Lors des Journées du patrimoine, Emmanuel Macron a lâché devant caméra à un chômeur qui venait visiter l'Elysée "Je traverse la rue et je vous en trouve" (du travail, Ndlr). La petite phrase du président qui fait polémique et a déjà été largement moquée sur les réseaux sociaux n'a sûrement rien d'une bourde. Le président s'est jusque là toujours montré très au contrôle de sa communication et sait pertinemment comment ses propos seront relayés. Si cette phrase heurte bien des Français, elle peut aussi trouver écho chez bon nombre de citoyens qui estiment que le chômage est largement dû à la fainéantise. Alors que le chef de l'Etat chute dans les sondages, il lui faut retrouver grâce aux yeux de ses électeurs, notamment ceux de droite. Cela permet aussi de préparer le terrain, d'orienter les futurs débats autour des allocations chômage, du travail. Les hommes politiques du vingt-et-unième siècle sont passés maître dans l'art de maîtriser leur communication, soyons-en sûrs ! Quand il parle du "pognon de dingue" que coûtent les minima sociaux, ce n'est pas un hasard non plus. Lui qui rêve d'un modèle anglo-saxon, progressivement, il met dans la tête des Français que les pauvres coûtent trop chers à ceux qui travaillent (et qui restent majoritaires dans l'électorat). Ainsi, on met dos à dos les différentes classes sociales françaises, on divise et on règne. La fin justifie les moyens. On peut trouver cela cynique, irrespectueux, scandaleux, mais la stratégie de communication est bien en place. Pour pouvoir faire appliquer sa politique libérale, il lui faut d'abord déconstruire la pensée solidaire française et maîtriser la communication est essentiel pour orienter les futurs débats.
Nicolas Faure
L’ÉCONOMIE AU-DESSUS DE L’ÉCOLOGIE ?
Personne n'a pu manquer l'incroyable invasion de la pyrale du buis, un petit papillon blanc, qui sévit de façon visible depuis quelques jours maintenant. Ces papillons, qui dévorent les buis les uns après les autres, ont également envahi les terrasses, voire les maisons des Minervois, et ont suscité de vives réactions. C'est qu'il y a de quoi être déstabilisé devant ces nuées blanches, ça réveille une peur primaire. Avez-vous pris la route qui va de Ferrals-les-Montagnes à Saint-Pons-de-Thomières ? Sur des kilomètres, pas un seul buis ne semble avoir survécu et c'est un malaise étrange que l'on ressent à cette vue. Nicolas Hulot a lancé un cri d’alarme, il est urgent d’endiguer le dérèglement climatique. Ce que tout cela vient nous raconter, c'est que les changements sont brutaux, trop rapides. Les écosystèmes ne sont pas prêts, un dérèglement entraîne un autre dérèglement. Lors de sa démission, l'ancien ministre de l'Ecologie a été clair : la préservation de l'environnement n'est pas compatible avec les politiques libérales. Le soucis, c'est que le pouvoir d'achat, et donc le travail par extension, est devenu un enjeu majeur. Seul l'argent compte. Et moins vous en avez, plus c'est important. Face à l'urgence du dérèglement climatique pour les humains, que proposons-nous ? Car aujourd'hui, nous sommes tous spectateurs de notre chute, en silence. Jusqu'ici tout va bien ? Dans le film La haine, Hubert répondait "L'important n'est pas la chute, c'est l'atterrissage". Un constat plein de bon sens.
Nicolas Faure
Prendre son envol
ACCORDER LIBERTÉ INDIVIDUELLE AVEC SOLIDARITÉ
Cette semaine, c'est la rentrée politique du gouvernement. Passée l'affaire Benalla, c'est une toute autre épreuve qui attend le gouvernement : la réforme des retraites qui devrait être présentée début 2019. Emmanuel Macron avait promis d'instaurer un système unique par point tout en excluant de toucher à l'âge légal. Le calendrier risque d'être long puisque le gouvernement veut “ tout changer” et travailler sur le “ système du futur”. Si jusqu'ici les partenaires sociaux ont été peu critiques, certains commencent à s'agacer de ne pas avoir de matière concrète pour débattre de la réforme. Combien gagnera un retraité avec la nouvelle réforme à salaire égal ? Comment prendre en compte les aléas de la vie pour qu'une personne ne soit pas doublement pénalisée ? En clair, ils s'inquiètent de voir se mettre en place une réforme qui ne prendra plus en compte le principe de la solidarité et de voir l'individualisme prendre une place toujours plus conséquente. D'autres personnalités politiques craignent également que les gens perdent le sens de l’intérêt collectif et du bien commun. Un débat qui est loin d'être nouveau. La question qui est posée à notre société c'est comment accorder notre besoin toujours plus grand de liberté et celui de rester solidaire ? C'est un débat philosophique plus que politique. Chacun doit y penser et, pourquoi pas, donner son avis sur la consultation proposée : https://participez.reformeretraite.gouv.fr
Nicolas Faure
INDUSTRIALISATION OU TOURISME ?
Chaque territoire se pose la question de son développement économique et fait des choix. Les différentes activités économiques ne sont pas toujours compatibles les unes avec les autres. Ici, côté Corbières ou Minervois, le parti pris a été celui d'un tourisme basé essentiellement autour de la production viticole. Le projet de création d'une centrale d'enrobage à chaud (du bitume) entre Lézignan-Corbières et Ferrals-les-Corbières attise de vives réactions. Beaucoup de communes pensent que l'implantation d'une telle usine est contraire au projet de développement touristique et mettent en avant les nuisances qui iront avec. D'un autre côté, on peut imaginer l'emploi que cela peut créer sur le secteur, ce qui n'est pas anodin, tant l'offre d'emplois est pauvre. In fine, il y a là un vrai choix politique à faire et être cohérent. Une chose est sure, l'activité industrielle ne fait pas bon ménage avec la promotion des paysages. Mais le noeud c'est que personne n'a envie de vivre à côté de ce genre d'usine. Idem pour les éoliennes, les centrales nucléaires, ... Pourtant, a fortiori, nous voulons tous de belles routes. Alors, on les met où ces usines ? Comment organisons nous le territoire ? Quel type de société économique souhaitons nous ?
Nicolas Faure