir à la chasse aux trésors. Les associations de randonnées, nombreuses sur le territoire, donnent des rendez-vous hebdomadaires pour partir à la découverte du Minervois, que ce soit en plaine, sur le causse ou dans la montagne. Si il ne faut pas manquer de voir et visiter les sites classés, les autres méritent bien que l’on s’y intéresse aussi. Un sac à dos, des chaussures et c'est parti ?
Nicolas Faure
Les conflits créateurs
De fait, "la fusion des intercommunalités implique que tout projet d'aménagement du territoire concerne l'aménagement des territoires venant renforcer ou contrarier les objectifs des politiques publiques ou schémas territoriaux pré-établis. L'aménagement s'inscrit toujours dans un cadre décisionnel complexe nourri de conflits ou de copinages." Hum... Eric et Béatrice Plottu dans Géographie, économie et société (édition Lavoisier, 2009) définissent ainsi les logiques territoriales et l'aménagement durable. Les jeux d'acteurs et élus (pressions, manipulation, copinage, ennemis..) les guident dans leur décision et souvent loin des intérêts du territoire. Ces deux géographes analysent comment justement les jeux d'acteurs produisent des conflits au sein de projets d'aménagement et comment ces conflits révèlent les identités territoriales ou en produisent de nouvelles. On peut voir ces phénomènes en Minervois où justement les jeux des uns et des autres produisent plutôt à la disparition d'une identité. On assiste à la disparition quasi-totale d'un projet pour particulier pour le Minervois, pour sa viticulture, son économie, sa vie culturelle ou sa société tout en faisant disparaître l'idée d'aménagement concerté pour ses habitants. Ce territoire est certes relié viscéralement aux centres urbains et aux territoires voisins mais il a, par la proximité et le nombre de ses villages, par son histoire aussi sa propre force et sa propre identité. Aujourd'hui à force de fusions et d'éloignements de ses centres de décisions, le Minervois, territoire pour demain, a disparu en tant qu'entité des colonnes chiffrées des politiques locales. Et si ce bassin de vie s'est longtemps disputé pour savoir comment se gérer, il n'en reste pas moins qu'il est constitué d'une grande quantité de villages vivant ensemble tels des quartiers d'une ville et que leur logique commune aurait pu répondre à une demande actuelle telle que s'ouvrir à la transition, devenir autonome en agriculture ou en énergie. Mais loin de se peaufiner une politique adaptée aux besoins, on voit comment la seule volonté d'économie ou l'appât financier a dirigé les choix politiques. Force est de constater qu'après s'être bien déchirés, beaucoup d'élus se sont réveillés avec la gueule de bois et ont remisé leurs espoirs de servir mieux leur territoire en s'unissant avec leurs voisins. Pire, le constat a été rapide et les politiques servent déjà bien d'autres objectifs que d'unir des habitants autour de projets communs. Dans le Minervois héraultais, sans même décrypter les budgets surprises dont l'impact est encore peu visible dans le porte monnaie des administrés, chaque villageois peut déjà voir l'éloignement et la raréfaction de l'offre publique. En terme de culture la quantité des spectacles proposés sur le territoire est cette année en baisse sensible et le Point d'information jeunesse a perdu son animateur. Sur l'Aude, les villages glissent petit à petit sur une logique de cité dortoir ou touristique sans savoir quels projets les élus ont pour leur village. Ce n'est qu'un début ?
Catherine Jauffred